Ce fut la nuit qu'elle vogua
éveillée dans la complainte du sel
et les rets mélodieux de l'écume aplanie
Sous le grondement rauque
la matrice agitait son sommeil d'écrin
et la boucle des voix promenait ses doigts pâles
sur les flancs de l'amoureuse
Elle entra
dans la rudesse dérangée de la grande dormeuse
fendant en victoires capricieuses
les champs liquides
La mère bouge dans son sommeil
et la prend dans ses bras
oh, enfin
Elle trace un sillon silencieux
dans les deux obscurités fusionnées
les étoiles déploient leur mélodie linéaire
givrant sa peau de frôlements dorés
Et l'envers s'offre à elle
comme elle s'ouvre à l'abandon
glissant au giron ralenti des éternités
plus haut, plus haut encore
jusqu'au grand brasier des élues
poncée de certitudes et de nécessités
mariée indocile qu'on tourne et retourne
dans sa robe de chair
dépouillée jusqu'à l'essentiel
quelques lignes sur la grève des vies
Un matin
l'ange échoué...