Orage

Orage

Le ciel est sombre, aucune étoile,
Rien ne transperce ce ciel d'ébène,
Soudain, une lueur sourde, puis un roulement aveugle.
Le tonnerre gronde au dessus de nos têtes.
Le ciel se gorge depuis des jours,
Et enfin, ce soir, il se déverse sur nous.
Un déluge s'abat, prend par surprise l'imprudent,
Celui qui n'a pas su lire les signes.
L'asphalte s'assombrit, certains coeurs également,
D'autres au contraire se rejouissent de cette pluie.
Il chante, il chante encore, les gouttes sont ses notes,
Le bitume sa partition, nos coeurs son auditoire.
Un spectacle qui se répéte, la lumière, le son,
L'odeur de la pluie qui lave la terre,
Et ouvre notre esprit.

Très bon ça ! On dirait un haïku développé : le côté pragmatique et irrémédiable de la pluie qui tombe est développé, nous ancre dans la réalité, on l'entend, on la voit, on la sent, on est mouillé rien qu'en lisant, et soudain ce dernier vers en guise de chute, qui ouvre tout, par l'esprit, qui donne une dimension éthérée et approfondie de l'ensemble.

À la 3e ligne, j'aurais inversé "sourde" et "aveugle", plutôt.
Et le "il" de "il chante, il chante encore" est un peu incertain : s'agit-il de celui qui n'a pas su lire entre les lignes, ou de l'asphalte ? ou encore le ciel, l'orage, ou le déluge ?
Enfin, j'aurais aéré ton texte en trois strophes : des lignes 1 à 4, puis de 5 à 10, et le reste.

Je trouve une certaine naïveté narrative au début de ton texte, une vraie description détaillée de l'orage. Tel quel, j'y aurais trouvé un aspect peut être un peu trop réaliste, même si c'est agréablement fait. Mais la fin nous amène, comme le dit Filo, dans une dimension très supérieure, et j'en suis charmée.

J'aime bien ce texte et je crois que tu aurais plus le sublimer si tu n'avais pas chercher certaines phrases évidentes comme "Le bitume sa partition, nos coeurs son auditoire."Je pense que si tu laissais aller ta plume sur le papier sans vouloir la contrôler, ton texte pourrait encore plus toucher et gagner en force. Et le fond me touche, particulièrement ta dernière phrase "L'odeur de la pluie qui lave la terre, Et ouvre notre esprit."