Fin de journée

Fin de journée.
Les couloirs du métro ne doivent pas être assez larges pour que la chair humaine puisse s’y croiser sans heurts, la prochaine fois il faudra sûrement que je m’encastre dans le béton pour laisser passer les travailleurs pressés de rentrer chez eux.

Fin de journée.
Période de grèves, les fonctionnaires qui ont eu leur mois d’août de vacances sont déjà fatigués d’une fonction qui leur pèse, on a laissé passer le bronzage, maintenant il s’agit de revenir au front. Il est déjà loin, le mois d’août et ses caprices étalés mollement sous des parasols étroits. Il est déjà loin, c’est déjà l’automne, et ça fait même un moment que la météo s’y est mise, l’été indien c’est bon pour les chansons à voix grave, les saisons c’est bon pour les cons.

Fin d’année.
Je vous jure que le prochain qui essaye de me refourguer un calendrier où les saisons ne sont pas à jour se le mange dans la gueule pour pas un rond. Eboueur, pompier ou facteur, de toute façon je m’en tape si je déménage, ils ne nous suivent pas encore à la lettre aux poubelles des casernes. Pour ça, il n’y a que l’informatique, et je n’y dirai rien.

Fin de journée.
Moi aussi je rentre du boulot fatigué par les couloirs trop étroits du métro. Moi aussi j’ai froid et j’en ai marre de ce temps pourri ma bonne dame. Moi aussi je veux aller plus vite retrouver mon cocon captieux où la lumière n’est plus dès 19 heures, comme en plein hiver des calendriers à l’ancienne.
La prochaine fois je les encastre dans le béton, un beau couloir rien que pour moi plein de publicités à têtes humaines, sans me salir les semelles, comme un petit miracle souterrain, la liberté des autres s’arrête où commence la mienne.

Fin de journée.
On rentre chez soi, on allume la lumière, on se pose un instant.
On pour tout le monde, on pour personne.
On utilise les pronoms comme on tire la chasse, sans vraiment chercher un sens, sans savoir pourquoi, sans oser parler de je, sans pouvoir parler de tu, à force de trop parler de vous. Nous ne sommes que ils, sans mer autour, juste un peu d’aigreur promenée dans des couloirs désorganisés, juste un peu d’aigreur qui glisse sur les mots pour se donner un genre.
On se donne un genre.
Et dans les chiottes silencieux d’une arrière-cour humide au revers des existences parfois si fades, on passe son temps à apprendre par cœur les étiquettes des produits ménagers, dans toutes les langues, sans rien retenir pourtant de ces messages publicitaires qui nous manipulent avec savoir faire.
On se manipule, et l’on n’existe plus.

Fin de journée.
Pourtant la vie continue.
Profitez-en pour aller voir Jaoui et Bacri vous parler de la pluie comme ils savent si bien le faire, passant du rire aux larmes l’espace de quelques images bien travaillées, de vrais numéros de vrais acteurs sur grand écran pour passer un bon moment, du rire aux larmes, juste ce qu’il faut d’émotion pour oublier que ce n’est qu’une fin de journée parmi d’autres, avec un fou rire dedans peut-être au moment des baptêmes, avec la certitude que les fins de journées se répètent mais ne se ressemblent pas.
Extrait du blog que je viens d'ouvrir :
http://lepiphyte.centerblog.net/

j'aime beaucoup ce regard blasé et caustique sur les petites choses qui paraissent insignifiantes du fait de leur répétition incessante. le métro, le boulot, le dodo et les plaintes constantes.
C'est bête ce que je vais dire mais il faut connaître ma situation. Mais ces petits stress, j'aimerais bien les vivre de nouveau un jour enfin pas pour un temps trés limité, cela évite les grandes angoisses.

J'aime bien "un calendrier où les saisons ne sont pas à jour"

j'ai aussi créé un blog à partir de centerblog, j'irai me promener sur ton espace prochainement.

Je te lis, épi, depuis un bout de temps déjà. Et, fidèle lectrice, ne me lasse pas de ton regard désabusé, aigu, parfois si juste mais parfois aussi de mauvaise foi devant tant de bêtise, et de lâcheté. Les petits compromis humains.
Je passerai dès que possible sur ton blog, en tous cas je suis enchantée de cette nouvelle, je vais pouvoir te relire à tête reposée ! Le jour où elle sera vraiment reposée, ma pôv'tête.
C'est que j'ai eu un mois d'août pourri, ma bonne dame.