27/02/08
ER LANNIC
Le Golfe du Morbihan (Petite Mer en breton) c’est 100km2. Un mélange d’eau, de terre et de marais où la terre et la mer se mêlent indistinctement.
Haut lieu du mégalithisme (et de l’ostréiculture, les huîtres du Golfe sont une merveille), Cette Petite Mer compte non autant d’îles que de jours de l’année comme on dit, mais 57 îles et îlots. Dont seuls deux: Arz et l’Ile aux Moines sont habités en permanence.
La légende ( en Bretagne on rencontre toujours une légende) veut que cette abondance d’îles soit due aux fées.
Les fées habitaient parmi les hommes auxquels elles rendaient de multiples services, mais à cause de la méchanceté croissante de ceux ci, elles ont du s’exiler dans “L’Autre monde” avec le “Petit Peuple”.Elles avaient tant de chagrin de partir qu’elles ont pleuré pendant des jours et des jours, tant que leurs larmes ont rempli le Golfe.
En partant, elles ont jeté leurs couronnes de fleurs dans cette nouvelles mer et celles ci se sont fixées pour donner naissance aux îles.
La plus grande couronne, celle de la Reine des Fées, a dérivé hors du Golfe, c’est Belle Ile.
Difficile aujourd’hui d’imaginer le Golfe sans eau. Pourtant c’était le cas il y a quelques 7000 ans. Le golfe était une imense cuvette parsemée de collines et parcouru par des mamouths, des bouquetins (dont on trouve des représentations gravées) et des chasseurs cueilleurs pêcheurs qui se sont sédentarisés peu à peu.
On ne sait pratiquement rien de ces peuples qui nous ont laissé les fameux mégalithes.
Non, les Celtes n’y sont pour rien, ils sont arrivés aprés.
Les îles sont les sommets des collines qui sont restés emergés.
Parmi elles, deux sont remarquables par leurs monuments mégalithiques: Gavrinis avec un cairn gravé à l’intérieur et dont la dalle de couverture est une partie de celle d’un autre cairn: la Table des Marchands à Locmariaquer (une vintaine de kilomètres). Ce qui prouve que le remploi en architecture est loin d’être nouveau.
Face à Gavrinis et faisant jadis partie du même ensemble sacré, est un îlot “Er Lannic” (Petite Lande) sur lequel a été érigé un double cromlech, ce qui est trés rare.
Aujourd’hui une partie du second cercle est immergée en permanence, l’autre emmerge à marée basse. Ce qui donne l’occasion de voir des menhirs couverts de varech et d’huîtres.
Er Lannic est une réserve ornithologique interdite au public.
Mais comme je fais partie d’une association “Bretagne Vivante”, j’ai eu l’immense privilège d’y aller. Pas pour faire du tourisme, mais pour un “Chantier Nature”.
Il faut couper les sureaux, ajoncs et genêts qui poussent en abondance pour dégager l’espace afin que les sternes puisssent y revenir nicher.
C’est ce nous avons fait samedi dernier.
Un temps superbe, une ambiance trés sympa, pas de “Chef de chantier” pour aboyer des ordres, chacun faisait simplement sa part à son rythme et dans la mesure de ses capacités. les uns tronçonnaient , débroussaillaient, coupaient, les autres (dont moi, il vaut mieux que je ne touche pas un machin qui coupe, lol) traînaient les troncs et branches coupées jusqu’à un grand feu sur l’estran.
Crevant, mais génial...
Peu à peu la brume s’est levée, révélant toutes les îles alentours.
Et surtout, il y avait le cromlech. sans être à l’intérieur, on sentait sa présence.
Il est LA, magique, magnétique...
Tous les cairns étaient précédé d’une enceinte ou d’une allée de menhirs. Si Gavrinis et Er Lannic sont aujourd’hui séparés par la mer, c’était un ensemble sacré, et le sacré est resté on le sent...
En prime il y avait un druide/barde, un vrai. oui, il existe encore des druides chez nous... et bien sûr, j’ai parlé avec lui. En outre c’est un pote de Gilles Servat (un chanteur breton) qui est druide également.
Le rêve, une journée dans l'Autre Monde. Le plaisir à l’état pur tout en se rendant utile...
Magie de la mer et du cromlech...
Dolmen: pierre couchée; sépulture qui peut être individuelle ou collective, on parle alors d'Allée Couverte.
Menhir: pierre levée, érigée en alignements ,les plus célèbres sont ceux de Carnac. Ou en cercle (cromlech), le plus célèbre est Stonehenge en Angleterre.
Cairn: Les dolmens étaient recouverts soit de terre; on parle alors de Tertres, soit de pierres, on parle alors de Cairns.
Peu ont conservé leur couverture, la terre ayant disparu par érosion, les pierres bien souvent parce que ces monuments ont servi de carrière pour les habitants. Certaines maisons ont des menhirs comme encadrement de porte.
Ils ne sont pas tous immenses, le plus long connu à Locmariaqer (20m) est tombé et brisé en 4 morceaux dont un a été récupéré et se trouve à Gavrinis.
Dolmen et menhirs formaient des enceintes sacrées. Lieux de sépulture mais aussi de culte. un culte qu'on suppose rendu aux défunts mais aussi aux forces de la nature.
Quoiqu'il en soit, ces lieux "parlent" encore.
Il existe une foultitude d'ouvrages plus ou moins sérieux sur les mégalithes. Ne croyez pas ceux qui vous annoncent qu'ils en ont "percé le secret" les pierres le gardent bien.
Mais si on sait les entendre, on peut vibrer avec elles.
Le dernier numéro des Cahiers de Science et Vie traite des mégalithes, avec en Une une triple question: qui, comment, pourquoi?
Si on ne peut guére répondre aux: qui? pourquoi? le "comment" est à peu prés connu, et la revue fait un tour du monde assez complet, car le mégalithisme fut un phénoméne mondial, (on en trouve jusqu'en Corée) et j'ai appris (bien que je n'ai pas encore tout lu) qu'abandonné depuis peu à Bornéo, il se pratique toujours à Madagascar.