Solstice d'ébène

SOLSTICE D'EBENE

Souvenirs éclectiques du bonheur
A l'heure des faux-semblants humides
Et des obsédantes rougeurs hyaloïdes
Qui achoppent, s'échappent et affleurent...

Rouges-gorges volontiers violents
Aux arômes enfin mauves et troubles
Et aux allures soigneusement innocentes
Crispant les éoliennes de leurs visions solubles

A deux doigts du pistil, l'émotion s'invective,
Poursuivant crépuscule au solstice d'ébène...
Douloureuse dans sa chute, passionnée réactive
Du bel éclat de l'ambre des sirènes

Les chimères allanguies comblent l'atmosphère,
Absorbent le paradis, bienheureuses éphémères,
Découlant d'éclosions sensibles à l'évection,
D'interminables nuits fuyant l'introspection

Je m'installe spontanée dans le rêve perpétuel,
Prétextant mon malheur pour parfaire mes cirrus ;
Puis m'accroche aux éclipses sentinelles
Simulant un désir proche du cumulus

Le noir devient alors blanc
Et du sourire aux larmes,
Je largue dès à présent
Aux orties tout mon charme

Solstice niera printemps,
Hiver explosera,
Et l'été osera
Se parer de l'automne !

Il faut bien s'effeuiller,
S'ambrer de quelque ébène,
Noircir l'humeur d'un cil
Et s'ébattre assexuée...

Cette vie ne m'aimait pas.
La suivante dormira
Ou je l'enfermerai,
Ou bien elle me tuera.

Puis à l'aube naissante
Je me réveillerai,
Assise et innocente
De l'inconscient minerai

Qui borde mon instinct,
Absorbe les remous
Et lisse l'amertume
En soufflant mon chagrin...

Je ne pleurerai pas,
L'oubli me suffira.

Cathecrit, 13 et 15 octobre 2008

Prêcheur Nombre de messages : 937 Date d'inscription : 28/09/2007

Je préfère nettement la deuxième partie à la première un peu adjectivée à mon goût "obsédantes rougeurs hyaloïdes" (d'ailleurs, je ne connais pas ce mot, hyaloïde ?), mais il y a des images oniriques et trés belles voir surprenantes :

"Rouges-gorges volontiers violents"

je mettais aussi beaucoup d'adjectifs, car je les affectionne particulièrement, maintenant je modère même si parfois je suis tentée d'en mettre par ci par là. Embarassed

La deuxième partie trés sobre, profonde et bien belle. Tout en simplicité comme un cri longtemps retenu.

Bonsoir Vestale,
Oui, tu as bien vu, j'ai démarré par le titre et je me suis amusée à chercher dans le dico quelques termes dont j'aimais la consonnance, comme hyaloïde (qui a la transparence du verre).
Ensuite, la 2ème partie est venue un peu plus tard, dans un deuxième temps. Cela dit, les deux parties ont été écrites assez naturellement, je veux dire sans rature puisque je les ai écrites au stylo. Voilà.
Et puis c'est vraiment mon impression, ce cri longuement retenu.
Et tu es pour l'instant, la seule à avoir donné ton avis sur ce texte qui me tient à coeur...
Merci beaucoup Vestale, à te lire bientôt, promis.

Prophète Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007

J'étais en vacances, sinon je n'aurais certes pas laissé passer ce texte...
On le rapprocherait d'une "écriture automatique", procédé qui m'a toujours séduite.
On sent nettement les deux parties différentes, mais cela ne me gêne pas, c'est une progression presque logique dans ta logique de dépouillement.
J'avoue que j'aime bien le début, un peu "alambiqué" et échevelé, presque romantique malgré son côté surréaliste. J'adore particulièrement tes arômes mauves...
Bon, je suis séduite par la première partie, même si elle déborde d'adjectifs. Mais ça ne m'a pas gênée, c'est dans l'idée du texte (là, Vestale va me détester, moi qui la tanne toujours avec mes "trop d'adjectifs !").
Quant à la deuxième partie, je la sens moins spontanée.
Je n'aime pas trop cette tournure "Solstice rongera printemps,
Hiver explosera", trop expéditive à mon goût.
J'aime beaucoup le jeu sur les sonorités dans la strophe "Il faut bien s'effeuiller...", même si la dernière ligne "Et s'ébattre assexuée..." me semble un peu boiteuse au niveau du rythme.
Sinon, "Assise et innocente" (sans -s final).
Personnellement, je trouve ce texte très mystérieux et plein d'une sincérité poignante. Limpide et obscur à la fois. Très séduite par l'ensemble, même si quelques retouches le rendrait à mon sens plus harmonieux.

Merci, Chère Constance, pour ce bel avis.
Je suis toujours très touchée lorsque je lis tes messages. Touchée par la justesse de tes mots, de tes opinions, touchée que cela soit si près des miennes...
Je verrai si je fais des retouches, mais je le fais rarement, comme si, une fois que la poésie vivait, je ne pouvais plus y faire de retouches... Mais ça, c'est un délire qui ne traine que dans ma tête. Ou alors c'est par fainéantise...

Maître Nombre de messages : 1711 Age : 76 Date d'inscription : 09/07/2007

Mention spéciale pour:
"Crispant les éoliennes de leurs visions solubles".
Sinon, Vestale et Constance ont dit ce que j'aurais dit...
Moi, non, plus, j'étais pas là...
C'est un "lâcher de mots" comme des ballons, à savourer en liberté sur les cirrus.

Ah oui !!!!!!! J'applaudis au lâcher de mots commem un lâcher de ballons !!!!!!!! oui oui oui ! Formidable image.
Merci Morgane, j'ai vécu, te lisant, d'mmenses et grandioses lâchers de mots-ballons.....

Maître Nombre de messages : 1290 Date d'inscription : 11/07/2007

Oui, un lâcher de ballons: j'en ai crevé un de suite: celui des rouge-gorges violents...que je ne peux pas imaginer. Pour le reste, la richesse est là, mais je n'ai pas bien perçu le fil: ton poème est comme un beau poisson sous l'eau dont on ne perçoit que de temps en temps quelques morceaux de sa belle apparence en surface.

Ah je savais que mes rouge-gorges ne plairaient sûrement pas mais les mots sont venus comme ça ce jour-là et je les ai laissé depuis. En le relisant, je ne me vois pas remplacer par autre chose mais c'est vrai, je pense aussi que c'est tout de même incongru !
Je m'étonne moi-même parfois ! ! Shocked

Prophète Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007

Il me semble avoir lu dans Pergaud (un des auteurs que j'adorais quand j'étais gamine) quelque chose d'assez violent concernant les rouge-gorges. Ils ne sont pas si innocents que cela, visiblement. Je ne me rappelle plus, c'est ma mère qui a gardé le beau livre "de goupil a margot" que je lisais avec tant de plaisir. Quant à la vie sexuelle des taupes, vous n'imaginez même pas...

Ouarf !!!
Constance-la-tyrannique est copine avec une taupe, les rouges-gorges n'ont plus de secret pour elle.... Sacré poète Constance !!! (et si j'étais un rouge-gorge moi ?)
De ce temps-là...

Maître Nombre de messages : 1339 Age : 59 Date d'inscription : 11/12/2008

Je trouve les mots de Geho très proches de ce que je ressens en lisant ton texte. Comme quand j'allais me baigner en rivière et que j'essayais de suivre les truites du regard : parfois je les perdais de vue, puis je les retrouvais, et ainsi de suite.

J'aime beaucoup ce passage, même si le rythme y est étrange :
"Je m'installe spontanée dans le rêve perpétuel,
Prétextant mon malheur pour parfaire mes cirrus ;
Puis m'accroche aux éclipses sentinelles
Simulant un désir proche du cumulus"

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