Le solstice d’hiver est le moment où le soleil sort de “la ténèbre de la matrice hivernale”. Le mot solstice vient du latin: Sol (soleil) et de “sistere”: rendre immobile. On a en effet l’impression pendant quelque jours que le soleil ne bouge pas.
S’il correspond au jour le plus court de l’année, le Solstice d’Hiver marque ausi le retour de la lumière avec l’allongement progressif de l’’éclairement.
La nuit est la plus longue quand le souffle même de la terre semble vaciller face à l’obscurité dominante. Mais le soleil reprend son voyage vers le Sud. C’est le retour de la lumière, le début d’un nouveau cycle de la nature dont la célébration est attestée depuis au moins le Néolithique.
Les fêtes dites “calendaires” sont le propre des civilisations agraires qui vivaient au rytme des saisons et de la nature.
La vie spirituelle n’échappe pas au cycle naturel, chaque homme vit de la naissance à la mort, un cycle de par les âges de sa vie.
Les rituels pour acueillir le retour du soleil, remontent à l’aube de la civilisation, quand les communautés se rassemblaient pour célèbrer la vie, avec festins, musiques, danses et spectacles, et par dessus tout, les grands feux, symboles de la lumière.
De nos jours, Noël, qui a pris la place de ces célébrations, est un jour unique; mais les cultures anciennes suspendaient les activités ordinaires et célèbraient pendant au moins 12 jours.
La romanisation et surtout la christianisation ayant recouvert les anciennes pratiques, on sait peu de choses sur la façon dont les Celtes fêtaient le Solstice d’Hiver. On sait avec quel acharnement l’Eglise chrétienne s’est attachée à effacer toute trace du paganisme, le plus souvent en récupérant les rituels qu’elle ne pouvait éradiquer. Ce qui a donné lieu à des mélanges parfois surprenants.
Dans la Rome ancienne (les romains ayant adopté des pratiques antérieures) le solstice d’Hiver était accueilli par des fêtes joyeuses et informelles: les Saturnales, qui sont considérées comme l’ancêtre du Carnaval.
Au II ème siécle on fêtait la naisance du “Sol Invictus”, représenté par Mithra, dieu solaire indo européen, surtout adoré en Thrace et en Prygie.
Mais au IVème siécle, l’Eglise, n’ayant aucune indication sur la date précise de la naissance de Jésus, décide de la placer le 25 Décembre. un choix qui n’a rien d’anodin compte tenu de l’importance de ces fêtes dans toute la partie du monde controlée par Rome. Les gens ayant déjà coutume de célèbrer une naissance ne seraient pas trop perturbés. Si peu perturbés, que les Pères de l’Eglise (des rabats joie s’ils en fut) durent rappeler constament aux croyants qu’ils célèbraient la naissance du Sauveur et non celle du soleil ou d’un héros.
Car il ne suffit pas de changer un nom pour modifier d’un coup les mentalités. Un grand nombre de coutumes ont continué à être observées parce qu’elles avaient le même but: bannir l’obscurité.
Au VIIème siècle, la fête païenne fut déclarée: saison sacrée et devint les “12 jours de Noël” dont les sommets sont le 25 décembre, le 1er janvier (qui était donc une fête religieuse) et le 6 janvier, l’Epiphanie, jour des Rois, date à laquelle les églises orientales plaçaient la naissance de Jésus. Tout travail sauf celui des métiers de bouche (il fallait bien alimenter la fête) est interdit.
12 jours de festin, d’amusements, de concours sportifs et de danses, comme à l’époque païenne. Un joyeux désordre sur le seuil magique faisant passer de l’ancienne à la nouvelle année. A rappeler que jusqu’à Jules césar, l’année romaine commençait le 1er Avril.
On y retrouvait les pratiques (divertissements, jeux ...) appartenant à la Samain celte (Hallowen), date originelle du Nouvel An celtique. La coutume de se déguiser et de jouer des scénes dont le théme central est la mort et la résurection d’un des personnage glissera au Carnaval.
Chez les celtes, le Dagda dieu bon et père tribal, possédait un chaudron inépuisable , qui pouvait resuciter les morts qu’on y plongeait. ces deux éléments: nourriture et résurection sont indisociables du Solstice d’Hiver. L’abondance de nourriture est toujours liée aux fêtes, et au Solstice d’hiver on dispose encore des récoltes d’Eté et d’Automne. traditionnelement dés cette époque on tue le cochon.
Mais l’Eglise toujours plus rigoureuse lutte contre ces pratiques jugées trop païennes, et souhaite ramener la fête à davantage de recueillement. Les réjouissances effrénées choquaient. Au XVIème siécle, les puritains de l’Eglise présbytérienne; (qui vient d’être fondée) dénoncent par contre une “abominable pratique papiste” et poursuivent les citoyens qui jouent, chantent et dansent le jour de Noël.
D’où de nos jours, la séparation entre Noël, réduit à une journée et le Nouvel An laïque et plus festif.
Ce qui reste des pratiques celtes et des saturnales, est la gentillesse régnant à l’égard de tous. a Rome, les maîtres ofraient des repas aux esclaves; des cadeaux: porte bonheur, miel, gâteaux... on décorait les maisons avec du lierre, des branches de houx, du gui, et seuls les cuisiniers et les banquiers(?) avaient le droit de travailler ces jours là.
Il ne fut donc guère malaisé de concilier rites païens et chrétiens.Le rite païen fournit le substrat sur lequel se plaque la fête chrétienne. On crée un lien entre le houx aux feuilles piquantes et aux baies rouges et la couronne d’épine du Christ (qui est une euphorbe: euphorbia mylli). On utilisait ces plantes parce qu’elles restent vertes, symboles de la pérénité de la nature et du renouveau de la séve. L’épicéa chez les celtes (ancêtre de notre sapin qui est encore bien souvent un épicéa), était décoré de pommes et d’épis de blé.Le gui sacré était celui du chêne parce que beaucoup plus rare.
Au VIème siécle, le pape Grégoire envoie Augustin évangéliser les îles britanniques. Il donna ordre aux moines d’intégrer les cérémonies chrétiennes dans la fête païenne afin que la mutation n’effraie pas trop. Pratique courante lors de la christianisation; les sources, et les bois, sacrés chez les celtes, sont consacrés à des saints (plus ou moins officiels du point de vue canonique).
Chez les anglo saxons et les scandinaves, on donnait à cette période le nom de Yule. Le 25 décembre, se tenait la “nuit des Mères” (tous les dieux en ont une) et la “Grande Mère” symbole de fécondité et de la terre, est la plus ancienne divinité connue. Il fut là aussi aisé de mettre en avant la maternité de Marie “Mère de Dieu”. Les dieux descendaient sur terre, toutes les créatures les fêtaient avec gratitude, toute eau était sacrée ou changée en vin, (tiens, ça vous dit rien, l’eau changée en vin au cours d’une fête?). On puisait au milieu de la nuit l’eau nommée “Wy” afin de la conserver pour un arrosage consacré et pour en asperger les habitations, (là aussi un parallèle avec l’eau bénite s’impose). On sortait le fourrage afin de le bénir. On cherchait ainsi à s’allier les dieux, par des dons, apaiser leur colère, (les dieux païens sont succeptibles) par des feux brûlants en leur honneur.
Si le christianisme bannit l’usage du feu, dont il se méfie; (trop païen?), la “Bûche de Noël” demeure. On pouvait aller la chercher librement dans la forêt sans être accusé de vol. On la choissait assez grosse pour qu’elle brûle de l’aube à la nuit. Souvent on en conservait un morceau pour protéger la maison toute l’année (ici on dit encore que;comme les tisons de la Saint Jean; elle préserve des incendies et la foudre), et allumer celle de l’année suivante.
La persistance de ces pratiques païennes et la fusion avec la célébration chrétienne, ont provoqué l’inquiétude de l’Eglise qui voulut interdire le sapin, qui arrive d’Europe de L’Est. C’est Marie Leksinska, polonaise, épouse de Louis XV, qui l’imposera en en introduisant la coutume à la cour.
Noël tel que nous le connaissons s’est donc imposé lentement dans les moeurs en concervant beaucoup de son origine païenne du Solstice d’Hiver. C’est le Concile d’Agde (506) qui rend la fête obligatoire et l’empereur Justinien qui en fait un jour férié en 579. La messe de minuit commence à être célèbrée dés le Vème siécle.
Minuit c’est l’heure par excellence du “passage” d’un jour à l’autre, celle où tout est possible. On décide donc pour exorciser cette heure un peu trouble, que Jésus est né à minuit. (Cf le “Minuit Chrétien, qui est superbe chanté par une basse, indépandament de toute connotation religieuse).
En Bretagne, tous les 100 ans, la nuit de Noël, les menhirs vont boire au ruisseau le plus proche. Les trésors qu’ils gardent sont donc mis à jour. Mais malheur à l’imprudent qui n’a pas quitté la place au retour du menhir, il se fait écrabouiller...
C’est aussi l’heure où les animaux, que la tradition païenne incluaient dans la fête parlent.
Enfin il existe plusieurs hypothése sur l’origine du mot “Noël” (qui était un cri de joie au Moyen Age). le mot n’apparaît pas dans les Evangiles et n’est attesté en français qu’en 1175.
1) Origine latine: Dies natalis”, jour de naissance, qui aurait évolué phonétiquement en Nael, apparu pour la 1ère fois en 1120, et, l’évolution continuant, devient Noël en 1175.
2) Noël viendrait de l’asemblage de deux mots gaulois utilisés pour désigner la renaissance du soleil au Solstice d’Hiver: Noio (nouveau) et hel (soleil) en breton: Hed.
Tout ça n’est pas évident à démêler, (j’espère que j’ai été claire). d’autant que ce qu’on sait des celtes nous a été transmis par les romains (la Guerre des Gaules) ou les grecs (Strabon, Diodore de Sicile, Hérodote) qui, sauf César qui à vécu en Gaule, ne fournissent pas de témoignages directs, et pour les grecs, méprisaient les “barbares”.Rappelons que les celtes n’ont pas laissé de témoignage écrit de leurs pratiques religieuses; c’était un choix, ils savaient écrire.
Ce qui est sûr, c’est que Noël, comme toutes les grandes fêtes chrétiennes (Pâques, la Toussaint) est à l’origine une célébration païenne, et en garde de beaux reste (l’arbre, les cadeaux, le repas copieux, la bûche...)
Pour terminer sur une note celte, trois façons de dire “Joyeux Noël”:
NOLAIG SHANA, gaëlique irlandais, prononcer: no-ligh ho-nah
NADOLIG HALVEN, gallois : na-dol-eg hlou-enn.
NEDELEG LAONEN, breton: ne- dey-lek lan- enn.