(Désolée, je me suis trompée de rubrique!
)
Dans la petite brasserie du coin qui fait l’angle, entre la rue Veillon et l’avenue Malaussena, nous nous étions installés pour manger un aïoli, ce soir d’octobre, en terrasse, parce que le temps était doux.
C’est là que je l’aperçus, dans sa robe de mariée bon marché, le cheveu un peu terne, à peine coiffée, le visage un peu défait, engoncée dans sa robe mal coupée et sa taille 46.
Sur le comptoir trônait une pièce montée.
Comme ils semblaient étranges et pathétiques, ces gens, avec leurs faibles accoutrements, fêtant ce qui se doit d’être un jour si important ! dans le coin sombre d’un bistrot de quartier.
Je la vois encore sortir du restaurant, une cigarette à la main. Elle me sourit lorsque mon chien sans doute apeuré par le volume impressionnant de sa robe blanche commence à aboyer dans sa direction.
A cet instant, je remarque qu’il manque à la mariée une canine et je replonge, dépitée, dans mon aïoli.
La soirée continue, ponctuée par des chansons des années soixante que je ne peux m’empêcher de fredonner à la grande surprise de mes compagnons de table.
Le patron est sans conteste un partisan de radio nostalgie !
Nous aurons donc droit à des slows, entre le comptoir et les tables et à des rires un peu gras, un peu tristes aussi.
La soirée s’allonge et peu à peu s’étiole, pour se terminer sur l’incontournable chanson de la comédie musicale « Esméralda », plus récente mais tout aussi sucrée comme la pièce montée qui succombe, enfin.
Nous en étions là, lorsque la mariée sortit à nouveau sur le pas de la porte.
Mon chien aboie.
Elle, a le visage plus triste encore et lorsque je croise son regard, elle me dit, son portable à la main, qu’elle avait attendu des amis qui n’étaient pas venus…
A ce moment-là, un groupe d’ados passant dans la rue, lui adresse d’une voix univoque un splendide : « Tous nos vœux de bonheur ! » qui nous surprend et lui rend instantanément le sourire.
C’est comme une vague de joie soudaine renvoyant aux oubliettes, dans l’instant même, les amis infidèles !
Au moment de partir, elle s’approche de nous, encore.
Mon chien a enfin cessé d’aboyer.
Dans sa main, un bouquet de roses blanches, en tissu, avec de vraies dragées cachées dans les feuilles.
C’est là que je la vois, vraiment, belle, touchante, derrière l’écran de mes yeux aveuglés par les images terrifiantes des magasines de mode.
Je suis rentrée chez moi, une rose à la main.
J’ai posé la fleur blanche dans un vase et puis, sans bruit, comme une enfant affamée, j’ai mangé toutes les dragées !