III) COMBATTRE LE MALLe mal, il faut le combattre pour qu’il ne nous dévore pas.
C’est pas facile, alors les mythes (et je range le Satan chrétien et sa clique démoniaque dans les mythes) ont trouvé un truc génial, ils l’ont extériorisé dans les « Créatures maléfiques », qui sont multiples, varient selon les époques et les civilisations, mais ont une constante : leur volonté de nuire et détruire.
Ainsi, projeté hors de nous, le Mal est visible, plus facile à vaincre puisque « c’est pas nous ! »
J’exclue la Mort du Mal.
Elle n’est ni bonne ni mauvaise, elle est, c’est tout ! Elle fait partie de la vie, même si nos civilisations occidentales la rejettent. Il faut l’accepter, c’est le rôle de l’Ankou chez nous.
Lui non plus n’est ni bon ni mauvais, il fait juste son boulot de messager, il vient te dire : « fini pour toi. » C’est plutôt sympa, ça te laisse le temps de te repentir !
Pour les Celtes, les Hindous, chez Platon, la vie est constituée de cycles. Si à la fin d’un cycle, l’esprit incarné s’est débarrassé de tout le Mal qui était en lui, il peut gagner le Nirvâna (hindou) ou le Cercle de Gwened (celte) et n’a plus à revenir, il mérite l’ascension suprême auprès de Dieu.
Cette notion d’ascension elle non plus n’est pas d’abord chrétienne, ce qui rend celle de Jésus unique c’est qu’il l’accomplit dans son corps de chair, normal, il est sans péché, le mal n’a pas prise sur lui.
C’est la victoire définitive sur la bestialité et les tentations rencontrés dans Abred (le cercle celte de la vie terrestre) où les âmes jouent leur destiné par leur choix entre le bien et le mal.
Donc, c’est bien à nous qu’incombe le choix durant notre passage en ce monde (là, tous les mythes et religions sont d’accord).
Tant qu’on n’a pas fait le bon choix, on revient, mais en ayant oublié nos vies antérieures. Ce serait trop facile si on se souvenait des conneries qu’on a faites pour ne pas les recommencer !
Je me suis repassé le Seigneur des Anneaux I (m’en lasse pas !) et à chaque fois j’y plonge plus profondément et je comprend mieux (enfin je crois mieux comprendre).
L’univers de Tolkien est très complexe, celte mais germain aussi (les elfes sont des êtres de la mythologie germanique) avec les horreurs des vraies guerres qu’il a connu.
Ce n’est pas Frodon qui triomphe de l’Anneau ! Il a fait le principal : ramener l’anneau là où il fut forgé, seul lieu où il peut être détruit.
Mais c’est le mal, incarné ici par Gollum qui au final se dévore lui-même.
Les orques, gobelins et autres monstres dans d’autres histoires, on peut les détruire parce qu’ils sont matériels… d’où la nécessité des mythes, on ne peut lutter efficacement que contre ce que l’on voit.
L’Anneau incarne le Mal absolu, encore une matérialisation, Sauron en a besoin pour retrouver un corps et encore accroître son pouvoir…
Mais son esprit est toujours aussi actif et malfaisant, et un esprit est invisible, ce qu’on ne voit pas est bien plus pernicieux.
Saroumane se laisse prendre au piège du pouvoir.
Galadriel, Eldron et Gandalf refusent de prendre l’anneau parce qu’ils savent en quoi il peut les transformer…
Choisit ton camp, camarade !
Dragon hurle (je vous raconte pas, les hurlements de dragon…) qu’il faut que je dise que les dragons ne sont pas l’incarnation du Mal.
Pour l’Occident, si ! Depuis longtemps, depuis qu’Apollon a vaincu le Python, puissance chtonienne et tout ce qui est chtonien est dangereux.
Le mythe présente la victoire d’Apollon comme le triomphe des forces lumineuses sur l’obscur, de Python au dragon, il n’y a qu’à ajouter des ailes et des pattes !
Et moult saints dont Michel et Georges se font un plaisir toujours renouvelé de vaincre le dragon qui pour les chrétiens est l’incarnation de Satan !
Vision totalement différente en Asie, où les dragons sont des forces lumineuses justement !
Vision plus nuancée chez les celtes, le Dragon est ambigu, une force qui peut être bienfaisante, mais qu’il faut respecter sous peine qu’elle ne se déchaîne et sème la destruction. Une puissance naturelle.
L’une des grandes erreurs des monothéismes a été de couper l’homme de la Nature.
Ils se méfient de tout ce qui est naturel, pourtant c’est leur dieu qui a tout crée ?
Mais surtout pour le christianisme, la Nature c’est ce qu’adoraient les païens, exit hamadryades, nymphes, elfes et autres habitant des bois et des eaux, ce sont des « démons ! » Le respect des forces naturelles devient idolâtrie…
Ce qui fait de nous des créatures dénaturées, c’est peut être ça le mal, nous avoir dénaturé ?
C’est pour ça que Morgane a été diabolisée lors de la christianisation de la Matière de Bretagne, émanation des puissances naturelles, elle est totalement irréductible à la pensée chrétienne, mais comme l’éliminer purement et simplement était impossible, on en a fait la Méchante absolue, la perfide magicienne, la sorcière…
Et Merlin, dont on ne peut pas se débarrasser non plus, disparaît dans sa prison d’Air, par la grâce de Viviane, qui reçoit tous les honneurs, elle est chrétienne (une fée chrétienne ?) puisqu’elle fait baptiser Lancelot.
Attitude qui induit des invraisemblances dans un mythe, déjà pas évident à suivre !
Mais il fallait que ces récits dont étaient friands les chevaliers soient édifiants, le chevalier devient le combattant du Christ contre le mal incarné par tous ces êtres magiques, forcément mauvais !
La pensée chrétienne de l’époque ne nie pas la magie, elle en admet l’existence, mais les magiciens ont des démons à leur service pour réaliser leurs tours !
Pour voir ces démons en action, un truc simple :
Prenez quelqu’un soupçonné de pratiquer la magie, liez le, jetez le à l’eau.
S’il flotte, c’est qu’il est coupable parce que les démons le soutiennent, s’il coule (ce qui est quand même plus fréquent), c’est qu’il est innocent, mais le temps qu’on le repêche vu que lié il ne peut s’en sortir seul, il y a de grandes chances pour qu’il soit noyé.
Auquel cas, pas grave, il est coupable puisque mort, c’est que ses démons chassés par la puissance du Christ l’ont abandonné !
CQFD, ce qu’on appelle Ordalie. Et on a des « preuves matérielles » indiscutables !
IV) LE COMBAT CONTRE LE MAL AUJOURD’HUILe mythe n’a pas disparu avec les croyances médiévales (pas si moyenâgeuses que ça, elles ont la peau dure).
Il perdure, sous d’autres formes et le Mal d’autres incarnations.
Les films style « le mal c’est l’autre » sont légion.
James Bond dans un film dont le titre m’échappe, court après le méchant qui a volé des ogives nucléaires. Le méchant a l’intention tant son âme est noire de s’en servir pour détruire le monde civilisé.
Et tout est bien qui finit bien, le mal est vaincu une nouvelle fois, le monde sauvé.
Questions :Qui a fabriqué l’arme que le méchant vole ?
Que comptait en faire le fabricant ?
Qui est à l’origine du mal dans ce cas de figure ?
Question subsidiaire :Le monde « civilisé » tel qu’il est devenu mérite t-il d’être sauvé ?
Réponse à la question subsidiaire :- Oui, parce que malgré ses imperfections, il est le rempart du Bien (notre civilisation est forcément bonne) contre le mal, lequel a constitué un « Axe » visant à nous détruire !
Le diable n’est plus cornu, il est barbu, la fourche c’est dépassé, il a une bombe nucléaire et des « armes de destruction massive ».
Et c’est toujours l’Autre !
Réponse à la réponse :- Qui a armé « l’Axe du mal », fabriqué, soutenu des tyrans ?
Découvert avec horreur qu’ils étaient des dictateurs sanguinaires ? Sans doute une inspiration divine…
Qui s’est trouvé fort dépourvu quand fut venue la chute des puissances de l’Est forcément maléfiques ? D’ac, elles étaient pas franchement bonnes.
Qui a éprouvé un besoin urgent de dupliquer d’autres méchants à combattre pour justifier qu’il est le gentil ?
Il faut toujours raconter des histoires aux braves gens…
Je préfère les orques, avec la tronche qu’ils ont, on voit tout de suite de quel côté ils se battent !
D’où la nécessité dans tous les mythes et histoires de méchants qui soient vraiment moches, ça permet de les reconnaître au premier coup d’œil !
Le Bien est forcément beau, le mal forcément laid, pratique !
Sauf que chacun sait que Satan est un fieffé menteur, qui va jusqu’à nous faire croire qu’il n’existe pas, et que, pour mieux tromper le pauvre monde il peut apparaître très beau.
La beauté peut cacher le mal qui n’émet plus par sa sale gueule le signal visuel immédiat : je suis méchant !
Les cartes sont brouillées…
Si en plus les méchants trichent, ce qui est dans leur nature de méchants, on n’est pas sorti de l’auberge, mal famée ça va de soi !
:twisted:C'est peut être un peu décousu parce que les idées s'enchaînent, comme elles viennent, je n'ai pas cherché pour une fois à faire un discours universitaire bien rangé, difficile avec un tel sujet.
C'est incomplet, je me suis limité à ce que je connais le mieux: les Mythes occidentaux et le christianisme, et même là, j'aipas tout dit, notamment sur la possession (j'y reviendrais).
Alors, si vous avez des questions, si vous n'êtes pas d'ac, si vous avez des choses à ajouter, n'hésitez pas, l'Enfer vous est ouvert!
Pazzuzu: un des êtres les plus redoutables du panthéon mésopotamien. Apparaît au 1er millénaire avt JC.
souvent regardé comme méchant, il a un côté bénéfique qui consiste à repousser aux enfers les démons plus malfaisants que lui, il protège les humains des vents pestinentiels. Son nom est précédé du déterminatif des dieux.
Son faciés semble avoir servi de modèle à beaucoup de représentations de démons. Mais ses ailes sont celles des anges (les chérubins sont dotés de 4 ailes).
Un masque de démon en décor d'une façade.
Et l'Enfer de Jérôme Bosh, 3éme volet du tryptique du "Jardin des Délices"
J'adore, avec celle des Fréres Limbour dans les "Trés Riches heures" que je n'ai pas retrouvée...