Les livres qui vous accompagnent

C'est fabuleux quand on trouve un lieu où on peut découvrir. La "ville" où j'habitais en Aveyron avait une bibliothèque fabuleuse. Un vrai plaisir que d'y passer parfois plusieurs heures. Fouiller, discuter, poser des questions... Et surtout, je m'étais habituée à lire les livres conseillés par les bibliothécaires, comme ça, au hasard. Grâce à eux, j'ai découvert des auteurs que je n'aurais peut-être jamais lus.
En même temps, une vie entière ne suffira jamais à lire tout ce que nous voudrions nous mettre "sous la dent". Snif !
En plus, en ce moment, je suis en panne. J'aimerais reprendre le fil des pages. C'était mon oxygène.

Moi j'ai adoré les "Pardaillans" de Michel Zévaco.
C'est écrit à la va comme j'te pousse, totalement invraissemblable, ça tord le cou à l'histoire (ça se passe sous le régne de Louis XIII), du Dumas de bazar, mais quelle puissance, on se laisse embarquer sans chipoter sur la qualité littéraire...

J'avoue, à part Mark Twain et Steinbeck, ne pas connaître (hors SF) les auteurs américains, comme ma connaissance de la littérature russe se limite au XIXème!

Mais puisqu'on parle des livres qui nous ont marqué, il y en a un , qui m'a marquée mais pas dans le sens enthousiasme!
Aucun bouquin ne m'a plus profondément emmerdée que "Le Rouge et le Noir", pourtant j'ai du, à grand peine, le lire jusqu'au bout, c'était obligatoire, un de la liste du Bac, quelle corvée!

Morgane a écrit:

Mais puisqu'on parle des livres qui nous ont marqué, il y en a un , qui m'a marquée mais pas dans le sens enthousiasme!
Aucun bouquin ne m'a plus profondément emmerdée que "Le Rouge et le Noir", pourtant j'ai du, à grand peine, le lire jusqu'au bout, c'était obligatoire, un de la liste du Bac, quelle corvée!

Ah tiens, j'ai adoré ce livre lu plusieurs fois, Madame de Rénal m'a touchée, Julien m'a glacée et Mathilde de la Molle m'a souvent agacée. Du même auteur, j'ai aimé "De l'amour" et sa cristallisation qui m'a si bien servi au bac philo.

Je ne sais plus qui a évoqué Dumas mais ce dernier est mon auteur préféré et je suis assez ennuyée quand je lis qu'il n'aurait pas écrit seul certains de ses chefs-d'oeuvre. A ma connaissance, un historien l'a aidé dans ses recherches mais j'ai été passionnément embarquée dans ses histoires, je pense à la reine Margot, aux trois mousquetaires, vingt ans après, le vicomte de Bragelone, Le chevalier de Maison Rouge, Le collier de la reine, la dame pâle et bien d'autres...
Chaque phrase est d'une beauté, ses portraits de ville comme Paris, Versailles sont captivants, des images oniriques. Quand je commence un roman, je sais que je vais passer plusieurs nuits blanches.
Il existe un trés beau site sur lui, Dumaspere

Un auteur qui a marqué mon adolescence : Emile Zola
A la base, je me suis dit, c'est un écrivain trés optimiste ! Et oui j'avais commencé par "au bonheur des dames" et sa description vertigineuse de l'expansion des grands magasins mangeant les petits commerces. Je n'avais pas encore lu les 19 autres romans de la série des Rougon Macquart. Zola a suscité tous les sentiments chez moi à la lecture de cette série avec ses métaphores uniques, sa façon de fustiger avec tant d'ironie toutes les classes de la Société de son époque. J'ai ri beaucoup à la lecture de Pot-Bouille, j'ai éprouvé une grande colère envers Pauline l'héroïne de la joie de vivre, j'ai été émue par Miette et Sylvère dans la fortune des Rougon, horrifiée par le prêtre dans la conquête de Plassans...Bref, Zola ne m'a pas laissée indifférente. A la fac, il y avait même un étudiant qui me faisait trop penser à Camille Raquin (cf : Thérèse Raquin). Quand je le voyais, je pensais tout de suite à la mine verdâtre du noyé assassiné.

Je ne sais plus qui a mentionné la Comtesse de Ségur. Déjà j'ai lu il y a quelques année sa biographie ultra romancée par la pseudo-historienne Hortense Dufour. Quand j'étais petite, je la lisais. Je me souviens de ses conseils de santé qu'il serait dangereux d'appliquer de nos jours par leur inefficacité et sa morale du gentil toujours récompensé et du méchant toujours puni. J'ai bien aimé le général Dourakine, Diloy le chemineau, quel amour d'enfant et les vacances.

Christian BOBIN, ah la la, je ne m'en remets pas. J'en ai lu deux pour l'instant, il en a écrit une vingtaine je crois, et j'en ai quatre ou cinq dans ma réserve, en attente. Je compte lire tout ce qu'il a écrit, c'est fabuleux.

Sinon, pour revenir aux livres qui m'ont marquée, on attaque la première période : de cinq à quinze ans, j'ai lu le rez-de-chaussée de la bibliothèque municipale du Mans. J'avais un petit "arrangement" avec la bibliothécaire de l'époque : alors qu'on avait droit à 3 livres par semaine, elle me laissant en prendre 4 et les renouveler dès que je voulais.
Ce que j'ai aimé ?
Tous les livres d'aventure, les romans de cape et d'épées, donc tous les Jules VERNE, DUMAS, Eugène SUE, ZEVACO, avec un prédilection pour les aventures qui se passaient dans les iles désertes (genre : "les robinsons suisses").
KIPLING, surtout les "histoires comme ça".
COLETTE, passionnément, tout.
MAUPASSANT.
Les nouvelles naturalistes de Louis PERGAUD.
GOGOL.
Pour le théatre, GIRAUDOUX ("Ondine" reste mon préféré), "Cyrano de Bergerac", un délice toujours, "Don Juan" (et l'opéra de Mozart), COCTEAU (mais j'aime tout, y compris les dessins);
Pour la poésie, LAUTREAMONT, BAUDELAIRE, RIMBAUD (que j'ai du mal à relire aujourd'hui), SAINT JOHN PERSE, VERLAINE, HUGO...
SHAKESPEARE, en français à cet âge là, plus tard en anglais.
A 13 ans, TOLKIEN, et puis HERBERT. Toujours.
Ah oui, et puis aussi Pif Gadget, avec une prédilection pour les aventures de Rahan, Dr Justice, et Modesty Blaise.
Les dictionnaires LAROUSSE en plein de volumes, surtout les planches avec des cartes géographiques.
Bon, plein d'autres choses en plus je suppose, mais c'est ce qui me vient à l'esprit.

En gros, mon enfance et mon adolescence se résument à cela : je lisais et je me bagarrais avec les garçons. J'attendais de grandir. Je lisais partout, tout le temps, y compris la nuit dans mon lit (avec une lampe de poche, mais je crois qu'on l'a tous fait !). Total, à 20 ans, j'étais myope et insomniaque...

Tu as lu Gogol à 5 ans ??? Woua !
Sinon, moi aussi j'étais amoureuse de Rahan... et des haricots sauteurs vendus dans Pif...

Meuuuh non ! J'ai dit : entre 5 et 15 ans... Gogol je crois que j'avais 12 ans.
Par contre, ma soeur m'a forcée à lire "Le discours de la méthode" alors que j'avais 8 ans. Et à lui rendre une dissertation. Il faut dire qu'elle était en année de philo, et qu'elle avait décidé qu'on la ferait ensemble, malgré la différence d'âge (elle avait 16 ans). Je n'ai jamais aimé Descartes...
Quand je vous dis, que j'étais une enfant martyre !

(je me rappelle bien du haricot sauteur, j'adorais !)

Descartes, je me suis obligée à lire ses oeuvres en Terminale et encore parce que c'était au programme
Je n'ai jamais été trés attirée par la philo et ma prof m'avait un peu dégoutée pour ne pas dire complètement. J'avais 8 heures de cours par semaine et coeff 7 au bac et bien, j'ai eu ma meilleure note au bac.
Cette prof pour expliquer les grandes théories faisait des shémas fléchés et scientifiques, nous n'y comprenions pas grand chose et de toute façon, elle nous détestait et détestait enseigner.
Par contre, j'avais bien aimé lire Kant et Hegel.

Concernant Maupassant, je suis mitigée même si je n'ai pas tout lu. Autant, j'ai aimé ses nouvelles, je pense entre autres au Horla, ses romans "Pierre et Jean", "Bel-ami" (lu, relu, rerelu et rerererererelu), mais je me suis fortement ennuyée à la lecture "d'une vie". Je crois que jamais une héroïne ou anti-héroïne ne m'avait autant insupportée

J'adorais la philo ! De toutes façons, j'avais déjà lu à peu près tout ce qu'il y avait d'intéressant sur le sujet quand je suis arrivée en Terminale.
Le prof, un grand échalas timide et vieux garçon, n'arrivait pas à faire taire les élèves, qui se foutaient royalement de Freud et de Kant. Les cours se résumaient à de longues discussions entre lui et moi, discussions philo, bien sûr !
J'ai eu 15 au bac, sans trop forcer.

Je continue avec belle du Seigneur d'Albert Cohen.
Je crois que jamais un roman ne m'a fait autant rire. Cohen savait décrire le ridicule et surtout il connaissait bien la femme pour y glisser toutes ses imperfections jusqu'au moindre détail.
Les amours mémorables de Solal et d'Ariane, Adrien Deume qui passe ses journées à glander à la SDN (vouée à l'échec total), Les Deume et leur diner raté, Ariane et son journal intime...Enfin tout est un pur régal, c'est trés drôle, subtil, ironique. J'en ris encore

Je l'ai, je l'ai commencé, ça m'a vite saoulé, j'ai pas pu dépasser 20 pages !

En revanche, je conseille à ceux qui ne l'ont pas encore lu de vous procurer auprès de Romane son livre "Les petits mots".
C'est un petit chef-d'œuvre qui bouleverse le cœur et l'âme.

filo a écrit:

Je l'ai, je l'ai commencé, ça m'a vite saoulé, j'ai pas pu dépasser 20 pages !

Tout pareil, j'ai jamais compris comment on ne pouvait pas s'ennuyer à lire cohen.

Nous sommes de bien mauvais lecteurs, puisqu'il n'y a pas de mauvais écrivain.

Il faut juste dépasser les 20 pages tout simplement, c'est là que cela devient intéressant

Le livre de Romane, je l'ai vu chez Constance, je comptais lui passer commande

"Belle du seigneur", c'est inracontable. Je suis allée jusqu'au bout, pour de magnifiques passages glanés ça et là.
Et "les petits mots", de Romane, j'ai une particulière tendresse pour ce livre. Il m'a toujours bouleversée.

Les livres qui vous accompagnent... Oui, je suis à la bonne adresse. Parce que ce livre m'accompagnera longtemps, animera longtemps ma pensée : "Syngué Sabour, Pierre de Patience", d'Atiq Rahimi.
Ayant eu le prix Goncourt, et moi avec mon idiote méfiance des prix et autres records de vente, je ne l'aurais probablement pas lu s'il ne m'avait été chaudement recommandé par une personne de toute confiance. Une merveille. Dur, très dur. Le cri de liberté d'une femme Afghane.

Pour en savoir plus (parce que j'ai la flemme de tout recopier et que ça ferait un peu long sur le fil : http://lucaerne.unblog.fr/2009/03/08/syngue-sabour-pierre-de-patience/

J'avais comme une petite idée de le lire. Tu m'en donnes carrément envie. Je le mets donc sur mes listes.
J'attends de le trouver d'occas chez mon fournisseur préféré : Gibert Jeune...

Je viens de découvrir Lorette Nobécourt et j'en suis encore sur le c... J'ai lu "La Démangeaison". Je vais dévorer tous les autres !

Mot de l'éditeur :
"Longtemps, Lorette Nobécourt a brûlé ses textes. Mais en 1994, un court récit échappe au feu : c’est “La démangeaison”, que publient alors les éditions Sortilèges. Confession, monologue, carnet d’une souffrance ou d’un mauvais rêve, ces cent pages marquent la naissance d’un écrivain et apparaissent très vite comme un talisman noir qu’on se transmet. Depuis son enfance, Irène souffre de psoriasis. Maladie chronique et sans cause. La peau s’enflamme, les doigts s’agitent, le cœur s’affole. Il n’y a plus de pensée vagabonde. Il n’y a plus que ça, cette monstruosité. Le corps est une plaie. Toute pensée est une plaie. Bien sûr on vous regarde. Enfant, gamine, adolescente : la pauvre. Mais Irène ne se plaint jamais. La chair est malade ? Alors Irène se fait le verbe. Sa langue est dure. Magnifique. Ses mots sont une écharde qui irrite le monde, qui saisit le regard du père, le geste des amants. Qui caresse la quenotte enfantine, un peu apaisée. La
démangeaison porte en soi tous les thèmes de l'oeuvre de Nobécourt :
l’enfant silencieuse ; le corps blessé ; le désir sans fin ; l’impossibilité de vivre dans ce monde – et c’est l’écriture qui frappe, d’emblée, chez cette jeune femme. Pas de psychologie. Pas de papa-maman. Pas de causes. Osons le mot : pas de société. Il n’y a que la contamination des mots : et on finit sa lecture, gêné, transpercé, en se frottant l’avant-bras, la paume, le poignet, la cuisse : c’est que la littérature a gagné, en sa peau de chagrin."

Citer des extraits au hasard est impossible, tant ce livre est entier, entité organique, dense, condensé, dépouillé de tout ornement. Il faut le lire d'un trait, comme on avale d'un coup un verre d'alcool fort. Un diamant brut.

Merci Lulu, tu me donnes de sacrées bonnes idées pour mes futures lectures ! Mais il y a tant et tant... je note ce roman aussi sur mes tablettes. J'en ai une trentaine en attente, alors...
Ces derniers jours, j'ai lu un roman policier historique de Peter Tremayne, dans la série des Fidelma (j'adore !), et je relis "Capitaines courageux" de Kipling.

Aïe aïe les beaux souvenirs en repassant les votres !

J'ai un peu la culture à l'ancienne, type geho (avec l'option pédago/philo)

Bon moi j'ai appris à lire avec les fables, d'abord La Fontaine (qui me sert encore aujourd'hui au boulot, eh oui) et puis Grimm, Les contes de la rue Brocca, Andersen bien sûr. Ma mère me lisait "Alice au pays des merveilles" par chapitres. Et après on s'amusait à inventer des suites.

Je me rappelle d'un bouquin qui m'a marquée pré-ado, au milieu du club des cinq et du clan des 7, "le prince Eric" mais je suis incapable de dire de qui...

Après, j'ai découvert "Paroles" de Prévert à 13 ans et je me suis mise à écrire des poèmes. Au collège, on m'a fait lire Molière, Monsieur Molière, et j'ai joué dans "Le malade imaginaire" et ensuite "le bourgeois-gentihomme". Après j'en ai plus refait jusqu'il y a 4 ans.

J'ai a-do-ré tous les Jules Verne et puis j'ai sur le bout de la langue un très bel auteur qui a écrit entre la série "Tendre et violente Elisabeth" (m'énerve, vais m'en rappeler une fois l'ordi fermé), et Flaubert aussi (Mme de Bovary).

Dis donc Constance on a dû avoir le même prof de Filo, mais moi j'avais aterrit dans une filière secrétariat (trop nulle en math, même pour une filière littéraire, si) et le prof faisait face à une classe de gourdes se limant les ongles et une seule élève qui se les rongeait et bataillait philosophiquement avec lui, et s'en délectait.

Peu après j'ai découvert Castaneda et.... Fernand Deligny, Piaget, Freud, Dolto et, ah oui Neil qui a écrit le très beau "Libres enfants de Summerhill".

J'ai lu beaucoup de bouquin pédago/philo, des bouquins sur le fonctionnement de la mémoire (notamment Antoine De La Garanderie) et j'ai lu bien sûr quantité d'album pour les gosses et là je me dois de citer Claude Ponti, qui a un univers et un imaginaire fabuleux. Je connais aucun gosse qui n'accroche pas (citons de lui "La tempête" et "l'arbre sans fin", vraiment top moumoute)
et puis en vieillissant, je lis du psycho-machin pour qu'à force de me chercher, je me trouve.
Je lis pas mal d'auteur rayon théâtre : Jean-Paul Daumas, Yasmina Réza, et Jean-Michel Ribes, hilarant ce dernier.
J'ai lu les bouquins de Nicole de Buron il y a 2 ans, ça se lit sans faim.
J'ai jamais accroché avec le seigneur des anneaux, au grand désespoir de mon fils, mais j'ai lu tous les Harry Potter avec lui, par chapitre, pour lui donner envie et Arthur et les minimoys avec mon autre fils, même technique. ça a marché. On a tous aimé

Je te rassure Cath, je ne suis pas une grande fan du Seigneur des anneaux. Ni d'Harry Potter d'ailleurs (je crois que je fais de la résistance inconsciente).

J'ai accroché mon aîné à la lecture en lui offrant très tôt La nuit des temps de Barjavel, et les livres de S. Wul, y compris Noô (je suis toujours épatée qu'il l'ai lu et aimé à cet âge, il devait avoir une dizaine d'années). Et tous les Jules Vernes à la bibliothèque. Après, IL m'a fait découvrir Philip Pullman, notamment sa trilogie À la croisée des mondes, que j'ai adorée (ils ont adapté le premier au ciné, mais je ne l'ai pas vu, trop peur d'être décue).

Ma fille a plus aimé les livres de Gripari, et il m'arrive moi-même encore d'en relire rien que par gourmandise.

J'adore les fables aussi. Par contre, gamine, je les lisais toute seule, sans adulte pour me sussurer leurs sens sous-entendus, et je suis donc passée à côté. J'ai découvert il y a peu la signification "réelle" de La petite sirène...

Par contre, les Molière, Flaubert and co, je crois que je les ai pris en grippe dès qu'ils sont devenus "lecture obligatoire" au collège. Je n'avais probablement pas les bons profs, puisqu'en 6e et 5e, on a étudié les tragédies grecques et que j'ai adoré. Mais on avait une prof extraordinaire à ce moment-là. Je n'ai retrouvé le plaisir "scolaire" de lire qu'en terminale avec un prof de PHilo génial. Ah si, avant, en seconde, j'ai découvert la poésie espagnophone avec le plus grand bonheur, là aussi, grâce à notre prof d'espagnol.

Ooooouuuuuuiiiiiiiiii !!!
La nuit des temps de Barjavel, je l'ai lu y a longtemps et m'en rappelle encore, un suspens d'enfer, super histoire d'amour à travers le temps, le truc hyper bien ficelé...
Merci de me l'avoir remémoré Lulu !

Voilà un bout de temps que je voulais parler d'Abigaïl, d'Emmanuelle Laurent (éditions Filosphere !), mais je ne savais pas comment sans dénaturer et minimiser le plaisir que j'ai éprouvé à lire ce livre.
Parce que j'ai été véritablement happée par ce texte, sa "crudité" tellement poétique, sa tendresse violente, ou tendre violence. Happée au point de ne même pas chercher à imaginer la fin, prise dans le fil des mots.
Et quand la fin arrive, on aurait pu s'attendre à tout, sauf à celle-là.
Alors, peut-être, la seule chose à dire vraiment serait : "Lisez-le. Absolument !"

Un livre que j ai beaucoup aimé et recommande à tous: "passagère du silence" de Fabienne Verdier, c est beau!

En ce moment, tout, absolument tout, de Jean-Paul Dubois.

D'un côté (Tous les matins je me lève, Une vie française, par exemple), un humour sans borne, des personnages qui filent le coton de la folie intérieure (sortes de monomaniaques impulsifs) parfois jusqu'à la folie visible et compromettante pour l'autre.

Un sens de la métaphore incomparable (à la façon de Philippe Djian, Richard Brautigan,...). Une richesse inépuisable en matière de vocabulaire, autant technique que prosaïque.

Des moments épiques, au sens où l'on ne sait jamais jusqu'où est capable d'aller le personnage, tant sa folie, ses manies, imprègnent la cohérence de l'écriture (Une année sous silence, pour ne citer que lui)

D'un autre côté, des romans plus graves (Maria est morte, Hommes entre eux), aux mêmes richesses métaphoriques, mais dans un registre bien différent, mais qui lui sied parfaitement aussi.

Bref, on peut globalement choisir n'importe lequel, ils sont tous de très bonne facture (hormis, Vous plaisantez Monsieur Tanner, que je trouve parfaitement raté, peu drôle). Allez, quand même un conseil de ce lecteur assidu que je suis : commencez par "Tous les matins je me lève" ou "Kennedy et moi".

Quelles aventures j'ai pu lire dans ces posts passionnés et passionnants !

Pour ma part, de mes 5 à 10 ans, je n'ai lu pratiquement que des BD et des contes... On mettra entre parenthèses Le petit prince, Tistou les pouces verts et quelques autres. Comme plusieurs d'entre vous, j'ai beaucoup aimé les contes de Gripari. A l'école, je finissais mes devoirs plus vite que les autres pour pouvoir me plonger dans les livres de la classe...Des albums pour petits enfants principalement. J'aimais mieux lire les Schtroumpfs et Léonard le génie (la nuit, avec une lampe de poche, moi de même...Ce que je ne savais pas, c'est que ma mère m'observait souvent en souriant pendant mes "infractions" à sa loi...Bien sûr, elle se souvenait de sa propre enfance.
Et c'est notre devoir en CM2 sur le premier tome des Harry Potter (hem:oops:) qui m'a réconciliée avec les livres, les vrais.
La période du collège a été celle du tri progressif: je passais énormément de temps au CDI, mais la plupart des livres que je commençais ne m'intéressaient plus au bout de cinquante pages et j'en prenais d'autres...Je "lisouillais", si vous voulez...Balzac et la petite tailleuse chinoise de Dai Sijie m'a marquée.Quant aux livres qu'on nous obligeait à lire en classe, peu m'ont vraiment plu: j'ai surtout retenu La ferme des animaux* d'Orwell (vu que le totalitarisme me fascine et que j'ai également été très marquée par les Fables de La Fontaine, quelle joie ce fut pour moi de lire ce petit bijou qui conciliait les deux avec un cynisme délicieux... ). Ce livre m'a conduite dans les griffes de la littérature d'anticipation: j'ai donc dévoré de suite Fahrenheit 451 de Bradbury (dont j'ai aussi aimé La foire des ténèbres pour l'ambiance romantico-glauque qui vous assaille les tripes tout au long de l'intrigue), Le meilleur des mondes d'Huxley, 1984 d'Orwell (des trois mon préféré...Les dernières pages me hantent encore). J'ai aussi découvert La métamorphose* de ce cher Kafka, qui me poursuit également depuis tout ce temps (d'où cet avatar, au passage).
Le lycée a été une période plus féconde. Là, des livres m'ont effectivement "marquée" au sens littéral: ils ont gravé leur signature en moi pour me façonner. Je retiendrai La part de l'autre, de Eric Emmanuel Schmitt ; certainement pas pour la valeur littéraire de ce livre, mais pour son sens moral et son humour. Le personnage de Hitler est de toute façon une figure importante de ma construction intérieure; de par mes origines judéo-germaniques et simplement, de par ma curiosité naturelle pour ce que la société qualifie de "pire". En terminale, au moment du bac, j'ai été très marquée par Le Tambour* de Günter Grass. Ce cynisme monstrueux mérite un topic...Je verrai. Dom Juan* de Molière m'a assez marquée...sans que je puisse dire pourquoi.
L'hypokhâgne a été l'apogée de "l'Alli qui lit". Pendant des cours ennuyeux au possible sur des oeuvres qui ne m'intéressaient pas (parce que je les avais lues et trouvées mièvres et niaises; ou pire: parce qu'elles étaient tellement mièvres et niaises que je n'avais pas pu les lire jusqu'au bout, écoeurée:cyclops:); je lisais mes propres livres. J'ai ainsi découvert Voyage au bout de la nuit de Céline, Crime et châtiment de Dostoïevski, Le roi des aulnes* de Tournier, Le maître et Marguerite, de Boulgakov, L'Obélisque noir d'E.M. Remarque, La nausée de Sartre, Huis-clos (idem), L'insoutenable légèreté de l'être* de Kundera, une biographie de Mussolini:P... Pour ne pas être injuste envers la HK, je dois reconnaître que j'ai aimé découvrir Fin de partie* de Beckett.
Depuis, j'ai été très "marquée" la biographie d'Hitler* par Toland:face: , Charles Chaplin* de Pierre Leprohon (ce personnage m'a toujours plu...Encore un thème à topic) et La Conjuration des imbéciles* de J.K. Toole. J'ai dernièrement découvert Hamlet* de Shakespeare (surprenant par son humour malicieux), La plaisanterie de Kundera (devenu dès lors mon auteur préféré)...et je viens de terminer une biographie de Verlaine par Henri Troyat dont je n'attesterai pas la valeur historique mais qui m'a chamboulée.
Voilà.

*(les livres avec astérisque sont mes livres préférés, devenus indispensables à mon existence.)