Il suffit de passer le pont

Il suffit de passer le pont...

A la croisée des chemins et des eaux
Où le gué capricieux faisait trop attendre,
L'homme a conçu le pont.
Comme un remède à l'aléatoire, le pont franchit permanent, le pont relie.
Pour le meilleur et le pire,
L'invasion et ses cruautés,
Le retrait de chacune des rives sur une identité défensive et imperméable.
Le meilleur engageait aux échanges, aux solidarités, aux liens.
Les premiers ponts de bois ont usé la patience des hommes:
Chaque crue obligeait à reconstruire.
En même temps que la voûte vint l'arche de pierre
En équilibre sur ses piliers massifs,
Peu à peu profilés comme des proues.
Le métal et la suspension,
Nouveaux défis au vide et à la pesanteur
Ont poursuivi la compétition à l'enjambement le plus long,
A l'élévation et à la légèreté,
Le profil marin des piles a gagné celui des tabliers
Passant de l'eau à l'air et de la proue à l'aile.
Valentré, Garabit, Millau,
On ne s'attarde pas sur un pont,
On le franchit, on le passe, on soupire, on admire
Les perspectives en amont, en aval,
On retient sa respiration, on rêve,
Le pont émeut.
Qui ne prend pas le temps de ralentir, de fermer les yeux
De se laisser caresser par le vent permanent,
D'observer l'eau qui coule, les reflets changeants
Et de se rendre disponible à d'autres horizons?
Peut-on se rencontrer sur un pont?
Pour s'affronter, défendre le passage, sans doute.
Mais pour se lier?
Après les effusions, les embrassades, de quel côté aller?
Qui suivra l'autre sur sa rive?
Comme la gare, le pont semble fait pour les adieux.

Entre traité historique et poésie, entre rive gauche et rive droite...

Les ponts, c'est toute une histoire...
Jamais finie puisque ce sont des passages!
Je l'ai déjà dit, mais, j'adore les ponts!

Le pont a une symbolique qui, moi aussi, m'a toujours fascinée. Ton texte donne une vision large, qui enjambe les siècles et nous amène joliment vers une conclusion douce-amère. Les gares, oui, sont aussi des ponts qui relient les âmes amoureuses, ou les séparent.

Pour toi, deux photos d'un pont assez spécial, en Norvège : il enjambe une rivière (et les rivières sont vastes, là-bas !), où se forme un maelstrom, un courant tourbillonnant extrêmement puissant. C'est parait-il un phénomène rare...

ben si, geho , on s'y arrête parfois....; et mon dernier anniversaire, je l'ai arrosé sur le Valentré, rendu aux piétons! toute une symbolique de "passage", sans doute, à une autre vie?

Heu Constance, y a pas de pont sur tes photos.

J'osais pas le faire remarquer...
Jolies photos ceci dit.

Pour les jolies photos de Constance, même remarque que les autres.

Pour en revenir au texte, c'est une belle ode et une vision très large du pont, dont j'aime beaucoup la conclusion.

Magnifique..
Que dire d'autre ?
Je trouve que ça finit un peu en queue de poisson..
(j'ai besoin, moi, après avoir ouvert un texte, de le refermer par une sorte de fin. ou de faim alors ?)
Moi aussi, pas vu de pont sur les belles images de Constance. Mais bon, elle ne peut pas avoir toujours raison. Sûrement une tite erreur dans sa banque d'images...

Pfff, les gars, vous manquez d'imagination ! Le pont d'où l'on voit cette vue magnifique est vraiment moche, moderne, bref, il ne casse pas trois pattes à un caneton. Je pourrai vous le mettre un autre jour, mais franchement, aucun intérêt...
L'important, c'est la VUE.
Ce n'est pas le pont qui importe, c'est ce qu'il relie, ou ce qu'il enjambe. Le moyen importe peu.
Tiens, la preuve, je me rappelle du maelstrom, mais pas du tout du nom de ce f... pont.

AH d'accord tu étais dessus ! Fallait le dire ! pffff

Merci à vous tous.

"le pont relie." Je crois que je comprends...

Les ponts... indispensables !
Mais je souffre d'une petite confusion sur ton texte, entre "on ne s'attarde pas sur un pont" et la suite, qui dit qu'au contraire, il est bon de s'y attarder.

Cette remarque est aussi vraie pour le dernier vers : "Comme la gare, le pont semble fait pour les adieux". Ils sont aussi tellement faits pour les retrouvailles. Et les ponts pour les balades, les contemplations, les amoureux...

je n'ai pas cherché à être exhaustif, Lucaerne, tout ça se discute.