Le pont

Le pont

il apparaît , ce pont
aux jours de souffrance
sans nom
une arche dans l'obscène
de l'anéantissement

par dessus les absences
et la colère des eaux
au fond du fleuve
où l'homme emplit sa coupe
de sang

il mesure la distance
qui nulle part ne le mène
s'égare
et dans ses errances
brise l'amphore
du temps

la nuit martèle le silence

l'enfant de la terre
s'arrête

au pied du sourire des pierres
dépose sa peine

puis rejoint
l'autre rive
où dansent
les lumières jeunes
d'espoir

Décidément, les ponts auront fait couler beaucoup d'encre virtuelle sur le Cercle dernièrement !
Mais ce poème est un des plus jolis.
Compliments.

Merci Filo.
Ce thème inspire, je l'avais remarqué. J'ai voulu à mon tour le traiter avec mes mots.
Le résultat ne ressemble jamais à ce que j'imaginais au point de départ.

J'ai juste deux petits minuscules bémols. Tout d'abord, je trouve que le "et" au début du vers "et la colère des eaux" gagnerait à être enlevé : ce n'en serait que plus percutant. Ensuite, "il mesure la distance"... Qui ? Le pont ou l'homme ? C'est un peu confus pour moi.

Puis vient la fin, à partir de "L'enfant de la terre / S'arrête" jusqu'au bout : magnifique !

[quote="Garance"

il mesure la distance
qui ne le mène nulle part
s'égare
et dans ses errances brise
l'amphore du temps
[/quote]

Nouvelle proposition :

"et mesure la distance
qui ne le mène nulle part
s'égare
puis dans ses errances brise
l'amphore du temps"

Lucaerne, tu as mis le doigt sur ce qui me gênait moi même. A force de donner des sentiments aux paysages et des paysages à l'humain, je deviens confuse.
Le premier "et", je l'avais rajouté, je le supprime à nouveau.
Deuxième "il", je parle de l'homme...alors je remets un "et", pour faire le lien avec la fin de la strophe précédente, ce sera ainsi plus compréhensible. Du coup je suis obligée de supprimer le "et" suivant, je le remplace par puis.
Après ces modifications, cette partie de la poésie est devenue plus claire au niveau de la compréhension, mais elle est poétiquement plus lourde.

Ce qui me gêne dans cette poésie, même si j'ai réussi à exprimer ce que je voulais dire, c'est justement l'emploi de tous ces petits mots-adv, conjonctions- des indicateurs temporels dont j'aimerais pouvoir me passer, mais qui permettent au tout de se tenir.

Par exemple pour :
"par dessus les absences (et-ou) la colère des eaux", sans la conjonction est-ce qu'on comprend bien qu'il s'agit de la variation du niveau de l'eau ?

Je manque de personne de bon conseil sous mon toit, mon mari et mes fils ne comprennent rien à mes poésies !
Merci Lucaerne pour ta lecture.

Voilà effectivement un fort joli texte, avec suffisamment de coeur et d'âme, et des mots bien trouvés. J'aime particulièrement la fin.

Garance a écrit:

"par dessus les absences (et-ou) la colère des eaux", sans la conjonction est-ce qu'on comprend bien qu'il s'agit de la variation du niveau de l'eau ?

Oui, d'ailleurs je préférais la première version.

Sinon à quoi sert ta citation de toi-même dans ton dernier post ?

Citation :

Je manque de personne de bon conseil sous mon toit, mon mari et mes fils ne comprennent rien à mes poésies !

à mes poèmes, ou à ma poésie.
La poésie est un art, les poèmes sont ce qui la servent.

(oui je sais, tout le monde fait l'erreur, et à force c'est devenu toléré, grrrr)

filo a écrit:

Citation :

Je manque de personne de bon conseil sous mon toit, mon mari et mes fils ne comprennent rien à mes poésies !

à mes poèmes, ou à ma poésie.
La poésie est un art, les poèmes sont ce qui la servent.

(oui je sais, tout le monde fait l'erreur, et à force c'est devenu toléré, grrrr)

Tu sais quoi? t'es très chiant , des fois ... T'aurais du faire prof !
En plus quand on lit :
définition :

2. littérature texte poétique généralement court
Synonyme: poème (un recueil de poésies)

Ben on dit ce qu'on veut ! NA !

Merci pour la définition LaBourrique, je n'ai pas eu besoin de vérifier.

Filo, alors ce sont mes poèmes !
car ils sont sensibles, et ne peuvent être hermétiques à l'art de la poésie.
J'ai du travail en perspective pour parvenir à plus de clarté !
Pour cette poésie (pardon ce poème) ci je ne me souviens plus de ce que j'avais édité en premier (je l'ai modifié dans mes documents également).
Pas grave, je retouche toujours à ce que j'écris...plusieurs mois après, des ajustemetns nécessaires me sautent aux yeux.

Remis tel que je m'en souviens, avec en "cité", la version corrigée.

Lulu-la-têtue continue de penser que la première partie gagnerait à être repensée... mais aime toujours autant la fin. Alors... tout va bien !!!

Il y a beaucoup de force dans ton "poème" et du rythme.
En ce qui concerne les proches, c'est souvent difficile et un peu destabilisant pour eux de lire ce que nous produisons...
C'est pour ça qu'on se retrouvent ici, d'ailleurs !

Exactement !
On partage sa vie avec les siens, et les mots voyagent, vivent leur vie ailleurs.
Margo, je suis heureuse de lire le mot "force" dans ton com.
Je ne peux m'empêcher d'avoir un regard positif, ce choix rend l'expression de la force difficile. Je souhaite néanmoins faire cohabiter ces deux aspects.

comme une angoisse devant ce pont...heureusement ouvert sur l'espoir. Il me fait voir des choses autrement...un pont se "franchit" aussi , comme un obstacle.