Ceux-là je les connais

Ceux-là je les connais

Je suis celui qui naît
Je suis celui qui n'a
L'ermite, l'associal
Perché sur son sommet où personne ne vient

Je détaille la ville, ton monde, ta prison
Quadrillée par ses rues comme autant de barreaux
Qui le soir s'illuminent, t'aveuglent de leurs feux
Et tu n'y vois plus rien
Mais c'est le but, ami
Le ciel restera invisible ainsi que les étoiles
Reste
Reste bien sage au ras des langues de bitume

Tu t'en doutes, bien sûr
Je n'aime pas ton monde
Empli d'écervelés, propres, endimanchés
Matant dans les vitrines leurs grands airs de gagneurs
Et reluquant le cul des femmes de leur rang
Costumés, cravatés, le nœud coulant normé
Parfait ajustement
Prêt pour la pendaison
Un jour, plus tard, quand ils auront compris

J'aime les chats perdus
Les écorchés, râpeux
Tatouages au bras et rage au fond des yeux
Démarche chaloupée de félins désinvoltes
Ceux qui affichent net qu'on ne la leur fait pas
Qu'ils sont nés pour se battre et ne cèderont rien
Ceux-là je les connais
Quand nos regards se croisent je les reconnais
Et passe mon chemin comme ils passent le leur
.
.

Voilà un texte fort, ça me parle, beaucoup même.
De très belles images, pertinentes et percutantes.
J'aime beaucoup cette sonorité : "Je suis celui qui naît
Je suis celui qui n'a",
mais il me manque quelque chose après, tout de même.
Et je crois qu'il faut se perdre un peu, pour se trouver...

C'est vrai qu'il y a de la force dans ce que tu écris :
"Reste bien sage au ras des langues de bitume..."
Pour ma part cependant, je ne partage plus cette facination pour "les révoltés" et "les associals tatoués" ! même si je la comprends.
Je pense que la révolte n'est jamais qu'une étape, un moyen.
Elle n'est pas une fin en soi...