Graines de chaos

GRAINES DE CHAOS



Dans nos geôles de conscience
sous nos arbres de connaissance
nous récoltons les fruits
que nos aïeux semèrent

et semons nous-mêmes
les graines du chaos

Dans nos fours purgatoires
nous peinons encore
à consumer les rites
honteux héritages
des grands anciens

fondateurs naïfs
de hautes illusions
chroniques obsolètes
dont la pérennité obstinée
trace inexorable
l'apocalyptique tranchant

Les nouveaux dieux
nous attribuent des matricules
prônent d'habiles rituels
au consumérisme péremptoire

affrètent les galères
les maquillent en arches
décorent les cales
en première classe
carton-pâte
abreuvent d'idéal
les équipages aveugles
que nous enfantons
et qui nous abreuvent à leur tour

Nous sommes dressés à croire
et non à savoir
car la croyance est manipulable
et le savoir dangereux

Nous croyons que nous savons
mais nous savons que nous croyons

Nous sommes nous-mêmes
les graines du chaos.

Pfff, 19H56 ? Tu n'es pas censé prendre le train, là ? Tu vas encore courir, sûr... J'te jure, les bonshommes...
Sinon, évidemment, respect. J'ai l'impression, même si j'ai déjà lu et apprécié ce texte, que tu te trouves dans une période encore plus "engagée". Tu scrutes l"humanité avec une grande désillusion, parfois même je trouve avec un certain désespoir, mais toujours avec une lucidité et au fond une grande tendresse.
C'est d'une grande force, et j'apprécie particulièrement le titre.

Commenter un texte aussi dense... Juste dire que j'ai lu, qu'il est d'une lucidité implacable et d'une poésie philosophique, brute et râpeuse.
Cette belle boucle entre "nous semons nous-mêmes" et "nous sommes nous mêmes" les graines du chaos.
J'aime tout particulièrement à partir de "nous attribuent des matricules"... Si j'étais optimiste, je dirais qu'il suffirait d'arrêter de croire. C'est douloureux. Très. Et pourtant essentiel.

Nous sommes dressés à croire
et non à savoir
car la croyance est manipulable
et le savoir dangereux

Tout est la dans ce texte-traité qui rappelle les évidences que nous dépassons tous les jours sans rendre le temps à voir de près ce que cache la science et l'héritage des nos ancêtres.

Cordialement Solweig

Ce n'est pas à toi ineffable Guru que j'apprendrais que Bouddha signifie "éveillé" , tu en sais bien plus long que moi là dessus. Bon, je comprends pour ma part qu' il s'agit de voir "clair". Dans le même esprit on peut se rapporter à l'allégorie de la caverne citée dans la République de Platon...Hélas quand les archétypes se mélangent aux préjugés ça nous fait un sacré pastis tu ne crois pas ? Avec mes plus vifs compliments. LOUP.

notre guru eût été brûlé vif , il y a peu, pour moins que cela...; et j'en vois la preuve que le "semis" progresse en qualité.
Je me reconnais entièrement dans ce texte, dans sa démarche intellectuelle.
La situation actuelle n'est-elle pas une co-existance entre ceux qui ont encore besoin de croire en nourissant leurs illusions de "certitudes" et ceux qui se satisfont d'"être sages", simplement?
merci, filo!

moi je crois que je ne sais rien et je sais que je ne crois rien, en somme j ai tout a apprendre, le croire et le savoir...mais ni l un ni l autre ne me conviennent.... so....?

Un constat qui invite à : "Retourner à sa racine... à son "lot", à son calme... silencieux, fondamental.
Retourner à son lot de vie... retourner à "ce qui demeure"...

LAOZI : "Le Daodejing".

Totale Filo!
Bon je traduis "totale" ???

Enfin, non, avec ce que Wielk (la caverne) et Mick ont dit, j'ai pas besoin de traduire, juste que, je commence à penser que la Gardienne pourrait t'ouvrir les Brumes d'Avalon!
Parce que quelque part je crois que tu as compris!

Et pis comment tu veux mettre un com qui tienne sur un texte pareil?