Alors voilà, dans mon manteau mortuaire, tous les matins, c'est la marche du pendu. Les gants enfoncés dans les poches, les épaules carrés vers le gris du ciel nuit et les omoplates ailées, la tête qui chute sur le bitume pétrole, le menton oblique en-dedans la courbe du cou et rasant la poitrine, les bras tendus en arcs pour maintenir le dos rond. A grands pas de corbeau, un fêtu de paille dans les cheveux, je pleure en titubant. Les yeux révulsés du froid vers l'âme frigorifiée. Des engelures au sourire. Les pieds repus du cuir martelé: trop vieilles, les chaussures ont perdu de leur élasticité tel un oiseur déplumé et dérapent en semelles de crêpe. Le zip jusqu'en haut des paupières, me voilà, la plus belle à la morgue. En jambes mécaniques, le chemin défile comme une pelote de laine. C'est la marche du pendu.
Malgrè le tout presque recousu de face, la fermeture éclaire n'atteint pas la strangulation.
La lune a jeté son filet et me traîne sur ses quarts toute la journée. Ma gorge rétrécit si je ne suis pas docile.
C'est pour ça que je replie les os durs dans ma chair : pour ne pas qu'elle m'attrape. C'est la marche du pendu.
Caddy: 06 décembre 2008