Il était un songe ... (en plusieurs parties)

Disciple Nombre de messages : 32 Date d'inscription : 17/03/2009

C'était pourtant simple, il suffisait de marcher tout droit, de ne plus penser à rien, de regarder les flocons fondre sur les visages rougis par le froid et la joie. L'air était tellement saturé de rires cristallins, de regards étoilés qu'on entendrait presque les cristaux glacés tintés en tourbillonnant dans le vent. Ce vent me déchirait, ma tête était un courant d'air. La ville avait su redonner vie aux arbres morts avec ces guirlandes illuminant leurs branches nues. Je me sentais enfin à ma place au milieu de la cohue, tout se bousculait, s'interpellait en riant, se tenait par la main ...

Mais quelque chose clochait, un rouage quelque part dans l'énorme machine du temps s'était coincé en un affreux crissement métallique et sinistre... Il fallait qu'il reprenne sa course, qu'il égrène encore insouciamment ses petites secondes ... Que le bruit sourd de mon cœur qui martelait les minutes trop lentement cesse de répéter pourquoi ? Pourquoi ?

Pourquoi es-tu parti ? Entendais-je hurler soudain le vent tandis que mes larmes se perdaient dans mon cou. Je ne pensais pas qu'il me transpercerait autant, mon cœur était un courant d'air.
Pourquoi es-tu parti ? me susurrait-il cruel, j'avais l'impression que mon âme était une cathédrale où se répercutait mes pensées.

Je l'ai laissé partir sans rien dire. Qu'aurait-il fallu dire ? Je n'ai jamais su si je l'aimais ou non. Il avait été là où il devait être; un point c'est tout. Je savais qu'il devait partir un jour et il est parti.

Je m'étais menti pendant tout ce temps. Pendant tout ce temps, j'avais eu besoin de lui, de faire partie de lui, d'être sa lumière, d'être tout entière à lui. Et la douleur me lacérait les côtes comme si je n'étais plus qu'un sac d'os, même plus humaine maintenant ...

Et maintenant ? C'était la fin ? Par pitié, pas une seconde fois ... Les démons sont revenus, n'est-ce pas ? Tu les sens frémir de joie à l'idée que personne ne pourra plus les arrêter ....

J'ai cru me heurter à un mur tellement l'impact a été violent. Un badaud trop empressé pour me voir.
Je ne l'ai tout simplement pas vu.

Le temps était reparti me laissant derrière lui glacée jusqu'au fin fond de ce qui restait de moi. Imitation décharnée, squelettique de ce que j'avais pu être quand il était encore là. J'avais besoin des autres pour exister, seule je n'étais rien qu'une silhouette fantomatique dans le froid polaire, qu'un masque en papier mâché.

Demain, il faudrait ouvrir les yeux sur un jour gris tandis que je me serais enfoncée dans le noir encre de la nuit. Je ne dormirais pas et des ombres commenceront à danser sous mes yeux avant d'y élire domicile jusqu'à la fin ou le début, je ne sais plus.

J'eus froid et décidai de rentrer; qui ferait écho à ma souffrance dehors à part le vent à qui je voulais échapper ?

Le ventre rond de ma baignoire m'accueillit et je sentis mes doigts endoloris par le froid se réchauffer dans l'eau chaude et presque réconfortante. Dans la position fœtale, la tête sous l'eau pour me régaler de la pression exercée sur mes oreilles pour que le silence restent pendant que l'air s'en allait, je me fis l'effet d'une rose qui se fanait, d'un animal blessé qui se rétracte au fond de son terrier ... Je me contorsionnais en vain pour prendre le moins de place possible ...

J'aurais voulu disparaître ou rester là pour toujours mais ce n'était pas humainement possible et dieu sait si je suis humaine, le sait-il ? Ce petit vieux fou souriant, assis quelque part, nous scrutant de là haut avec ses petits yeux perçant. Non, je n'y crois pas. Je ne crois en rien. Je croyais en lui.
Lui, faut-il se rappeler son nom où juste se souvenir de sa façon de sourire ?

J'ai mal.

Je suis sortie et me suis drapée d'une serviette trop rêche qui se chargeait de me rappeler avec force que ses mains avait été infiniment douces dans mon dos. Toutes les pièces témoignaient du vide qu'il avait laissé derrière lui. Et mon appartement dans son mutisme palpable, m'agressait avec tous ses moments fantômes ressuscités, le salon, la cuisine, la chambre .... Rien ... Plus jamais .... Pour ne plus rien voir, j'ai fermé toute les lumières.
Voilà, il n'y avait plus personne.
Slalomant dans ce qui avait été le salon, me cognant aux meubles, je m'affalais enfin dans le canapé; mes jambes avaient refusé de me soutenir plus loin.
Dehors, il neigeait toujours.

Ma tête était comme vide, pris d'un étau insupportable et mes yeux perpétuellement humide papillonnait inutilement dans l'obscur-clarté qui tapissait le sol; pauvre trouée vers le ciel où la lune se cachait derrière les nuages par intermittences battant la mesure du silence.

Mes yeux aveugles avaient fini par fixer un point, sur la table basse sur laquelle était perchée une vieille lampe tordue. Juste à côté, il y avait un petit papier qui semble-t-il avait cherché à capter mon attention depuis un certain bout de temps et je le vis enfin. Je voulus réagir promptement mais n'obtins qu'une protestation léthargique de mon corps épuisé. J'étirais mollement mon bras et m'emparais du papier en tremblant.

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Caddy: Janvier 2008 - Heartbreaker

Prophète Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007

Heu, il y a une suite ? Parce que j'attends la chute (ou j'ai loupé un tournant ?)
Voilà un texte plein de force et d'intimité, on rentre vraiment dans ton monde. Je regrette le "trop-plein" : un peu trop de surcharge,un peu trop d'adjectifs, et même, ce qui est le comble, un peu trop de sentiments. Je ne sais pas, un peu trop de tout.
Mais j'admire cette façon que tu as de mettre à nu le coeur de l'amour, ou du désamour. Ce n'est pas simple, peut être est-ce cette crudité qui me bloque.

Disciple Nombre de messages : 32 Date d'inscription : 17/03/2009

Je n'oublierais pas

Trois mots et j'éclatais enfin. C'était lui, c'est sûr. Ses mots avaient été aussi doux et furtifs que le dernier baiser qu'il m'avait donné, aussi léger qu'un papillon.

Lorsque l'aurore se coula sous mes paupières, il fallut se lever. La lumière paraissait pourtant la même. Regarde-le, ce jour se profiler à l'horizon; que restera-t-il de moi ?

Pour chasser cet état semi-comateux, je tâtonnais d'un pied endormi l'appartement désert à la recherche de la salle de bain.
Passant sous une cascade d'eau, il me sembla que la raison réitérait tristement sa place. Ce ne sera plus jamais comme avant. L'apesanteur sembla tanguer sous cette révélation et je me retrouvai six pieds sous terre. Redescendue de mon idylle invisible et voué à l'échec.
Je m'aperçus qu'il y avait quelque chose d'anormal, outre le vide blessant, dans cet appartement troué.
Quelque chose qui me parcourra tout le long de l'échine avec ses griffes acérées. La frayeur vicieuse qui s'était coulée dans mon dos débloqua enfin mes poumons et j'entendis siffler à mes oreilles un cri de terreur. Avec un hoquet de surprise, je me rendis compte que ce son était sorti de ma bouche tremblante tandis que mon pouls ne se calmait pas. Car ce que je vis, me creva les yeux.

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Caddy : Janvier 2008

Maître Nombre de messages : 1339 Age : 59 Date d'inscription : 11/12/2008

Un peu trop "trop", peut-être comme Constance. Mais ce qui me plaît, c'est que ton texte est sensuel, visuel. La neige, la ville, la cohue, "l'impact" avec le badaud, la baignoire, l'appartement, le canapé, le bout de papier... On dirait presque un scénario. Après, si on ferme les yeux, on peut se demander si on a lu un texte ou vu un film.
Sauf que... il y a une suite... Je n'aime pas les feuilletons... Elle est quand la suite ? Hein ???

Juste un bémol. Les textes mériteraient une bonne relecture, certaines tournures écorchent l'oreille comme "qu'on entendrait", ou "il fallut se lever", ou "Quelque chose qui me parcourra tout le long de l'échine"...

» En plusieurs strophes le dirai-je ?
» Il était un homme.
» Il était une fois ...
» Sa liberté était belle
» Ce matin j'ai tué un homme... c'était une femme.