Je pense donc j'essuie

Je pense donc j'essuie.... cette larme qui coule malgré moi, comme un débordement humide de vague à l'âme.... Cette larme c'est mon arme pour aimer encore la vie et poursuivre la route, sourire aux lèvres et rire au vent. Je pense ... que je suis là. Toujours là.

Et puis...

Un grain de folie au bord de l’œil
Eternuant ma gaité aux oraisons cosmiques
Le nez aux fleurs, l’humeur au vent
Cœur souriant,
Accrochée au bastingage de la vie
J’observe l’horizon déployé
Sur un ciel aux allures de miracle

Je suis le capitaine de ce rafiot que l’on dit de fortune
Et je navigue à vue sur le tropique du cancer
J’y ai connu un rude hiver et quelques avaries
Me suis vue en cale sèche, le sel brûlant ma carcasse
C’était si tristement terrible que j’ai quitté le port
Et suis partie aux dix huit mille vents
Espérer quelque printemps d’emprunt
A défaut d’un coucou
Buvardant le bonheur d’un couple heureux croisé
Image subtilement douloureuse de doigts entrecroisés

Il faut s’aimer quand même jusqu’au jour de mourir,
Même si ça fait du mal et qu’on ressemble à rien
Même si j’avais trop mal pour lui tenir la main
S’aimer quand même à en vomir l’amour
S’échappant en volutes assassines
Lorsqu’il se multiplie malgré vous,
Lorsqu’il vous rend encore plus faible,
Si c’est possible

La faiblesse
Je l’ai bien connue naguère ;
Elle m’habita longtemps,
Me fit la cour souvent.
Et moi je me sauvais, éperdue.
De port en port, je cherchais mon voilier
Et ce corps désarticulé
Qui voulait du coup s’échapper !
Rattraper mille mains tendues
Ou alors espérer la tienne.

Je ne sais pas si tu es venu,
Si tu m’as vue ainsi
Je luttais tant que je ne voyais plus.
Je croyais aimer mais je n’aimais plus

Depuis quelques lunes j’ai repris mes voyages
Et je vous croise en sourire, émerveillée
Respirant la vie à petits soupirs,
J’y trempe les doigts goulument,
Plus gloutonne que jamais.

Et désormais je n’aime plus.
J’essaie seulement d’aimer.


Cathecrit, 13 août 2008 et 15 mai 2009

Alors moi, je suis bouleversée.
C'est un texte magnifique.

Quelle justesse, pour dire ces choses sans faux-fuyants, ni pleurnicherie... Quelle leçon d'espoir.

"Il faut s’aimer quand même jusqu’au jour de mourir"

Merci, cath.

D'accord avec LaBourrique !
Là ça touche en profondeur.
Mais 'essayer d'aimer', c'est une chose que j'ai du mal à concevoir tout de même.

L'idée c'est que lorsque l'on dit "je t'aime", on trop affirmatif et on ne prend pas en compte tous les paramètres.
"Essayer d'aimer", quoiqu'étant moins musical, me paraîtlus proche de la réalité... A essayer d'aimer on y réussit forcément, par moment. Et le doute ou les échecs passagés nous font garder le désir de voir la relation évoluer, devenir plus ... toujours plus. Etre convaincu que l'on aime, sans avoir de doute peut amener à une relation faite d'habitude et de trop de certitudes.
Non ?

C'est comme ça que je le voyais : l'amour n'est plus une fatalité romantique ( "je t'aime j'y peux rien c'est comme ça! malgré toi et malgré moi" ) mais un cheminement, difficile parfois, vers l'autre... C'est une volonté, on ne subit plus l'amour, on le construit.

Vouiiiiiiiiiii, c'est tout à fait ça !

Je t'aimeu ma Bourrique (enfin j'essaye hein, mais seulement quand je me connecte ... plus, ce serait trop !)

...

Enfin, ça sous entend un milliard de choses cette phrase, " je n'aime plus, j'essaie seulement d'aimer"... On pourrait en faire une thèse. Plus j'y pense et plus y'a des pensées qui se bousculent ...
Ca fait réfléchir , ton truc, Cath... !
C'est puissant !

Beaucoup de choses intéressante dans cette poésie en prose, comme toujours chez Cathecrit.

Personnellement je n'aime pas trop l'expression "essayer d'aimer"...je comprends "essayer de ne pas haïr", "essayer d'oublier ses blessures d'amour propre", mais AIMER ?
Je ne prône pas l'amour aveugle, et aimer n'empêche pas les discussions, les difficultés de parcours commun à résoudre...mais si on se force à aimer on n'aime pas, il me semble. On peut se forcer à découvrir les qualités de l'autre, jusqu'à l'aimer, mais après on aime son ami, son amant...

...ou alors parfois on a trop de souffrance en nous, et pour l' amour de ceux qui nous aiment on s'accroche à la vie, à cet amour...et on a l'impression de se forcer à aimer, l'impression.

Ouf, vrai, tu nous fais réfléchir !

Ben c'est comme en fait dire : "je vais faire de mon mieux" ça sous entend qu'on est sûr de soi, qu'on a pas de doute sur ses capacités, ( en l'occurrence sur ses capacités à aimer du mieux qu'on peut ) Mais si tu dis : je vais "essayer" de faire de mon mieux , c'est que tu annonces tes faiblesses, que tu sais très bien que c'est difficile...que rien n'est acquis, mais que tu veux quand même le faire.
Ca sous entend que tu vas faire encore plus d'effort, encore plus attention !
C'est comme dans le texte en fait : quand on a été proche de la mort, on "essaye" après de faire des efforts pour vivre mieux, (parce que c'est pas acquis) on se contente pas de survivre.

Enfin bref, une thèse je vous dis !

Tu brûles Bourrique, tu brûles ! Mais ne crame pas surtout....
Mes compliments, c'est vraiment ça : quand on a été proche de la mort, après tous nos efforts portent sur le mieux vivre et ne se battre que pour l'essentiel...
La vie, l'amour, le bonheur, se faire plaisir...
Oui, passionnant sujet.

Apparté pour Garance : va voir sur ma page perso, tu verras que je n'ai pas toujours écrit en prose. Les derniers textes, c'est vrai. Je dis d'ailleurs que j'écris plutôt des poésies que des poèmes.

Merci à tous d'être passés

Très beau texte, que je trouve parfois un peu inégal, mais qui porte un message magnifique et qui me touche profondément. Je trouve le début bien plus poétique et abouti que la fin, on dirait que tu t'essouffles un peu (je parle de la simple beauté poétique, non du fond qui reste tout aussi intéressant).
Le "et qu'on ressemble à rien" me semble bien familier et peu harmonieux : mettre la négation, voire "et qu'on n'ressemble à rien", sonnerait mieux à mon sens.
Pour tous les commentaires suscités par ce texte, et certes il fait réfléchir, je modérerais le propos, comme Garance.
"essayer d'aimer", je ne vois pas comment.
Et si, bourriquette, l'amour est pour moi une sorte de fatalité, romantique ou non, sans forcément l'acception négative du terme. On ne choisit pas d'aimer un homme, comme on ne décide pas de ne plus l'aimer à la commande : ça vous tombe dessus, lutter serait vain, et pas très malin en plus. La volonté n'a vraiment rien à voir là-dedans, ce serait trop facile !
Après bien sûr, on peut construire, ou être détruit, mais à mon sens l'amour ne dépend pas de la raison, il se niche dans les tripes, le coeur, l'âme, et si on veut l'extirper de force, on arrache le tout.
Et non, Cath, ne pas douter de l'amour, ce n'est pas s'enfermer dans des habitudes, c'est savoir, même faux. Si on doute, on a déjà évolué vers autre chose que l'amour.

Cathecrit a écrit:

Je dis d'ailleurs que j'écris plutôt des poésies que des poèmes.

Tu voulais sans doute dire "de la poésie, plutôt que des poèmes".

(on pourrait dire "de la littérature plutôt que des lettres" ou "de la musique plutôt que des morceaux de musique" )
Tu vois la différence ?
"une poésie" ça me rappelle les récitations à l'école. Disons "la poésie".

Oui mais là, Constancita, je pense qu'il ne s'agit pas d'amour pour un homme, ou de tomber amoureux. Il s'agit d'amour tout court.

Pour tous et pour tout. Les enfants, les voisins , le chocolat... les épinards !
Même ce qu'on est pas sensé apprecier, on va essayer de l'aimer !

[mode boulet] Très beau poème ! [/mode boulet]

"J'aime"... un constat.
"J'essaye d'aimer".. un combat!
Enfin, je le lis comme ça, et je trouve ce poème-prophétie-confession criant de sincérité.
Pour avoir souvent baissé les bras dans ce combat là, si peu ressemblant à l'amour-passion fusionnel, facile et renouvelable à l'infini, je prends ces lignes de Cath comme un éclairage de notre humain destin, une clef.... comme un chiffon humide passé sur une mosaïque et qui en dévoile soudain toute la subtile beauté.
merci Cath
Mick

Je m'en fiche, s'il y a des imperfections, dans ce texte-là. Ouais, je m'en fiche, parce que j'en retire l'essence d'une sincérité belle, belle, d'habitude on dit "belle à mourir", ben moi j'ai envie de dire "belle à vivre".

Et puis "essayer d'aimer" ça veut bien dire ce que ça veut dire. On a tellement bafoué l'amour, si on regarde derrière soi, tellement. Alors essayer, c'est peut-être mieux que penser être sûr et balbutier malgré.

Romane a écrit:

Je m'en fiche, s'il y a des imperfections, dans ce texte-là. Ouais, je m'en fiche, parce que j'en retire l'essence d'une sincérité belle, belle, d'habitude on dit "belle à mourir", ben moi j'ai envie de dire "belle à vivre".

Et puis "essayer d'aimer" ça veut bien dire ce que ça veut dire. On a tellement bafoué l'amour, si on regarde derrière soi, tellement. Alors essayer, c'est peut-être mieux que penser être sûr et balbutier malgré.

voilà!!
décodage approuvé!

mick a écrit:

voilà!!
décodage approuvé!

Non mais là c'est normal, il est presque minuit. Je me sens enfin réveillée.

(pardon Cath, ce n'était qu'un sous post-scriptum)

Pas de souci chère Romane, c'est toi qui a su décoder ce texte au plus près ! Suis entièrement d'ac.

Merci à tous pour vos coms instructifs.

L'amour, on le voit, déclenche, sinon les passions, du moins en ces lieux, un véritable intérêt qui malgré nos soucis, nos maladies et les heures se transformant parfois si vite en siècles.... nous attire les uns vers les autres !

Vraiment, je suis ravie. Continuez.
Bises à tous

Romane, il paraît que tu t'intéresses aussi au théatre. Est-ce vrai ??

Cathecrit a écrit:

Pas de souci chère Romane, c'est toi qui a su décoder ce texte au plus près ! Suis entièrement d'ac.

Avec mon air con et ma vue basse, t'inquiète, je capitalise pas mal de trucs dans ma petite tête...

Citation :

Romane, il paraît que tu t'intéresses aussi au théatre. Est-ce vrai ??

On peut dire ça comme ça ; c'est ce qui occupe les trois quart de mes activités, tu vouas ?

Je vouas.
Moi, ça occupe pas mal de mes loisirs. Je suis une théatreuse amateur et j'aime ça ! Je t'envie , même si c'est un peut stupide de le penser et même si mon métier me donne beaucoup de satisfactions et de plaisirs.

Cathecrit a écrit:

Je vouas.
Moi, ça occupe pas mal de mes loisirs. Je suis une théatreuse amateur et j'aime ça ! Je t'envie , même si c'est un peut stupide de le penser et même si mon métier me donne beaucoup de satisfactions et de plaisirs.

C'est une leçon perpétuelle de vie. J'apprends l'humain sans discontinuer, par le théâtre entre autres.
Bon mais en même temps, hein, il y a l'adrénaline. Là tu vois, j'ai trois pièces sur le feu. Jour J : 6 juin. Ben euh... tu vouas ?

Bon. En gros : j'écris, je mets en scène, et parfois (je dis bien parfois) je joue.
J'en ai en vrai trois sur le point d'être jouées, dans lesquelles je ne joue pas.
Et une en gestation, dans laquelle je jouerai avec un de mes grands amis, quand nous serons prêts.

Ben moi, je vais participer à un ti spectacle avec l'école d'art dramatique de ma tout tite commune et avec mon prof (qui a été au cours Florent ). Ce sera le 30 mai, le thème est "mieux vieillir" et j'y ferai un monologue que Judith Magre avait naguère joué "Venise zigouillé" de Jean-Michel RIBES.
ça me fait environ 20 minutes sur scène et je m'éclate ! Vraiment, j'aurais beaucoup aimé faire ce boulot mais... il n'y a que 3 ans que je fais du théatre. Avant, mes passions étant multiples, allaient plus vers la musique, le chant et la danse.
Et puis professionnellement, je me suis dirigée vers les métiers liés à l'enfance et je ne regrette pas. D'autant que dans le métier de comédien, il y a fort peu d'élus... Et fort peu de revenus, fixes en tout cas.
Woualà . . .
Y a-t-il moyen de lire quelque part ce que tu écris ?

Déjà, tout dépend si tu as ou pas des prédispositions particulières. J'ai monté la troupe après seulement deux ans de pratique dans un atelier, en découvrant de but en blanc dès la première année que j'étais tout à fait capable d'écrire du théâtre, et depuis, je n'ai plus cessé. Et puis ces deux premières années, j'étais sur scène, mais j'ai tout de suite eu un tas d'idées pour la mise en scène et puis voilà, c'est comme ça que la troupe a fini par naître deux ans plus tard, en 99.

J'écris en moyenne trois à quatre pièces par an, et je les mets toutes en scène, bien sûr elles sont jouées.
Un atelier enfant, un atelier ados, une troupe adultes.

Cette année, je présente :

- Enfants : un conte "Fantaisie pour un sérieux" que j'avais écrit en je ne sais plus quelle année, et qui avait été primé (ça doit faire un bail, parce que depuis belle lurette les concours et moi, bof bof, c'était juste au début, pour me situer un peu). J'ai donc repris le conte et l'ai transformé en pièce de théâtre.

- Ados : un polar que j'ai bêtement titré "Polar en direct" parce qu'il est un peu particulier, à la Ro, quoi, surprenant, pour résumer.

- Adultes : "L'Avenue des Croisements", une pièce pas conventionnelle du tout, dont le propos traite de la création. Si je devais résumer, je dirais "Pour la naissance d'une création, mille idées avortent".

J'ai du poster quelques textes, mais très peu, car il faudrait que je les mette tous en forme ; j'utilise quand j'écris, et notamment pour les didascalies, un langage qui m'est particulier et que j'emploie techniquement quand je fais la mise en scène. Il faut que je reprenne tout pour rendre ces passages lisibles par n'importe qui, en somme.
Je crois me souvenir (filo pourrait me confirmer, il était là) que l'an dernier, après "La Tulipe Noire", plusieurs personnes du public sont venues me demander le texte, je leur ai envoyé par mail, sans rien retoucher, les laissant en faire ce qu'ils voudraient. Un ami me dit que j'ai tort, que je devrais les vendre. J'sais pas me vendre.

Tu peux jeter un oeil sur mon blog, il y a un volet théâtre, que j'alimente trop peu par manque de temps. En fait, là où j'en parle le plus régulièrement et le plus complètement, c'est sur LU, tout bêtement.

Je suis résolument tournée vers la création, la double création, donc : écriture / mise en scène. Parce que je bouillonne.

Vingt minutes de monologue, c'est pas mal du tout, tu sais ! Tu vas t'éclater, j'en suis archi certaine !!

Là, outre les trois sur le point d'être livrées au public, je travaille sur un truc que je crée pour un pote et moi. Avec le piment supplémentaire : au moins six cent kilomètres nous séparent. Je fais toujours dans la facilité, je dois dire.

Tes projets ont l'air très très chouettes et je serais ravie de venir les voir, enfin selon mes dispo et selon ou ça se joue.

Sinon, moi aussi je bricole des petites scenettes et l'on a fait une lecture, mon prof et moi de l'une d'entre elle l'an dernier. J'ai démarré l'écriture d'une pièce mais ça n'avance pas parce que... y a le boulot, parce que j'écris un bouquin, de la poésie, parce que je peins et qu'accéssoirement j'essaie de passer un peu de temps avec ma famille !!
Mais je suis incontestablement une théatreuse, d'après mon prof en tout cas qui, dès que je suis arrivée il y a 4 ans, m'a donné un 2ème rôle dans une pièce "Le cimetière des éléphants" de Jean-Paul DAUMAS. Sais pas si tu connais...
Bon je vais aller voir sur LU mais je passerais bien aussi voir ton blog, sûrement as-tu mis l'adresse quelque part ici.
Bises et merci pour ce long com.