Ombre chinoise ou éminence grise
Ombre
Où t’en vas-tu dans la nuit
Noire et entière je suis à l’heure
Sombre silhouette qui panse le jour
Naissant
La lumière affûte le tranchant
De sa lame – je livre mon profil
À son geste épure inévitable
Mon ombre chute – dissociée de mon être
Par mes pieds relié alors
Je traîne mon double obscur
J’appelle
Au zénith le soleil
À la nuit sans lune
Mes alliés
L’éclairement oblique
Vampirise mon être
Je le vois flirter de biais
Et mon ombre s’incline
Jouant la démesure
Je ne cacherai rien - je ne cèlerai pas mes mirages
Midi passé au cadran solaire…
Mon apparence parle à mes dépens
Miroir-déformant de mes intentions
Elle prolonge le mouvement de mes gestes
Dois-je attendre jusqu’au soir
Ou me couler dans l’ombre d’une ombre
Absorbée dans l’obscurité
Ma nuit devient blanche
Et la lumière irradie -
Une bougie flottante
Sur un lac intime
*
J’aimerais porter une ombre
Marc Chagall ou Franz Marc
Voir Delaunay et puis courir !
Mon double ombrageux
Dévoreur de lumière
Ne peux-tu t’habiller de couleurs
Et changer de costume au gré de mes humeurs ?
Jamais tu ne seras gris
Et si les hasards de la vie
Me rendent triste
Les regards de mes amis
Te transformeront en tableau
De Renoir ou bien de Turner
Et en rentrant chez moi le soir
Je rassemblerai ces oeuvres
Et les lirai avant de dormir
*
Amour semé