La rumeur

La rumeur

On dit que la rumeur court par les rues ventées, quand elle sera au port ferait couler la barque. Les chuchotis déroulent comme feuilles bien sèches bruissant sur le trottoir ...Mais de quel arbre viennent ces peaux mortes venin? De quel arbre dans la forêt des frottements? Volets clos ajourés où le regard épie. Chuchotis mains nouées...Ah, je la tiens la confidence, au chaud comme alcool lampé cul sec. Double plaisir pervers marmonné à l'oreille, ampoulé par la bouche. Grimace d'aise au jeu du faire payer, à porter les mots au nues des médisances.
C'est fait, la rumeur a tué! Oh le pauvre, si brave, si amène, peut-être une légende, une épopée pour gommer le trait forcé du dénigrement, pour lui redonner forme à pleurer vrai?
La rue meurt, la rumeur, noire soeur, noirceur.

En vérité je vous le dis: ces mots jouent une musique d'alerte, qui gêne pour se délecter quiètement de la rumeur!

Oui, une urgence, comme une pression entre les tempes, les mots coulent sans qu'on puisse les retenir. L'effet est réussi.

Va falloir que je me tienne, il y a un certain niveau ici, trouve-je!

Merci

L.

Ha que j'ai aimé cette lecture. Forte et spontanée, du moins on dirait.
J'aime moins les deux jeux de mots à la fin, même s'ils trouvent une validation dans le reste, et même si je me suis déjà amusé dans le même registre.

La "forêt des frottements", et le "pleurer vrai" : oui !

J'aime beaucoup aussi ces jeux de mot et surtout le fait que tu les délivres à la fin, ce qui leur confère leur légitimité, une présence appréciée.
Je t'aime bien dans ce registre là avec ces images existentielles "Mais de quel arbre viennent ces peaux mortes venin?", ce fléau récurrent qu'est la rumeur qui oui, tue, anéantit, détruit
"Volets clos ajourés où le regard épie." à cause d'un bourdonnement insidieux.

Une écriture qui nous plonge direct dans une idée, voilà qui me plait.
Je n'aime pas beaucoup cette tournure : "Chuchotis mains nouées".
Mais j'apprécie immodérément les jeux de mots de la fin, pourtant je ne suis pas du tout portée sur ce genre de chose.

toutes ces tournures, Constance, me sont venues à partir d'images flash qui me sont passées par la tête...j'ai essayé de les retranscrire en mots.
Merci de vos lectures, tous.

Rien ne se faufilera sans être remarqué de ta plume de poète
lucide.


Tu pèches, inlassable, tes sujets n’apporte où, et avec une
telle maîtrise. Rien ne t’échappe…


Bravo. Solweig