Trajectoire

Traîné contre les marques de route
Crevasses de carrosserie
Aux parfums d'herbe fraîche, arrachés aux rochers
Qui fouettent ta face comme les flancs épars
Ces ailes lacérées qui t'enlacent
Te brisent en dansant sans souci du silence
Jusqu'à la transe, l'enroulement rapide
Vers le vide
La calandre encastrée dans la tôle et la terre
L'essieu dévissé au sourire insidieux
Sur le sol, simple survol
Souvenir du soleil de sa chute soudaine
Dans l'éclair ou l'air éclatant de lumière
Et les traces de toi qui dégrisent
S'éteignent et grésillent doucement sous l’acier
Puis le calme absolu d'une nouvelle lune
Qui veille enfin sur toi.

Tu es comme elle
Une lumière opaque
L’huile sur la rosée aux pointes des fougères
Et l’odeur de brûlé…

Tu nous laisses derrière.

C'est dit avec force et originalité. Un mélange étrange de technologie et de poésie, j'avoue que le contraste me séduit. Mais c'est surtout la grande sensibilité que je perçois ici, un sentiment fort et douloureux, qui m'émeut profondément.

Merci à toi. Cela me touche, ce commentaire fait du bien.

Parfois je me dis que tout est trop planqué derrière les mots, que je finis par ne rien faire passer outre les sonorités... Que c'est trop compliqué pour atteindre la paire d'yeux qui s'y attarde.

Parler à autre chose qu'à la raison... Plutôt déraisonnable, comme nous tous, non ?

Grand merci, encore.

L.

Difficile de commenter un tel texte !
Quand la réalité confond dans le décor végétal, mécanique, et vie humaine /
du choc semble naître la poésie ; perception d'une beauté inaltérable au- delà de la stupeur.

Ton poème est bouleversant, d'une grande originalité. Il me renvoie à des images très dures que j'ai vécues sur les routes de Corse où l'oiseau qui chante survole la mort. Simple accident ou volonté de mourir ? En tout cas un texte magistral !

Texte magnifique. Et comme le dit Constance, "ce mélange de technologie et de poésie" me plaît beaucoup. Scène terrible par ce mélange réalité crue et onirisme, et des expressions déroutantes (sans aucun jeu de mot piteux) comme ce "L'essieu dévissé au sourire insidieux".

Merci à vous. J'aime beaucoup vos commentaires: "beauté inaltérable au-delà de la stupeur"; "l'oiseau qui chante survole la mort"; "réalité crue et onirisme"... Si je n'étais moi et un perpétuel insatisfait, je serais presque fier de les avoir suscités. Avec mon cousin à qui ce texte est dédié.

Merci encore pour vos mots-cadeaux en cette période de fêtes que je vous souhaite fabuleuses.

L.

"un sentiment fort et douloureux" a dit Constance ... Même impression qui m'impose le silence ... silence admiratif, je précise