Morgane Maître
Nombre de messages : 1711 Age : 76 Date d'inscription : 09/07/2007
| Sujet: Etre Français Mar 5 Jan - 18:27 | |
| 04/01/10Après moult hésitations entre "Actu" et "Nouvelle" je poste ça ici. Parce que c'est certes déclenché par l'actu, mais c'est aussi un texte personnel, beaucoup plus que je ne l'avais prévu. J'ai remanié un peu le premier jet dans un sens plus "littéraire". Mais Filo, si tu penses que c'est pas sa place, à toi de voir où le mettre. ETRE FRANÇAIS
Je sais ne toujours pas ce que ça veut dire.Je suis bien allée par acquis de conscience sur le « Site officiel », mais j’y ai rien lu d’intéressant et des interventions de braves citoyens plutôt navrantes dans l’ensemble ! Ou plutôt si, je crois que je le sais, mais que je n'éprouve aucun besoin de le définir, c'est comme ça, je ne me suis jamais posée la question. J'ai vécu 10 années loin de France, même si c'était sur un territoire théoriquement français, je n'étais pas en France, et je ne savais pas qu'elle pourrait me manquer. Le "Débat" n'a aucun sens, aucune raison d'être en deça d'un coup, politico-médiatique. C'est un trompe l'oeil qui n'avance à rien, qui fait juste ressortir les rancoeurs et les haines recuites de l'autre... Ce n'est pas ça "Ma France" à moi, c'est celle que chante Jean Ferrat " De plaines en forêts de vallons en collines Du printemps qui va naître à tes mortes saisons De ce que j'ai vécu à ce que j'imagine De n'en finirai pas d'écrire ta chanson..." "Ce que j'ai vécu", que j'avais laissé endormi dans un coin de passé que je ne fouillais pas, s'éveille,leurs fausses discussions fumeuses auront eu au moins cet effet: me rendre la mémoire! J’ai grandi dans un quartier populaire, avec une bande de gamins de mon âge, c’était le Paris de Doisneau, et la rue nous appartenait. On allait à la même école, et on jouait après les devoirs. L’école était respectée, on ne pouvait se défouler qu’après nos devoirs accomplis.On ne se souciait guère de savoir qu’elle était un outil d’intégration, on y allait, on nous avait dit que si on était sage et qu’on travaillait bien, on pouvait faire ce qu’on voulait comme métier. C’était pas entièrement vrai bien sûr, mais on l’ignorait. Et j’aimais bien l’école. Même si j’avais du mal à comprendre pourquoi on enseignait les travaux des champs à des gosses de Paris.Les saisons : la chasse, la moisson etc.… servaient de base aux cours de français, on y apprenait le vocabulaire et la grammaire, le « bon langage », même si on n’en était pas au niveau de langue, même si on en était plus à la « vache », le sabot sous le menton pour ceux qui laissait échapper des mots de langues vernaculaires.On traquait les fautes, il fallait nous « éduquer » avec la morale, et nous «instruire.Y’avait des trucs qui me gênaient, je n’ai compris que bien plus tard en étudiant (toute seule parce que c’est dans aucun programme) l’histoire de l’Education en France.Elle n’avait pour but final que de former de bons petit français d’une République une et indivisible. Très IIIème, même si la guerre avait provoqué sa chute, les institutions et l’esprit étaient identiques. La guerre avait eu une autre conséquence, là non plus, je n’ai pas compris tout de suite.C’était l’afflux de réfugiés d’autres pays d’Europe. Il y avait Milan, je trouvais bien que c’était un drôle de prénom, sans doute venait-il de Roumanie, mais bon, c’était Milan.José, qui disait que son père était un « Républicain espagnol », ça ne signifiait pas grand-chose pour une gamine d’une dizaine d’années !Deux frères et une sœur qui eux venaient de Hongrie, deux jumelles juives dont le père était tailleur, je n’ai jamais su de quel pays elles venaient.Et d’autres dont le souvenir est plus flou. Et nous les parigots pour jus… On jouait, on s’engueulait, comme tout les gosses, mais on ne se souciait pas de savoir d’où venaient nos copains, ils étaient là, c’est tout. Les frères hongrois se prénommaient Georges et Pierre, sais plus le nom de la sœur, une des jumelles Françoise, rien d’exotique ! J’ai grandi dans un quartier cosmopolite sans le savoir ! Mais on était tous en France, et je n’ai pas souvenance qu’un d’eux ai dit être étranger. Les parents étaient heureux d’être là !Il fallait « reconstruire » toutes les forces productives étaient bonnes à utiliser, pas de grand débat sur une hypothétique identité. Au collège, en 5ème, il y avait une Fatima Messahoud, l’importance des prolos Nord Africains (c’est comme ça qu’on les appelait) avait commencé.Je m’en souviens parce qu’elle a perdu sa mère, et que, sans souci de savoir qu’elle était ou non française, les profs avaient fait une quête pour aider la famille. Le temps a passé, la guerre d’Algérie, le retour des « Pieds Noirs », la perte des colonies qu’on nous enseignait à l’école : AOF, AEF, là non plus, j’ai pas compris ce que ça impliquait sur le moment !Je me suis mariée, avec le fils d’une famille qui venait du Maroc, mais attention français de chez français !Le grand père paternel de mon ex était espagnol, mais il a fait la 1ère guerre pour les français, alors on l’a récompensé en lui donnant la nationalité française et un poste de facteur, fonctionnaire ! J’ai faillit me faire tuer en disant que ben, c’était tout ? Pas un cadeau !On m’a reproché d’être une mauvaise française pas fière de son pays et j’en passe !Et j’ai eu plusieurs fois des remarques sur mon nom d’épouse « C’est pas français ça ! »Ce à quoi je répliquais « Et alors, ça vous gêne ? »Mais ces gens, mon ex belle famille, se sentent « Français » si français qu’ils votent FN et faut pas leur parler des « Arabes » qui les ont virés de « chez eux » alors que la France leur avait apporté la « Civilisation » ! Mettent d’ailleurs les juifs dans le même sac comme si juif était une nationalité ! J’aurais souhaité que mes enfants profitent de ces cultures différentes, moi parisienne - papa français du Maroc ! Mais nada ! Ils n’en parlaient que pour gémir, pas pour transmettre, pas un mot d’espagnol, c’était banni.Et c’est dommage parce que leur « identité »» mes gosses auraient pu se la construire dans un creuset multi culturel au sens noble du mot culture. | |
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constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
| Sujet: Re: Etre Français Mar 5 Jan - 22:55 | |
| Bien dit, Mo. Pour ma part, hasard ou non, j'ai un nom qui sonne peu français, alors j'en ai entendu sur mes prétendues origines... Quand mes parents ont du partir d'Algérie en 1962, foutus dehors pourrait-on préciser, avec une valise pour seul bien alors que mon père venait de se taper plusieurs années de guerre (bien involontairement d'ailleurs car les pieds-noirs étaient engagés d'office), ils ont atterri au Mans, dans la Sarthe. Où ils se sont fait traiter au premier abord de "sales bougnoules", vu qu'ils venaient d'Algérie. La notion de français d'Algérie n'avait pas encore effleuré les sarthois, il faut croire. Mes parents étaient des enseignants, des vrais, ceux qu'on appelaient "les hussards de la république", ceux qui croyaient dur comme fer que l'éducation fait l'avancée des peuples et des êtres humains. Peut-on encore y croire maintenant ? | |
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