LE CERCLE Forum littéraire |
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| Rajasthan, carnet de route | |
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+3Gentiane Lucaerne constance 7 participants | |
Auteur | Message |
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constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
| Sujet: Rajasthan, carnet de route Sam 17 Juil - 23:12 | |
| 1ère partie : départ, Delhi, Udaipur.Des mois que nous préparons ce voyage, initié par notre professeur de danse, tombée elle aussi, comme il se doit, amoureuse de l'Inde. Deux semaines au Rajasthan, visites bien sûr, mais danse et danse encore. Danse orientale, mais aussi kalbeliya (tsigane du Rajasthan), mère de nombreuses danses. Samedi 17 avril 2010. Etrange qu'un carnet de voyage en Inde commence par des préoccupations sur l'éruption d'un volcan islandais au nom imprononçable... quoi qu'il en soit, notre périple, qui devait débuter le 17 avril, ne commencera que le 21. Heureusement, avec quelques copines du club de danse, nous parvenons à changer nos dates de retour pour prolonger notre voyage de 4 jours, une chance qui nous permettra d'apprécier les étapes que nous avons ratées au début. Cela m'aurait agacée de revenir en Inde et de ne pas voir le Taj Mahal. Le 21, donc, le voyage commence ! Un saut de puce jusqu'à Vienne (nous avons emprunté Austrian Airlines), et nous voilà embarqués pour Delhi. Etrange aussi de débuter un périple en Inde dans un avion où les hôtesses sont blondes comme les blés, parlent allemand sur fond sonore de valses viennoises, en dégustant du poulet pané et du struddle au pommes. A 00h30, arrivée à Delhi. Je reçois en plein visage les 39° ambiants, l'air brûlant et pollué de la grande ville, et déjà l'odeur de l'Inde, un mélange complexe et fascinant. Nous sommes accueillis par deux "boys" qui nous souhaitent la bienvenue, mon premier vrai "namaste" depuis deux ans, et nous passent autour du cou un collier de fleurs qui tentent de rester fraîches. Délicieux accueil à l'indienne... Nous rejoignons notre hôtel pour une brève nuit, les autres filles sont déjà arrivées à destination par Air France ou KLM il y a deux heures. Nous les retrouvons néanmoins regroupées dans une chambre, malgré l'heure tardive, en train de manger des frites (?). Un petit creux, disent-elles, et décalage horaire. Soit. Le lendemain matin, tôt, hélas trop tôt, nous prenons un coucou pour rejoindre notre prof de danse à Udaipur. Elle a du commencer le circuit sans nous, tout était réservé. A peine arrivées à l'aéroport d'Udaipur, nous sommes réceptionnées par le chauffeur du car et un guide, afin de visiter le City Palace qui ferme assez tôt, sans même passer par l'hôtel qui nous hébergera pour la nuit. Ca commence fort ! Jeudi 22 avril : Udaipur, la ville blanche. Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Voici le City Palace, le plus grand palais du Rajasthan, qui abrite la même dynastie de maharadjas depuis 14 siècles. D'ailleurs, on dit "maharanas" (grand guerriers") et non maharadjas ("grands rois") pour cette dynastie, car ils sont les seuls à avoir résisté à tous les occupants au cours des siècles. A loin, sur le lac Pichola, on peut admirer le palais d'été, transformé en hôtel de grand luxe. On ne manque pas de nous dire, et de nous répéter, que le James Bond "Octopussy" a été tourné là-bas. Evidemment, le cadre est somptueux... Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Des cours intérieures décorées, des moucharabiehs en dentelle de pierre et verre coloré, des salles renfermant des miniatures mogholes et des mosaïques, tout est un enchantement pour les sens. Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Depuis les remparts, nous apercevons Udaipur, la ville blanche Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Délicatesse et poésie de l'architecture... Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Nous ne sommes plus à la saison touristique, avril est déjà trop chaud pour les occidentaux. Nous ne rencontrons donc que des touristes indiens, tout aussi surpris de notre apparence et de nos moeurs que nous des leurs. Cela occasionne parfois quelques confrontations amusées et une grande curiosité des deux parts Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Dans les salles peintes en bleu (pour éloigner les insectes, dit-on), les gardes font ce qui convient le mieux avec cette chaleur : somnoler Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.La délicatesse des motifs floraux sur les murs se perpétue aussi sur les étoffes Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Le motif du paon, un des symboles de l'Inde mais aussi de la royauté, orne les murs un peu partout. Les couleurs somptueuses, dans la lumière crue, semblent irradier Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Après cette visite, nous nous rendons dans les jardins de Saheliyon-ki-Bari, où la reine et ses suivantes avaient pour habitude de se promener. Un havre de fraicheur et de paix, nous savourons la douceur de l'air et la musique de l'eau avant de regagner notre hôtel Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.
Dernière édition par constance le Dim 25 Juil - 17:39, édité 1 fois | |
| | | Lucaerne Maître
Nombre de messages : 1339 Age : 59 Date d'inscription : 11/12/2008
| Sujet: Re: Rajasthan, carnet de route Lun 19 Juil - 23:02 | |
| C'est vraiment magique. Merci Constance ! | |
| | | Gentiane Fidèle
Nombre de messages : 142 Date d'inscription : 20/11/2009
| Sujet: Re: Rajasthan, carnet de route Mar 20 Juil - 22:11 | |
| Quelle agréable lecture !
J'ai vécu à travers les descriptions détaillées et photos illustrant à merveille tes propos la somptueuse beauté du Rajasthan | |
| | | constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
| Sujet: Re: Rajasthan, carnet de route Mer 21 Juil - 23:24 | |
| 2ème partie : Udaipur, soirée Kalbeliya.
Le soir même, Leïla nous réserve une surprise "du chef" : une soirée chez un de ses amis, un Québécois expatrié en Inde depuis plusieurs années et qui possède une maison à Udaipur. Philippe, malgré sa modestie et sa discrétion, est un artiste reconnu internationalement. Il a entre autre travaillé pour le Cirque du Soleil. Nous voilà donc, à la nuit tombée, en train de nous diriger vers cette maison où il est prévu de dîner, et qui se situe dans le quartier ancien de la ville. Evidemment, bien que je l'ai rappelé sur tous les tons aux autres filles, je suis la seule à avoir pensé à la lampe de poche, pour la bonne raison que je l'ai toujours sur moi, même en France. Depuis Bénarès, j'ai compris l'utilité d'avoir toujours une source de lumière à disposition. Lumière et couteau, éléments indispensables, encore plus en voyage... Le groupe s'agglutine dans le rayon de lumière réduit, et j'entends des exclamations diverses et variées (voire de noms d'oiseaux) lorsque certaines découvrent en quoi consiste la rue, en Inde, surtout la nuit : trous, bosses, cahots et bouses de vaches. Nous arrivons enfin, et après avoir passé une magnifique porte d'entrée rajasthani en bois ancien sculpté et clouté, nous découvrons rien de moins qu'un mini palais. En fait, une sorte de ryad à la marocaine : une infinité de petites pièces donnant sur une cour intérieure, lieu de vie et de détente. La maison de Philippe rassemble tous les expatriés de la ville ou étrangers de passage. Cesoir, une équipe télé va filmer la prestation des musiciens et de danseuses kalbeliya : c'était ça, la surprise de Leïla, elle a retenu ces artistes pour nous. Nous découvrirons également deux Suissesses qui étudient la danse classique indienne au Kerala, et qui, passant leurs vacances dans le coin, sont venues à la soirée. Nous nous désaltérons en écoutant les musiciens entamer quelques airs très entraînants (ce genre de musique ne prête pas exactement à la morosité). Le curry qui a été préparé pour notre dîner, curry végétarien s'entend, m'emporte la bouche, alors que je ne suis pas exactement réservée quand il s'agit de nourriture épicée ! Je vois quelques filles au visage cramoisi sautiller sur place comme si un besoin pressant les tenaillait... Les danseuses entrent en scène, nous sommes vite fascinés par leur costume chatoyant, leur maquillage incroyablement complexe, et surtout la grâce et la précision extrêmes de leurs mouvements. Ces deux danseuses sont des danseuses sacrées teratali (de tera :douze et tali : rythmes), elles officient habituellement dans les temples du Rajasthan. Vous remarquerez la dimension acrobatique de cette prestation (elles empilent des récipients sur leur tête pour démontrer leur parfaite stabilité) et les nombreuses petites cymbalettes tout le long de leur tibia : elles vont les frapper avec une autre cymbalette tenue par une corde dans leur main droite, produisant des notes différentes et parfaitement harmonieuses. Ca parait techniquement impossible, mais elles y arrivent. Je n'ose penser à la difficulté de cet exercice... Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Cette gracieuse créature est elle aussi une danseuse teratali Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Je suis fascinée par la richesse et la complexité de ce maquillage. Cette danseuse, par contre, fait partie du clan des Sapera, une famille très étendue composée de charmeurs de serpents pour les hommes et de danseuses pour les jeunes filles. On dit que ces dernières apprennent à danser en observant les mouvements sinueux des reptiles. Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Un aperçu de son costume magnifique. Ce genre de costume ne s'achète pas : les femmes le fabriquent et le brodent entièrement à la main, il peut éventuellement être donné à une autre danseuse mais jamais commercialisé. Le costume Sapera est caractéristique par sa couleur dominante, le noir ("sap" veut dire "noir") Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Spectacle inoubliable dans la nuit chaude, sous un ciel clouté d'étoiles. Nous rentrons très tard à l'hôtel, épuisées par cette première journée riche en émotions variées...
Dernière édition par constance le Dim 25 Juil - 17:40, édité 1 fois | |
| | | Nighty Guide
Nombre de messages : 600 Age : 61 Date d'inscription : 23/11/2009
| Sujet: Re: Rajasthan, carnet de route Ven 23 Juil - 16:23 | |
| La beauté de cette femme qui "fait le paon" et de son costume, c'est époustouflant ! Paon que l'on retrouve partout dans tes photos. L'architecture est finement ciselée, j'adooore ! Merci pour toutes ces belles photos au sein d'une culture que je ne connais pas du tout, je dois bien avouer . A cette époque, j'étais comme toi, en attente de partir en vacances à cause de ce maudit volcan, sauf que nous, on a du réduire notre séjour . | |
| | | constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
| Sujet: Re: Rajasthan, carnet de route Ven 23 Juil - 22:19 | |
| Ca c'est pas drôle, nighty ! Je compatis... La plupart des filles du groupe ont du aussi rentrer à la date fixée : 4 jours en moins pour elles. Alors qu'en se trouvait devant le Taj Mahal en tout petit comité, pendant ces derniers jours grapillés, on a envoyé un texto discrètement à une de nos copines qui avait du rentrer, genre : "on est devant le Taj Mahal, c'est génial, on pense à toi". Sa réponse n'a pas été polie du tout | |
| | | Nighty Guide
Nombre de messages : 600 Age : 61 Date d'inscription : 23/11/2009
| Sujet: Re: Rajasthan, carnet de route Sam 24 Juil - 13:40 | |
| Haha, j'imagine la réponse de la copine . | |
| | | constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
| Sujet: Re: Rajasthan, carnet de route Dim 25 Juil - 22:34 | |
| 3ème partie : le temple jaïn de Ranakpur.
En route vers la ville de Jodhpur, je contemple depuis notre bus le paysage aride : nous entrons dans le désert du Thar, le deuxième désert en terme de superficie après le Sahara. Chameaux attelés à des charrettes, saris multicolores des paysannes, carrières d'ardoise qui donnent l'impression que le paysage a été secoué dans un cornet de dés et jeté en désordre... Nous arrivons au temple jaïn de Ranakpur, le plus grand et le plus beau en Inde, niché dans une oasis verdoyante, proprette et ordonnée. A l'origine, le jaïnisme est un mouvement religieux et philosophique non violent qui a pris son essor en même temps que le bouddhisme, au VIè siècle. Les jaïns sont très strictement végétaliens, ne consommant même pas de légumes tubercules de peur de blesser un organisme vivant en cultivant le sol, portent un foulard devant la bouche pour ne pas risquer d'avaler un insecte, et balaient devant eux pour les plus pratiquants avec un petit balai de branchages pour ne pas écraser de bestiole. Il faut dire qu'ils croient en la transmigration des âmes, y compris dans une forme animale minuscule. Ne pouvant plus être paysans, puisque ne pouvant cultiver leurs terres, les jaïns sont devenus des marchands, et pour certains extrêmement riches. D'ailleurs le temple a été construit grâce aux dons d'une seule famille, sur environ un siècle. Vous remarquerez les tapis en corde qui forment des chemins pour accéder au temple : il faut dire que le sol est brûlant, et comme nous devons nous déchausser avant même de monter les marches, ces tapis ont été placés là pour que les gens ne se brûlent pas la plante des pieds. Ca ne rigole pas, il fait 45° ! Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.A l'entrée du temple (et de chaque temple jaïn), ces magnifiques dragons (ou crocodiles) symbolisent les passions humaines, surtout l'amour charnel. Pour entrer dans cet espace saint, il convient d'abandonner toute passion, y compris et surtout l'amour terrestre, aussi nous piétinons symboliquement ces sentiments en passant le seuil. Leïla fait remarquer qu'elle préfère souffrir et se réincarner à nouveau mais pouvoir vivre ses passions et aimer. Je crois qu'on est d'accord. On n'est pas prête pour l'Illumination, à mon avis... Le temple, entièrement en marbre, comprend 1444 colonnes, toutes parfaites, toutes admirables, sauf une volontairement construite de travers pour rappeler que seul le divin est parfait. Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Nous faisons le tour du temple dans le sens des aiguilles d'une montre, gage de bonne augure, en admirant les milliers de sculptures, étourdissantes de finesse et de beauté. Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Par exemple cette ravissante danseuse sacrée. Vous remarquerez le petit dieu Ganesh (éléphant) qui danse aussi en dessous Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Ou ce magnifique cercle de marbre aussi haut qu'un homme Les toits portant bannière par une trouée de lumière Les échafaudages sur une des toitures : assemblement étourdissant de bambous, d'apparence fragile mais en réalité très résistants et tellement gracieux Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale. | |
| | | constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
| Sujet: Re: Rajasthan, carnet de route Mer 28 Juil - 23:09 | |
| 4ème partie : Jodhpur, la ville bleue
Les routes indiennes étant ce qu'elles sont, nous arrivons avec deux bonnes heures de retard à Jodhpur. A peine le temps de découvrir nos somptueuses chambres d'hôtel, aménagées dans ce qui furent les écuries du maharadja de Jodhpur, et nous partons diner. En fait, ce palais ne servait au souverain que quand l'idée lui venait de jouer au polo... Après un repas délectable, avec en particulier des gombos et des aubergines cuisinées dans une sauce épicée divine, nous partons en pleine nuit dans le parc afin de repérer où se trouve la piscine. Nous ne la trouverons même pas, mais cette promenade dans le parc royal, baigné d'effluves de jasmin, habité de cris d'animaux indéterminés (mais exotiques, sans conteste), avec la lune comme un berceau au dessus de nos têtes, restera comme un souvenir enchanté. L'hôtel Balsamand... devant chaque chambre, on trouve même des anneaux en pierre, où l'on pouvait attacher les éléphants. Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Le matin, stage de danse, ah, quand même, dans la salle de restaurant où les tables ont été poussées pour la circonstance. Les serveurs s'attardent un peu trop et restent bouche bée en nous voyant danser, même si nos tenues sont extrêmement décentes (y compris selon des critères indiens, Leïla a beaucoup insisté là-dessus). Mais quand même, la danse orientale, ça les perturbe : il faudra que la prof leur fasse les gros yeux pour qu'ils arrêtent de trainer dans le coin. L'après-midi, visite du fort de Meherangarh, une citadelle en grès rouge extraordinaire par sa taille, sa richesse et son histoire belliqueuse. Le fort est toujours par ailleurs propriété du maharaja de Jodhpur. .. Avec Annie, impressionnées par la beauté des lieux, nous décidons de lâcher le groupe et de faire la visite par nous mêmes, à notre rythme, armées d'audio-guides fort bien faits et du Lonely Planet. Une architecture impressionnante, le fort est construit sur une colline haute de 125 mètres Mais les cours intérieures laissent apparaître une délicate dentelle de pierre La vue somptueuse sur Jodhpur, la ville bleue Chacune des salles visitées est un joyau, riche en incrustations de pierres semi-précieuses, or, marbre, étoffes somptueuses... Vous remarquerez les « boules de noël » décoratives au plafond, une mode étrange sous ces latitudes Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Le musée regorge de tous les attributs de la royauté indiennes : armes, miniatures mogholes, howdah (nacelles posées sur le dos des éléphants pour les processions) comme celle-ci A chaque fenêtre, cette vue incroyable sur la ville bleue Mais ce lieu n'est pas un endroit seulement dédié aux touristes, il vit, il bruisse de mille existences La marchande d'eau Un fier guerrier rajput prend la pose pour notre seul plaisir Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Une famille indienne visite comme nous ce témoignage d'un passé glorieux Et puis, témoignage plus émouvant encore, les empreintes de nombreuses mains rappellent le « sati » des veuves du maharaja Man Singh, qui s'immolèrent sur son bûcher funéraire en 1843. Aussi étrange (voire barbare) que nous paraisse cette coutume, ces femmes étaient volontaires pour ce sacrifice, même si leur culture et leur éducation les y poussaient. Elles sont encore aujourd'hui objets de dévotion : les empreintes sont recouvertes de poudre rouge et de guirlandes de fleurs Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Après cette visite bouleversante à tous les points de vue, nous empruntons un rickshaw pour nous rendre en ville : achats, shopping, marchandage, la routine quoi... Je retrouve l'ambiance des villes indiennes : bruit, véhicules qui vous frôlent dans tous les sens, enfants qui vous tirent la manche pour vous demander de l'argent, vaches au milieu de la rue... Nous dinerons au Pal Haveli, nourriture moyenne mais une terrasse surplombant la ville et un peu d'air frais dans la nuit, seulement éclairée par des dizaines de petites bougies sur les tables... | |
| | | constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
| Sujet: Re: Rajasthan, carnet de route Dim 1 Aoû - 21:51 | |
| 5ème partie : Jaisalmer, la ville doréeEn route vers Jaisalmer. Arrêt pipi collectif en plein milieu de désert, derrière un muret en pierre sèche. Des petites gamines qui gardent leur troupeau sont absolument hilares de nous voir ainsi... A peine arrivés à l'hôtel, nous repartons avec notre nouveau guide pour visiter Gadi Sagar Lake, en fait un réservoir qui alimente la ville en eau pendant la période sèche. Voici la porte de la courtisane (Tilon-ki-Pol), qui mène au lac. Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.L'histoire vaut la peine : une prostituée célèbre proposa de financer la construction d'une porte d'accès directe au réservoir, mais le maharaja, outré, refusa net puisqu'il aurait fallu qu'il passe par là, ce qui était contraire à sa dignité. La courtisane profita d'une absence du souverain pour faire construire quand même cette porte, mais comme elle était maligne et se doutait bien que le souverain la ferait détruire, elle fit ajouter un petit temple dédié à Krishna juste au-dessus, comme ça personne ne pourrait la démolir sans commettre une offense envers les dieux. Encore aujourd'hui, la famille des maharaja de Jaisalmer ne l'emprunte pas et fait un détour pour éviter cet accès. Les dômes où nichent les pigeons Les articles d'un marchand de souvenirs jettent des couleurs vives sur la pierre blonde L'« aire de pic-nique » du maharaja et de sa famille, au milieu du la retenue d'eau. La dernière mousson ayant été largement insuffisante, vous remarquerez que le lac est quasiment à sec Après cette agréable promenade, nous nous rendons aux cénotaphes de Bada Bagh, à 7 kilomètres de la ville, élevés par les brahmanes pour abriter l'âme des défunts souverains. En effet, un cénotaphe est par définition un tombeau vide. Le panorama de ces tombeaux monumentaux en grès, de style moghol, est particulièrement impressionnant. Ils se visitent normalement quand le soir tombe ou à l'aube, pour profiter des tendres reflets roses sur la pierre dorée, mais là, manque de chance, c'est l'heure la plus chaude et le soleil nous martèle la tête... Les tombeaux aux dômes arrondis abritent des souverains musulmans, comme celui-ci ou celui-ci Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Ceux aux dômes carrés des souverains hindouistes Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Mais tous sont magnifiquement travaillés et sculptés Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Les plaques votives représentent le maharadja et ses épouses Seul hic, et il est de taille : au milieu de ce paysage désertique grandiose, au milieu de ces somptueux tombeaux, ils ont construit… des éoliennes… ! C'est tout simplement monstrueux, nous sommes infiniment choqués de cette incursion du modernisme et de la rentabilité au milieu de ce site qui aurait du être protégé. C'est comme si on mettait des éoliennes dans le parc de Versailles ! Nous terminerons la journée par un long cours de danse, mais j'avoue que la chaleur et nos pérégrinations de la journée m'ont déjà bien fatiguée. Comme nous bénéficions de baignoire dans les chambres d'hôtel, fait assez rare, je me délasse dans un bain complètement froid... il a fait 45° aujourd'hui. | |
| | | constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
| Sujet: Re: Rajasthan, carnet de route Mar 3 Aoû - 22:49 | |
| 6ème partie : Jaisalmer (2), le fort
Ce matin, une partie du groupe ne s'est pas réveillé. Nous partirons donc en comité plus réduit visiter Jaisalmer, la cité dorée. Située dans une région désertique (je rappelle que le désert du Thâr est le 2è plus grand au monde après le Sahara), la ville se trouvait à une position stratégique sur la route des caravanes entre l'Inde et l'Asie Centrale, aussi un nombre important de marchands et négociants prospères s'installèrent dans la cité. Puis quand la route de la soie ne connut plus une aussi grande utilité (avec l'essor du transport maritime), Jaisalmer s'endormit un peu, pour connaître un regain d'intérêt avec les guerres indo-pakistanaises du fait de sa situation géographique. Le fort est construit en grès doré sur la colline de Trikuta (aux trois pics), et 99 bastions entourent la citadelle dans laquelle se nichent des ruelles médiévales, toujours habitées : c'est d'ailleurs le seul fort où vit encore une population, en fait seulement 4.000 habitants sur les 500.000 de Jaisalmer. Avant même d'entrer dans la vieille ville, le ton est donné : les toilettes publiques annoncent qu'elles sont propres et qu'on peut les utiliser, ce que ne manque pas de faire cette laie en goguette Ah, j'oubliais de vous le préciser, mais vous pourrez le constater en remarquant le nombre de véhicules stationnés devant l'une des entrées : Jaisalmer est une ville très visitée. Néanmoins, le nombre de touristes (à cette époque, il n'y en a guère, sinon des touristes indiens) et les nombreux commerces ne réussissent pas à gâcher l'ambiance féérique du lieu Une spécialité du Rajasthan, offerte à notre concupiscence : les marionnettes aux couleurs vives Un saint homme (« sâdhu »), ou renonçant (« sannyâsin ») Très schématiquement : les hindouistes considérant que le but ultime est de s'affranchir de l'illusion ("maya") afin d'atteindre la libération (« moksha »), l'arrêt du cycle des vies et la dissolution dans le divin, certains pensent accéder à cet idéal en menant une vie de sainteté. Cela induit le voeu de pauvreté absolue (ils ne possèdent rien, même pas le bol des moines bouddhistes), chasteté, renoncement à tout (y compris à sa caste), mortifications et méditation...etc. Certains vont totalement nus sans que cela choque qui que ce soit. Vous l'aurez deviné, ce superbe sâdhu propret et souriant est plutôt destiné à impressionner les touristes, d'ailleurs la confrontation orient-occident se résumera à une sébile tendue Les ruelles sont tour à tour étroites et pleines de vie Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.… larges et somptueuses Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.… et s'ouvrent parfois sur des petits paradis cachés Nous croiserons également des petits étals où les femmes vendent leur production locale … un couturier, dont la maison se trouve sous la protection de Ganesh, le dieu éléphant … un enfant dont la mère attentive a cerné les yeux de khôl pour le protéger des mouches et du mauvais oeil … une tsigane indienne avec ses enfants Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale. | |
| | | constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
| Sujet: Re: Rajasthan, carnet de route Mer 4 Aoû - 22:07 | |
| 7ème partie : Jaisalmer (3), les temples jaïns
Comme je vous l'ai dit plus haut, Jaisalmer s'est considérablement enrichie grâce à sa situation sur l'ancienne Route de la Soie. Qui dit marchands dit souvent jaïns au Rajasthan, pour les raisons que je vous ai expliquées dans mes commentaires sur le temple de Ranakpur. On ne s'étonnera donc pas qu'il existe dans la ville pas moins de sept temples jaïns, construits entre le XIIè et XVIè siècle. Inclus dans la vieille ville au détour de ruelles étroites, on dispose de bien peu de recul pour les admirer. Mais la richesse et le raffinement des sculptures font bien vite oublier la chaleur étouffante qui règne à l'intérieur, ainsi qu'une certaine sensation de claustrophobie générée par la semi-obscurité et la densité des motifs décoratifs. Autre chose intéressante : il existe dans tout temple jaïn des niches grillagées avec des statues de leurs « saints hommes », qu'il est strictement interdit de prendre en photo. Alors qu'on peut parfaitement photographier les statues de dieux, les prêtres, et tout ce qui bouge, il faut veiller constamment à ne pas avoir dans son objectif ces petites niches... des gardes vous le rappellent et je peux dire qu'ils veillent scrupuleusement à la consigne, même si personne n'a pu m'expliquer exactement le pourquoi de cette interdiction. Nous visiterons deux temples nichés l'un à côté de l'autre dans les ruelles de la citadelle, après avoir laissé collectivement nos chaussures dans la boutique d'un marchand juste en face (contre la promesse d'examiner sa marchandise et un « merci » respectueux). Vous remarquerez la canalisation « volante » au fronton du temple Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Une affichette attire notre regard, j'avise donc mes camarades que les femmes qui ont leurs règles ne sont pas censées entrer dans le temple afin de maintenir son caractère sacré. Certaines se demandent si c'est du lard ou du cochon, mais si, c'est comme ça A l'intérieur, nous sommes déconcertés au premier abord par la sensation de ne plus savoir où se trouve le haut et le bas Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Jeux d'ombre et de lumière sur cette délicieuse jeune femme Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Celle-ci, par contre, je ne vois pas trop pour la position de la jambe... certaines de nos danseuses se font remarquer en levant la gambette pour essayer de l'imiter, mais en vain... Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Le trident semble désigner Shiva, en compagnie de son épouse (sa parèdre) Parvati Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Et ce couple dansant suscite notre admiration : vous remarquerez les positions si gracieuses et la poitrine idéalement ronde de la déesse Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Enfin, un Ganesh dansant Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Des statues, il en existe des centaines, des milliers dans ces temples... il faudrait des jours et des jours pour les distinguer toutes, et chacune représente une petite merveille en soi. | |
| | | constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
| Sujet: Re: Rajasthan, carnet de route Sam 7 Aoû - 23:13 | |
| 8ème partie : Jaïsalmer (4), les haveli
Nous continuons notre visite de la citadelle, en admirant au passage la ville qui s'étend près des remparts. Le dépaysement est total de ne voir ni grands immeubles, ni rues modernes, ni tout ce qui fait une ville occidentale. Nous dirigeons nos pas à présent vers les haveli, ces maisons somptueuses construites par les nobles ou les riches marchands jaïns. D'ailleurs, « haveli » signifie « maison des nobles », mais aussi « maison du vent », car elles sont bâties au niveau architectural de façon à favoriser les courants d'air et la fraîcheur. Vu la chaleur terrible qui règne dans la région, je comprends... Voici l'arrière d'un haveli, en assez mauvais état mais évidemment habité Un autre nous paraît encore en plus piteux état, bien qu'on se rende compte de sa splendeur passée Puis le guide nous amène à la découverte d'un des plus beaux haveli de la ville, le Nathmal-ki-Haveli, appartenant à un premier ministre de la Cour et édifié au 19è siècle par deux frères architectes. Ils rivalisèrent de virtuosité dans l'édification de cette demeure, puisqu'ils étaient chargés de construire, l'un le côté droit, que voici... ...l'autre le côté gauche Les deux parties se ressemblent sans être identiques, chacune est gardée par un splendide éléphant en grès Nous visitons aussi l'intérieur, puisque les murs sont richement décorés de sculptures et peintures, dont certaines incluant de l'or pur, comme ces portes Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale....ou ce plafond somptueux ...ou bien cette délicieuse peinture de Krishna entouré de ses gopis Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Nous rentrons à l'hôtel, et après notre deuxième douche de la journée, quelques fruits mangés sur la terrasse en guise de déjeuner, nous enfilons rapidement nos tenues de danse pour un cours un peu spécial. Leïla, avec des airs de conspirateur, nous a en effet annoncé une « surprise » lors de ce cours. Elle nous fait nous déchausser devant la salle et tire sur les décolletés un peu trop voyants à son goût, ce qui me fait penser que nous allons avoir des invités indiens. Effectivement, nous trouvons dans la salle un petit orchestre rajasthani et un homme jeune, qui lui tombe dans les bras. C'est Anou, dit-elle en nous le présentant comme la 8è merveille du monde, un des plus célèbre danseur de danses traditionnelles rajasthanis, qui fait des tournées mondiales et va nous donner un cours de deux heures. Le fameux danseur exhibe des dents tachées de bétel dès qu'il sourit, mais il a l'air tout jeune, tout timide, un peu précieux (un peu beaucoup). Il est vêtu d'un bas de survêtement avachi et d'un tee-shirt rouge avec la tête de Michael Jackson dessus. Vaguement surréaliste... Par contre, quand il commence à danser, on reste béate. Ah oui, évidemment... il est époustouflant. Quoi, il faut faire ça nous aussi ? Anou montre avec patience l'enchainement qu'il veut nous apprendre, il explique un peu en hindi quand il nous sent larguées, le directeur de l'hôtel, qui s'est empressé de proposer ses services, traduit de l'hindi à l'anglais, et Leïla traduit de l'anglais au français pour celles qui ne comprennent pas. Au bout d'un moment, je me rends compte qu'il fait beaucoup attention à moi, le jeune homme, qu'il m'explique plus qu'aux autres en restant près de moi, qu'il me suit du regard et me sourit par en-dessous, et même me fait danser pour montrer aux autres que j'ai compris et qu'il faut faire pareil. Heu, je rêve ou j'ai un ticket ? Parce que ça ne me semble pas crédible, il est vraiment trop trop féminin, dirons-nous. Les copines rigolent en douce et me charrient, je finirai par poser la question discrètement à Leïla : il me fait du gringue ou je rêve ?. Ben oui, possible. Et il est marié, d'ailleurs il a des enfants. Ah. Mais c'est par convenance qu'il s'est marié, parce qu'il a l'air très très... hum ? Non non, il a juste l'air. Bon. Après ces deux heures de danse relativement fantastiques, on retourne dans la chambre prendre la 3ème douche de la journée et nous préparer pour une soirée surprise (encore une !). Nous avons juste dit au revoir à Anou, il doit revenir danser pour cette fameuse soirée. | |
| | | filo Admin
Nombre de messages : 2078 Age : 52 Signe particulier : grand guru Date d'inscription : 06/07/2007
| Sujet: Re: Rajasthan, carnet de route Dim 8 Aoû - 2:09 | |
| Hé hé, je ris sous cape, peut-être parce que je connais la suite. Merci pour cette visite virtuelle de Jaïsalmer que je ne connais pas. | |
| | | constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
| Sujet: Re: Rajasthan, carnet de route Dim 8 Aoû - 23:09 | |
| Tssss, tu peux toujours rigoler, tu ne t'es jamais fait draguer par un mec en... je n'en dis pas plus, voilà la suite... 9ème partie : Barna, village tsigane
La surprise, c'est une soirée au village tsigane de Barna, dans le désert, à une petite heure de route de Jaisalmer... En 1982, Leïla rencontrait lors d'un spectacle à l'Opéra Garnier une troupe de tsiganes du Rajasthan, menée par Ghazi Khan, un prodigieux musicien joueur de karthal (deux planchettes en bois tenues dans la main, l'ancêtre des castagnettes), et ils sympathisèrent. Lorsqu'elle décida d'étudier la danse kalbeliya, elle obtint par le sérieux de ses recherches une bourse de la Villa Médicis et nous quitta trois mois pour aller étudier auprès de ses amis tsiganes, dans leur village. Alors voilà, elle nous y amène ce soir, et il est évident que cette rencontre reste exceptionnelle : aucun bus de touristes, aucun Européen même ne se risque dans ce coin isolé. Nous avons quitté la route pour rouler maintenant dans le désert, sans même une piste pour nous guider. Nous sommes évidemment sérieusement secoués, malgré l'adresse du chauffeur, ce qui ne me dissuade nullement de m'endormir. Je récupère où je peux, au grand damn des copines qui se demandent comment je fais. Arrêt, deux jeeps nous attendent sur les dunes au milieu de nulle part : le comité d'accueil. On voit au loin un minuscule village Un accueil en fanfare avec tambours et trompettes (c'est le cas de le dire) et un superbe tsigane au turban rajasthani, armé d'une escopette qui a fait les guerres coloniales. Il en tire néanmoins deux coups assourdissants, au péril de sa vie, et prend des poses martiales Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Un peu intimidées, nous risquons des « namaste » formels avant de nous rendre compte que Leila saute au cou du comité d'accueil comme si elle retrouvait de la famille, ce qui est sans doute le cas (dans leur coeur du moins) car Ghazi Khan la présente comme sa petite soeur. Ils s'esclaffent quand elle les gratifie à la ronde d'un « habibi » affectueux, un petit mot gentil qui signifie « chéri » en arabe et dont Leila use abondamment avec les hommes qu'elle connait et apprécie. A savoir : c'est Leila qui a introduit ce mot au Rajasthan, si vous l'entendez, ne vous étonnez pas, vous saurez d'où ça vient. Après cet accueil chaleureux, les hommes montent sur les dunes des boissons fraiches conservées dans des glacières, afin que nous puissions contempler le coucher de soleil sans manquer de rien. Le soir tombe doucement, notre petit groupe s'installe dans le sable fin Les enfants du village se sont regroupés deux dunes plus loin, trop timides au début pour approcher, mais on les entend rire et cabrioler dans les dunes, un sacré terrain de jeu ! Ils s'habitueront vite à notre présence et viennent bientôt poser pour les photos, tout fiers de se voir sur les écrans de nos appareils numériques Le silence s'installe, nous admirons le paysage où rien n'arrête notre regard … et le somptueux coucher du soleil Mais la soirée ne fait que commencer ! Nous reprenons le bus pour aller au village tout proche. Accueillis encore une fois en fanfare, nous remarquons vite qu'il n'y a que des hommes et des enfants. Nous nous demandons si les femmes sont trop réservées ou si, ce clan tsigane étant musulman, il préfère qu'elles ne viennent pas à la fête. Ca me semble bizarre, les femmes tsiganes, même musulmanes, sont tout sauf timides... En fait, l'explication est simple : à cette période de l'année, il fait trop chaud pour rester au village, tous les habitants ont donc pris leurs quartiers d'été en ville, là où il y a de l'eau. Les femmes ont préparé le repas pour nous depuis leurs maisons citadines, leurs hommes l'ont transporté jusqu'au village, le réchaufferont et nous serviront, et bien sûr les enfants participent à la fête puisqu'ils vont chanter pour nous. Nos hôtes ont installé des tapis de sol au milieu de la place du village, là où les musiciens s'installeront Nous sommes en face, en demi-cercle, assis sur de confortables matelas rembourrés, une petite table basse individuelle devant nous pour le diner Un repas somptueux, d'ailleurs... je découvre des mets inconnus, comme ces minuscules brochettes de foie très épicées. Les hommes ne laissent jamais nos assiettes se vider, ni nos verres d'ailleurs, ce qui explique que je finisse un peu pompette avec toute la bière bien fraiche qu'on nous sert... Et pendant que nous nous gobergeons, l'orchestre joue en notre honneur de la musique rajasthani sous la lune presque pleine et les étoiles. C'est un moment beau à pleurer. Il faut savoir que ce village est en fait un clan de musiciens. Ils sont si réputés et si riches qu'ils ont pu ouvrir des écoles pour les enfants de toute la région. De plus, ils parcourent les villages à la recherche de très jeunes talents musiciens, et les forment dans leurs écoles, amenant ainsi éducation et avenir pour beaucoup de jeunes. Voici le choeur des enfants, ils chantent à tue-tête sous le grand ciel du désert Puis le clou de la soirée, Anour revient danser pour nous. Certaines ont un choc : il est habillé en femme. Hé bien oui, ici les danseuses étant des femmes, les danseurs sont donc habillés en femme. Logique Il invite Leila, avec qui la complicité et l'affection sont évidentes... … et puis... Pénina et moi-même, pour reprendre la chorégraphie de cet après-midi. Je n'ai même pas le temps d'avoir le trac (quand même, danser des danses rajasthani devant un village entier d'artistes du Rajasthan, c'est un peu gonflé, surtout avec deux heures de pratique), Anou est tellement excellent qu'il nous communique son énergie. Il paraît qu'on s'en est très bien tiré. N'empêche, je suis en train de me faire draguer par un mec habillé en femme, on a vu plus confortable comme situation. Allez, pour le plaisir, je vous mets un très court extrait d'une danse (merci filo pour le coup de mains...) Il suffit de cliquer là : 5aBdfbH9uPQBien d'autres choses magnifiques nous attendent durant cette soirée, comme le fait que Ghazi Khan, en notre honneur, joue des karthals avec l'orchestre : une dextérité stupéfiante et un moment privilégié. Et puis un intermède surréaliste : à un moment, le téléphone portable de Ghazi sonne. Il lève simplement le main et l'orchestre s'arrête net de jouer pour qu'il puisse parler tranquillement. Le silence, tout à coup, sonne étrangement dans la nuit. Il finit par nous dire que c'est un ami qui appelle du Japon, qu'il lui raconte qu'on est en train de faire la fête et pour le lui prouver, fait jouer l'orchestre à nouveau pour que son interlocuteur puisse l'entendre. Ca s'appelle un chef, ça... Nous mesurons l'honneur qui nous a été fait de passer cette soirée au milieu de ces gens, reçues, accueillies et servies comme des princesses. Quand nous partons, très très tard, le village continue à nous jouer l'aubade et à nous dire au-revoir avec des grands cris. Rentrée à l'hôtel, je m'aperçois que j'ai du sable jusque dans les oreilles et les narines. Allez, c'est repartie pour la 4è douche de la journée... le temps que je sorte de la salle de bain, ma copine de chambre dort déjà, sur le lit qu'elle n'a même pas eu le temps ou le courage de défaire. | |
| | | constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
| Sujet: Re: Rajasthan, carnet de route Mar 10 Aoû - 22:43 | |
| 10ème partie : Bikaner, la ville rouge (Junagarh Fort).Départ vers Bikaner tôt ce matin. Nous arrivons, poussiéreux et épuisés par la chaleur, au Gajner palace, un hôtel tellement somptueux et décadent qu'il faudra que j'y consacre un bout de chapitre. Cité du désert, Bikaner peut s'enorgueillir d'un fort aux intérieurs renversants de richesse et de raffinement. J'entendrai, et lirai, plusieurs versions de la création de ce fort, pour certains bâti par le Raja Rai Singh, pour d'autres par son premier ministre, gouverneur de Bikaner, et pour le guide, version ô combien plus romantique, par un des fils du maharaja de Jodhpur qui, s'étant fâché avec son père, décida d'aller construire son propre palais et d'aller bouder plus loin. C'est aussi le seul fort bâti en plaines, et non sur une hauteur (pas le choix, nous sommes en plein désert). Le premier abord n'est guère riant, je l'avoue ...surtout que nous tombons d'entrée de jeu sur un mur exposant les empreintes des mains d'épouses et concubines ayant sacrifié à la coutume du sâti, et donc sont montées sur le bûcher funéraire de leur époux décédé Mais l'intérieur du fort s'avère beaucoup plus gracieux Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Dans une cour intérieure, ce délicieux petit pavillon en marbre blanc surplombant un bassin ...et cette fenêtre en faïence de Delft (Hollande) rappelant que Bikaner constituait une étape privilégiée sur la route de caravanes Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.L'intérieur est tout simplement somptueux, un peu trop d'ailleurs, cette richesse nous laisse ébahis. Tout d'abord les portes de style rajasthani, toutes différentes, toutes en bois précieux peints de motifs raffinés, comme celle-ci Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale....ou celle-là. Je rêve d'en ramener une, mais question supplément bagages, ça se pose là ! Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Vous remarquerez les murs peints de ce bleu profond traversé d'éclairs. En fait, le guide nous raconte que le maharaja regrettait tellement les endroits plus frais et humides où il avait grandi, qu'il avait fait peindre des motifs rappelant l'eau et les orages un peu partout. Ses ingénieurs avaient même crée une horloge hydraulique laissant tomber à intervalles réguliers des gouttes d'eau, pour lui rappeler la pluie. Voici un détail de ces murs, j'avoue que je suis fondue du petit personnage Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Nous admirons également des plafonds à caissons richement décorés ...ou de délicieuses miniatures comme celle-ci, représentant Krishna je suppose Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Cerise sur le gâteau : la salle du trône Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.L'arche au-dessus du trône est incrustée de pierres semi-précieuses. Si si, je vous assure, d'ailleurs je vous mets le détail Je préfère quand même cette adorable balancelle, plus modeste Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale....même si on se rend compte que les murs sont quand même ornés selon la technique de la « pietra dura », c'est à dire des incrustations de pierres semi-précieuses dans le marbre (la même technique qui a été largement utilisée pour la décoration du Taj Mahal) C'est presque trop magnifique à mon goût : j'ai l'impression d'avoir mangé un gâteau absolument divin mais un peu trop riche. La beauté des lieux inspire autant la crainte que l'admiration. Ah, un détail que j'ai oublié de vous donner sur tous ces forts : nous sommes surpris dans toutes ces constructions des couloirs ne menant nulle part, des marches très irrégulières, des tournants brusques, des montées et descentes incessantes... etc. En fait, le guide nous explique qu'il s'agissait d'une ruse militaire : si les ennemis parvenaient à rentrer dans le fort, ils se perdaient dans les couloirs labyrinthe, trébuchaient sur les marches, et perdaient du temps ou étaient ralentis par cette configuration. Petit inconvénient : ce n'était guère pratique non plus pour les habitants, même en connaissant bien les lieux. Si je me souviens bien, un des oncles de la maharani de Jaïpur s'était fendu le crâne en tombant dans les escaliers de son propre palais... | |
| | | constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
| Sujet: Re: Rajasthan, carnet de route Jeu 12 Aoû - 22:45 | |
| 11ème partie : Gajner Palace, près de BikanerVous parler d'un hôtel, est-ce bien raisonnable ? Si l'on songe que ce lieu de résidence fut le palais d'un maharadja, sans doute, oui. Plus exactement un relais de chasse, mais comme nous dirions que Versailles le fut au commencement. Quand nous arrivons après une longue route, poussiéreux, affamés et suants, on pénètre dans un bâtiment de grès rouge, immense, à la décoration « empire des Indes » Puis on nous dirige au milieu de jardins entretenus avec soin jusqu'au restaurant. Nous nous rendons compte que nous longeons un immense lac, hélas presqu'à sec, et le dédale des jardins, balustrades, escaliers, laisse présager quelques difficultés à s'orienter. Heureusement, l'endroit est plein d'aimables employés en turban et longue redingote, qui arrosent mollement les allées et n'hésitent pas à nous guider en cas de perte de repère. Sur le le chemin, le guide a le temps de nous expliquer que le palais, reconverti en hôtel comme beaucoup après que les maharadjas perdirent leur rente d'Etat, se situe à une trentaine de km de Bikaner. Qu'il y a un temple au milieu des jardins (que nous chercherons, en vain), et que les plus grands de ce monde sont venus pour chasser en compagnie des seigneurs du coin. Dont notre Clémenceau, qui était un tireur acharné et qui vint ici pour la très dangereuse chasse aux tigres. Nous entrons, un peu intimidés quand même, dans une salle à manger absolument victorienne et d'époque : nappes damassées, argenterie ancienne, porcelaine anglaise, centre de table tournant en miroir, lourdes draperies, bref, nous voilà 100 ans en arrière. Je trouve le style un peu écrasant, mais la nourriture est délicieuse et nous sommes servies comme des princesses Nous partons ensuite visiter Junagarh Fort, dont je vous ai parlé plus haut. Sur la route du retour vers l'hôtel, le chauffeur du bus s'arrête en plein milieu de...rien (c'est le désert, quand même) pour nous faire une surprise adorable : il trouve notre groupe si sympathique (tu parles ! 25 nanas déchaînées et un seul homme) qu'il a décidé de nous offrir l'apéritif. Aidé de son copilote homme à tout faire, il sort triomphalement une bouteille de whisky et une de rhum, avec du Coca pour adoucir l'affaire, ainsi que des biscuits apéritifs indiens qui emportent la bouche. C'est tellement gentil et inattendu, sans compter que l'alcool coûte très cher ici et que sa paie ne doit pas être bien fameuse, qu'on lui fait une ovation. Après quelques verres et quelques bravos enthousiastes, nous sommes évidemment ronds comme des queues de pelle. Nous entonnons bientôt en choeur et à tue-tête des chansons en hindi, qu'il hurle dans le micro du bus et que nous reprenons au vol. Joyeuse arrivée à l'hôtel, très en retard évidemment. Leïla nous a réservé une surprise (je vais finir par aimer les surprises, je le sens) sous la forme d'un orchestre et de danseuses kalbeliya qui nous attendent dans une des cours de l'hôtel depuis deux heures. Les musiciens jouent languissamment et les demoiselles ont l'air de s'ennuyer, mais vu l'heure, nous partons déjà diner avant que le restaurant ne ferme. Après, par contre... fiesta ! Nous nous installons sur l'esplanade, et applaudissons à tout rompre la prestation de l'orchestre et des danseuses. Je vous ai déjà parlé de la danse kalbeliya des roms du Rajasthan : c'est extrêmement vigoureux, bien que très gracieux. Une des danseuses, du clan Sapera (costume noir) Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Vous remarquerez les clochettes de chevilles et la richesse du costume La danse inclus également des acrobaties, que nous ne tenterons pas de reproduire... comme celle-ci … ou ce pont destiné à aller ramasser entre les dents un billet posé par terre L'atmosphère se réchauffe considérablement quand nous nous levons pour danser aussi. Les artistes sont très flattés de notre enthousiasme, ils nous encouragent sans se rendre compte que la plupart d'entre nous sont quelque peu éméchés... pas seulement d'alcool, mais aussi d'émotions fortes, de beautés accumulées dans nos mémoires depuis le début du voyage, de cette nuit et de la musique sous les étoiles... Tout cela se termine par une « chenille » rajasthani à mourir de rire (je filme les autres pour leur filer la honte quand elles auront cuvé). Dans nos chambres enfin, à une heure parfaitement indécente, je souffre tant de la chaleur que je me décide pour un bain froid. Exceptionnellement, nous disposons de baignoires, autant en profiter pour faire redescendre la température de mon corps, qui frise l'explosion. Seul problème : le palais étant construit près d'un plan d'eau, il y a plein de bestioles. Nous n'en avions pas vraiment vues jusque ici puisque dans le désert, les insectes habituels ne grouillent pas. Mais là, moustiques, moucherons, papillons de nuit et cafards en tout genre squattent la salle de bain. Je déteste les cafards, Annie ne supporte pas les bestioles volantes. Bon, tant pis : je me plonge quand même avec délice dans un bain froid. J'abandonnerai au deuxième cafard venu faire trempette avec moi. Quant à la pauvre Annie, après lui avoir assuré que j'ai chassé tous les papillons, elle osera prendre une douche méga rapide, émaillée de piaillements de protestation. | |
| | | constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
| Sujet: Re: Rajasthan, carnet de route Dim 15 Aoû - 22:26 | |
| 12ème partie : Jaïpur, la ville rose
Lever aux aurores pour prendre la route vers Jaïpur, la capitale du Rajasthan. Ce sera pour la majorité des filles la fin du voyage, mais pour les chanceuses qui ont pu prolonger (j'en fais partie), Jaïpur ne sera qu'une étape plus longue que les autres avant de partir à la découverte d'autres horizons. Il fait une chaleur à tomber, et la clim du bus ne parvient pas à rafraichir l'atmosphère. Nous somnolons en ingurgitant des litres d'eau minérale, que l'aide du chauffeur conserve dans une antique glacière qu'il approvisionne en blocs de glace tous les matins. En arrivant près de Jaïpur, le ciel devient d'une couleur bizarre, un blanc-jaune qui chez nous annonce la neige. Ca ne me semble pas réaliste sous ces latitudes, mais par contre se lève un terrible vent de sable qui balaie les abords de la ville, puis une pluie tropicale commence à tomber. Les marchands essaient de protéger leur biens, les gens se réfugient sous les avancées des toits ou courent dans tous les sens avec des cuvettes en plastique pour essayer de collecter cette précieuse eau. C'est le monde à l'envers : ici la pluie ne tombe que durant la mousson, en juillet et août, on n'a jamais vu de pluie en avril ! Nous arrivons à l'hôtel sous des trombes, les employés en turbans et costumes rajasthani très chics écopent l'eau qui déborde des fontaines. Et nous voilà dans une salle à manger évidemment magnifique, nappes damassés et tutti-quanti, alors que nous sommes dégoulinantes et passablement chiffonnées. Décidément, nos arrivées ne passent pas inaperçues... La pluie s'arrête brutalement, et c'est sous un soleil comme d'habitude brûlant que nous visitons Amber Fort. Nous devons la construction de la cité au grand maharaja Jai Singh II, un guerrier astronome qui était de plus doté d'assez de diplomatie pour entretenir de bonnes relations avec les envahisseurs moghols. Lorsque leur influence déclina, il quitta le fort d'Amber, bâtit stratégiquement sur les collines, pour construire un magnifique palais d'usage plus pacifique sur les plaines. En tous cas, l'arrivée au fort d'Amber ne laisse aucun doute sur sa valeur guerrière : une immense muraille entrecoupée de tours de guet ceinture les collines sur des kilomètres. Toutes proportions gardées, on dirait la muraille de Chine. L'effet est saisissant. La côte pour monter jusqu'au fort est si rude qu'il s'est instauré une navette par éléphant. Prétexte, diront certains, pour promener les touristes à dos d'éléphant... Annie m'en fait un compte-rendu épouvanté : c'est horrible, trop haut, ça secoue et les bêtes sont maltraitées. Bien, mais je ne raterai ça pour rien au monde : ça ne peut pas être pire que les ballades à dos de chameau. Sans vouloir offusquer ces dignes animaux du désert, un chameau ça pue, ça mord et ça blatère en bavant d'abondance. On verra pour les éléphants. Un aperçu de la route et de la citadelle... Nous montons les marches pour accéder à une rampe en pierre surélevée, là les éléphants se positionnent pour qu'on puisse s'installer sur leur dos sans qu'ils aient besoin de s'agenouiller. Nous sommes à deux par bête, installés sur une sorte de lit sécurisé par une barre transversale, les pieds dans le vide Certaines ne risqueront même pas l'affaire et décideront de monter à pied jusqu'à la citadelle. Pour ma part, et contrairement à ma copine qui vit un moment visiblement éprouvant, je me sens infiniment bien. Les éléphants sont assez petits et ne paient pas de mine, mais leur démarche douce et assurée ne provoque qu'un très léger roulis. Les cornacs (on dit aussi : mahout) ont installé à intervalles réguliers d'énormes bassines d'eau pour que les animaux puissent se rafraichir. Notre éléphant d'ailleurs s'asperge généreusement et éternue (sans mettre la patte devant la trompe, ce qui provoque quelques éclaboussures intéressantes pour les passagers). A mi-chemin, la porte dite « des éléphants » J'apprécie l'intelligence évidente et le caractère bien trempé de ces animaux, leur délicatesse pour nous transporter. Je suis sûre d'ailleurs que les éclaboussures, c'était une plaisanterie très « éléphantesque : on voit nettement qu'il se marre bien de sa blague. J'ai adoré en tous cas la ballade, avec l'impression diffuse d'avoir déjà eu cette expérience. Nous voilà dans une des cours principales du fort. Vous apercevez peut-être tout au fond les tours de guet qui surplombent les collines et la longue muraille qui les ceinture Une des entrées principales, à la décoration raffinée Au-dessus de la porte, un Ganesh protecteur Nous traversons des salles où se mêlent le marbre, le stuc, les pierres semi-précieuses, les incrustations d'argent, comme ici Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale....ou ici La chaleur est si forte que même les familles indiennes font la pause à l'ombre O merveille, un jardin « à l'orientale » apporte une touche de fraicheur au milieu de ces joyaux de pierre. Il faut savoir que, pour les Orientaux, le jardin est synonyme de "paradis". Le tracé en est soigneusement déterminé et rien n'est laissé au hasard pour figurer ce petit paradis sur terre Des femmes accroupies, à moitié cachées par la végétation, entretiennent cette oasis miniature et nous font des grands signes amicaux au passage Près du zenana, le quartier des femmes, nous découvrons quelques fresques érotiques. Cette simple balayeuse n'est pas moins belle que les femmes qui y sont peintes Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale. | |
| | | constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
| Sujet: Re: Rajasthan, carnet de route Jeu 19 Aoû - 22:29 | |
| 13ème partie : Jaïpur (2)La dernière fois, je vous ai parlé de l'ancienne citadelle, Amber Fort, voici maintenant le moment de vous faire découvrir le nouveau palais du maharaja de Jaïpur. Mais entre les deux résidences, de délicats petits palais d'été agrémentent la route Construit lui aussi par Jai Singh, mais sur un mode légèrement moins belliqueux et encore plus éblouissant, le palais comporte de nombreux bâtiments, dont un, le Chandra Mahal, est encore habité sur ses sept étages par la famille royale de Jaïpur. Je recommande très vivement le livre de Gayatri Devi « Une princesse se souvient », écrit par celle qui fut la dernière reine de Jaïpur. Elle est morte il y a peu de temps, à un âge très avancé et adorée par son peuple. Le récit qu'elle fait de cette vie incroyable constitue non seulement un livre passionnant, mais un témoignage de premier ordre. Voici le lien résumant à la fois ce livre et l'existence rocambolesque de cette femme hors du commun : http://www.couleur-indienne.net/Gayatri-Devi-souvenir-d-une-princesse-hindoue_a120.htmlExactement comme pour la famille royale anglaise, un drapeau flotte sur la résidence des maharadja lorsqu'ils sont présents, c'était le cas ici Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Le palais comporte deux entrées, mais les cours intérieures s'enchaînent les unes derrière les autres, révélant des détails de décoration raffinés, comme cette porte Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.… ou ces paons en majesté Mais c'est la salle des audiences privées qui nous impressionne le plus, d'abord par cette architecture très particulière, ouverte à tous vents … mais aussi pour ces deux énormes jarres en argent massif qui y sont exposées, réputées les plus gros objets en argent du monde Leur histoire est tout aussi extravagante que le reste : le maharadja Madho Singh II avait reçu en son palais la reine Victoria. A un moment, il lui présente un verre d'eau et la reine, fort incorrectement, refuse de le prendre en lui répondant qu'elle ne boit que de l'eau anglaise. Quelques temps plus tard, le maharadja est invité en Angleterre pour le couronnement d'Edouard VII. Au banquet, il refuse avec grand fracas l'eau qu'on lui verse, disant qu'il ne boit que de l'eau du Gange. Et là, il produit avec panache les deux énormes jarres en argent contenant effectivement de l'eau provenant du fleuve sacré. Et toc. Il faut quand même comprendre que Jaïpur est la capitale du Rajasthan, que les maharadjas possédaient pour certains des richesses prodigieuses, et que le cérémonial de la cour n'avait rien à envier au nôtre. D'ailleurs, l'histoire de Gayatri Devi, à ses débuts de reine du Rajasthan, me fait un peu penser à Sissi : certes noble et riche de naissance, elle mit beaucoup de temps à se faire aux cérémonies écrasantes et au luxe extrême du palais. Nous visitons le musée, où sont exposées de pièces d'habillement princières, dont la très remarquable garde-robe de Sawai Madho Singh I, un homme qui mesurait 2 mètres, pesait 250 kilos, et n'avait pas moins de 108 femmes ! Je vous dis qu'on fait dans l'excessif... Le musée comprend également une fort belle armurerie, avec des armes de guerre et de cérémonie remarquables par leur facture et leur richesse. Là, je visite avec le nez en l'air parce que les plafonds sont incrustés de miroirs et d'or. Quelques manuscrits tout enluminés également, dont des écrits religieux hindous miniaturisés, de façon à pouvoir être cachés en cas d'attaque moghole (musulmane, donc). C'est l'architecture qui me passionne et m'émerveille, comme cette porte surmontée d'un petit Ganesh en marbre Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Ce Krishna peint sur les murs Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Cet autre détail d'une porte Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Ou cette frise délicate Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale. | |
| | | Mel Disciple
Nombre de messages : 48 Age : 36 Date d'inscription : 21/05/2009
| Sujet: Re: Rajasthan, carnet de route Mar 24 Aoû - 18:41 | |
| Et ben, pour moi qui ne suis pas partie cet été ... voilà un bien chouette partage | |
| | | Gentiane Fidèle
Nombre de messages : 142 Date d'inscription : 20/11/2009
| Sujet: Re: Rajasthan, carnet de route Mar 24 Aoû - 19:09 | |
| Je savoure l'humour et les superbes photos Un sublime voyage tu nous offres là ! | |
| | | constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
| Sujet: Re: Rajasthan, carnet de route Mar 24 Aoû - 23:44 | |
| Merci ô voyageuses virtuelles. Sublime est le mot, et j'avoue avoir bien du mal à retranscrire autant de sensations, de beauté, d'atmosphères... je suis contente de voir que j'arrive, ne serait-ce qu'un peu, à partager ce voyage. | |
| | | constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
| Sujet: Re: Rajasthan, carnet de route Mer 25 Aoû - 22:00 | |
| 14ème partie : Jaïpur (3)A Jaïpur, nous sommes logées dans un hôtel délicieux, le Halsisar Haveli, comme son nom l'indique un ancien « haveli » (maison des nobles ou riches marchands). Leïla tenait absolument à nous faire découvrir cet endroit, un havre de paix raffiné dans cette ville grouillante et surchauffée. Nous nous perdons dans les coins et recoins de la maison, tombant souvent par hasard sur de charmantes courettes comme celle-ci, où résonnent les cris des perruches en cage Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale....ou dans des salons désertés et presque frais Seul inconvénient de l'endroit : il n'y a a pas de salle de danse. Qu'à cela ne tienne : notre prof nous amène encore dans un de ces endroits fabuleux et improbables dont elle a le secret. En fait chez des amis artistes, Marie-Noëlle, une française qui s'est totalement acclimatée à l'Inde et vit là bas depuis de longues années puisqu'elle a épousé un musicien connu (joueur de tabla), Hameed Khan. Ils ont une maison non loin de Jaïpur, et Marie-Noëlle a construit une salle de danse que louent les artistes de passage. Nous voilà donc partis avec le bus pour une après-midi de danse et un diner-spectacle organisé par nos hôtes et Leïla. Nous sommes reçus avec gentillesse par Marie-Noëlle dans son jardin (et avec de la citronnade fraiche, il fait si chaud qu'on va tourner de l'oeil...). Elle est devenue indienne, cela arrive parfois... elle marche pieds-nus sur la terre craquelée et parle hindi à ses domestiques. Autre chose amusante et assez typique, bien que peu pratique : les toilettes sont au bout du jardin, les Indiens considérant ces lieux comme vraiment impurs. Dans la salle de danse, des ventilateurs de plafond brassent un air rafraichi par une clim cahotante et plaquent nos voiles vers le sol. Pas simple de danser comme cela, surtout qu'une sorte d'orage sec se met de la partie et provoque des coupures d'électricité. Nous ouvrons les portes et dansons avec la lumière déclinante du soir, accompagnées des éclairs et du vent. Grandiose ! Les enfants du coin, sentant qu'il se préparait quelque chose, nous observent des murets voisins, nous rions sous cape de voir leurs frimousses ébahies. Il n'y a pas vraiment de mouvements de hanches en danse indienne classique, rien de comparable en tous cas avec l'orientale. Ca doit leur sembler très exotique. Nos tenues chatoyantes, nos voiles virevoltants, le bruit de nos sagattes, laissent les gamins hilares et enthousiastes. Après ces efforts, Marie-Noêlle installe avec son personnel des tables dans le jardin, malgré l'orage menaçant, et nous mangeons un repas typique tout à fait succulent, dont un petit pain rajasthani hyper bourratif mais délicieux. Quelques lourdes gouttes de pluie tombent au milieu de banquet, sans que cela semble déranger quiconque. Nous admirons ensuite un spectacle de marionnettes rajasthani. Il s'avère que l'artiste est le petit épicier près de l'hôtel, à qui nous achetons notre eau quotidienne, en fait un artiste réputé. Puis nous regagnons la salle, pour un spectacle de danseuses kalbeliya. Comme il s'agit de notre dernière soirée toutes ensemble, nous nous en donnons à coeur joie ! Comme d'habitude, les danseuses sont splendides , je ne peux que partager avec vous la beauté des costumes Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.… leur grâce souriante … les couleurs éclatantes Le lendemain matin, nous visitons le City Palace, puis les filles reprennent directement le bus qui va les conduire à Delhi pour prendre l'avion très tard ce soir. Derniers au-revoir, dernières embrassades, elles partent tandis que nous restons ensemble, Leïla, Pénina, Annie et moi. Veinardes que nous sommes... Nous nous en donnons à coeur joie l'après-midi pour faire un monstrueux shopping à Jaïpur. C'est une ville cahotique, poussiéreuse, mais qui possède un charme particulier. D'abord sa couleur rose, qui n'est pas naturelle ni d'origine (le grès serait plutôt blond dans cette partie du Rajasthan) : c'est le maharadja Ram Singh qui décida de faire peindre toute la ville en rose, couleur de bienvenue chez les Indiens, lorsqu'il reçut le prince de Galles en 1876, et la tradition est restée. Et puis le très étonnant Palais des Vents, le Hawa Mahal, devant lequel nous sommes passées 20 fois sans pouvoir vraiment l'admirer Cette façade de 5 étages a été construite en 1799 pour permettre aux femmes du harem royal d'observer le spectacle de la rue et les processions sans être vues. Les murailles rose se prolongent et abritent de nombreux commerces. Vous remarquerez les échafaudages en bambous, qui semblent tellement légers mais s'avèrent en fait très résistants. J'ai d'ailleurs vu les mêmes en Chine Nous trouvons les habituels petits marchés, où les femmes exposent leur récolte de primeurs Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.… et les échoppes de tailleurs Nous revenons chargées de vêtements, tentures et autres achats tout aussi réjouissants, longuement marchandés dans les boutiques. Ce matin, calme étonnant. Ah oui, les filles sont parties, nous n'avons aucun programme sinon de passer une journée supplémentaire à Jaïpur. Nous faisons donc la grasse mat' jusqu'à... au moins 08H00 ! Et nous décidons de buller toute la matinée, ô luxe et volupté. Cela se traduit par notre installation à la piscine de l'hôtel, au milieu des roucoulades des pigeons venus eux aussi se rafraichir. Nous ne sommes que toutes les deux, Annie et moi, il fait un bon 45° et nous pataugeons dans l'eau fraiche. Délice. Ce qui me laisse songeuse, c'est que nous sommes le 1er mai, et que j'imagine sans peine les petits marchands de muguet dans ma rue. Sauf que j'en suis tellement loin que cela me semble presque surréaliste. Parce qu'ici, nous sommes quand même très proche de la perfection Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale.Voilà, vous cadrez mieux ce que j'aperçois de mon relax ? Il ne manque qu'une boisson fraiche pour se retrouver définitivement au paradis. Et voilà que justement notre serveur préféré arrive avec son plateau (en argent) pour nous demander si on ne désire rien. Si, un lassi, bien frais, à la mangue, merci mille fois Agrandir cette imageRéduire cette image Cliquez ici pour la voir à sa taille originale. | |
| | | constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
| Sujet: Re: Rajasthan, carnet de route Sam 28 Aoû - 20:16 | |
| 15ème partie : Sur la route de Galta « Le chemin que j’avais choisi mène à Galta, une ville en ruine dans les environs de Jaipur, au Râjasthân. » Le singe grammairien, d'Octavio Paz. Nous sommes toujours le 1er mai, et cet après-midi, Leila a décidé de nous amener dans un endroit très très particulier : le temple de Galta, dédié anciennement au soleil mais appelé «monkey temple» parce qu'il est totalement investi par les singes. On y adore aussi Hanuman, le fameux roi des singes, héros du Ramayana. Ce lieu, inconnu des guides et des touristes, se trouve dans les montagnes à quelques kilomètres de Jaïpur. Sur la route de Galta, les manifestations de dévotion s'expriment par de nombreuses petites statuettes déposées au pied des arbres ...ou cette représentation de Ganesh dont Leila est tombé amoureuse... Le paysage est d'une absolue sécheresse : sur les arbres qui semblent grillés sur pied, seules des fleurs couleur fuschia subsistent. L'effet est assez étrange, on dirait ces cactus sur lesquels les fleuristes ajoutent des fleurs factices Nous arrivons à l'entrée du temple, je devrais dire : des temples, puisque les bâtiments sont éparpillés dans la montagne. C'est un joyeux capharnaüm de camions qui débarquent les pèlerins, de scooters vrombissant et de vaches La dame en rose me fixe parce qu'elle est proprement fascinée par mon chapeau de soleil, comme la moitié des habitants du Rajasthan. Je me suis d'ailleurs résignée à apparaître dans pas mal d'albums photos de la région, je crains qu'ils n'en parlent encore dans dix ans... Nous sommes accueillies à l'entrée du temple par une musique bollywood tonitruante. Cette musique provient d'un stand qui expose des accessoires kitchissimes, genre : tableaux en plastique des dieux hindous, guirlandes brillantes, cassettes de films, clochettes et encens. Je dois dire que l'effet est assez étrange par rapport à l'atmosphère paisible des bâtiments anciens Et déjà des singes, des singes partout ...complices de moments de tendresse ...ou plus solitaires Nous commençons à grimper de longues volées de marches, ce qui nous permet d'admirer les temples plus bas Le singes se comportent ici comme dans leur demeure, ils y sont d'ailleurs adorés, nourris, il y a même des bassins qui leur sont réservés Ils s'en donnent à coeur joie, se jettent à l'eau et se poursuivent avec de grandes éclaboussures, comme des gosses. Je me sens d'ailleurs assez troublée par leur ressemblance avec les humains, leurs mimiques elles aussi très humaines, leurs mains qui ressemblent à celles d'enfants. Il serait sans doute plus juste de dire que ce sont nos mimiques qui sont simiesques, et que tous ces singes nous observent en étant eux aussi troublés par la ressemblance. En tous cas, ils ne sont absolument pas agressifs, contrairement à leur comportement dans les villes, et vivent avec insouciance dans ce qui doit être un paradis pour singes. Tout en haut, nous entrons dans un petit temple. Un prêtre nous accueille et sur son invitation, nous nous asseyons pour une longue, longue discussion en anglais. De quoi nous parle-t-il ? De la méditation et des mantras, de joie, de paix ... il nous offre du sucre concassé symbolisant la douceur du monde, nous dessine au milieu du front le tilak (point rouge) de bienvenue, et nous confectionne un bracelet de fils rouge qu'il attache à notre poignet, recommandant de le laisser dans un endroit sacré quand il se défera de lui même. Je fais remarquer qu'à nous cinq dans ce petit temple, nous rassemblons pas mal de religions : catholique, protestante, juive, musulmane et hindouiste. Le prêtre en est ravi et nous bénies à nouveau. Etrange conversation qui glissera sur nous comme une ondée bénéfique. Nous écoutons bouche bée car le prêtre en question est d'une beauté stupéfiante. Dans un deuxième temple, la cérémonie se renouvelle, avec un autre prêtre presque aussi beau, qui doit être le frère du premier. Nous commençons à envisager de devenir nonne... Il se passe néanmoins quelque chose de très étrange pour moi. Le prêtre en question tient à nous prendre en photo, et me demande pourquoi je ne souris pas. Comment lui expliquer que je n'aime pas être prise en photo ? Il n'attend aucune explication et me dit avec bonhommie que je devrais sourire puisque je suis revenue chez moi. Il précise que j'étais là déjà il y a 650 ans (?) et que je reviendrai encore. Je cherche le bug, la secte ou autre, mais non, rien de tout cela. Nous ne croiserons d'ailleurs pas un seul occidental en quête de mysticisme dans ce temple. Il a dit ce qu'il ressentait et j'en ressors assez troublée, parce que c'est ce que je ressens moi aussi : quand je suis en Inde, j'ai l'impression d'être revenue à la maison. En descendant les marches, nous découvrons un vaste bassin où les pèlerins se baignent. Vous remarquerez l'Apollon en maillot, qui attendra qu'on le regarde pour se jeter du haut du parapet avec moult battements de bras … et cet homme en train de rêver Les eaux sont censées porter chance, aussi non seulement les gens se baignent mais ils trempent aussi des linges qu'ils rapporteront chez eux et qui leur porteront bonheur. Voyant qu'on s'approche, les gens nous font des grands signes de bienvenue et nous lancent de l'eau pour nous faire profiter à la fois de la fraicheur et de la bénédiction Je vais tremper ma longue écharpe égyptienne dans le bassin. Elle a déjà connu le Nil, mais deux bénédictions valent mieux qu'une. La descente est quand même moins ardue que la montée, et puis nous sommes sur un petit nuage, portées par l'atmosphère particulière de l'endroit Avant de reprendre la voiture, nous nous arrêtons dans une petite buvette à l'entrée du temple, histoire de se remettre de nos émotions et de déguster un chai (thé aux épices). Ce qui nous permet d'observer les gens autour de nous, et je dois reconnaître que le spectacle en vaut la peine... Aussi bien le sourire fier d'une mère qui nous fait admirer son enfant … que des femmes étendant leur linge sur le bord de la route … ou encore ce vieil homme à la tête de patriarche | |
| | | constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
| Sujet: Re: Rajasthan, carnet de route Sam 28 Aoû - 20:45 | |
| 16ème partie : Sur la route de Galta (suite)
En reprenant la route pour rentrer à Jaïpur, nous faisons néanmoins un petit détour pour visiter un temple très particulier : il s'agit d'un temple dédié à Shiva dans lequel Leila s'est rendue quand on était bloqué en France par le nuage volcanique et qu'on ne pouvait la rejoindre. Notre prof de danse, pour hâter notre arrivée, a organisé une puja (cérémonie religieuse) dédiée à Shiva, notre protecteur... en effet, Shiva dans sa forme Nataraja est le seigneur du tandava, la danse cosmique qui crée et détruit l'univers. Le lieu est à peu près tout, sauf touristique. Tant mieux. Depuis le 1er temple nous avons envoyé baladé les chaussures et nous nous promenons pieds nus. Les miens commencent à être d'une saleté repoussante, mais je me sens trop à l'aise comme ça pour y renoncer. Sur place, nous nous régalons du spectacle des rues Deux temples se font face dans le minuscule village : le rose, dédié à Shiva …et un rouge, dans lequel nous n'entrerons pas Nous visiterons le temple sur la pointe des pieds, pour ne pas déranger les cérémonies en cours, mais comme partout en Inde, il règne un bruit et une confusion qui nous mettent rapidement à l'aise. Il y a un petit orchestre qui joue, des gens qui prient, un peintre qui badigeonne les murs... La vue sur l'autre temple et sur les alentours est imprenable Comme à Galta, les singes se promènent partout. Nous admirons ces trois là qui posent sur un des toits du temple … et qui s'amusent à imiter le conte des singes chinois Nous reprendront la route vers Jaïpur à la fois épuisées et émerveillées. Ce retour vers la ville, après cette cure de calme et d'air un peu plus frais, nous semble presque décalé. Pour nous remettre de nos émotions, nous nous rendons dans un petit bar très moderne qu'affectionne Leila : on y trouve quelques expatriés, et surtout du vrai bon café, y compris du café frappé et autres glaces. Je n'aime pas le café, mais j'avoue qu'une boisson glacée n'est pas de refus. Nous nous arrêtons aussi à la boutique mère des produits de soins ayurvédiques Himalaya, dont je ne me lasse pas de chanter les louanges. Leila est aussi une convertie, nous nous chargeons donc de présenter ces produits aux deux autres... razzia pour des prix défiants toute concurrence. Nous terminerons par la visite à un petit temple que notre prof aime beaucoup également, un minuscule autel dédié à Krishna à l'intérieur d'une cour privative. Nous rencontrons le prêtre, un vieil homme qui nous montre les énormes tambours servant aux cérémonies, et puis nous rentrons à l'hôtel, lessivées mais heureuses. | |
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| Sujet: Re: Rajasthan, carnet de route | |
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