Deuil

Deuil

J'ai pleuré les frênes abattus
compagnons assidus de ma fenêtre sur les matins,
sujets quotidiens des pinceaux du soleil,
échos des souffles girouettes et bras tendus aux astres capricieux,
chemins mille-feuilles vers l'en-haut
ombres maillées d'étoiles et livres fabulateurs.
Aujourd'hui, dans la clarté aigue-marine,
le champ s'est approfondi, la voûte élargie,
la lumière intensifiée.
Toujours le deuil ouvre les yeux ?
A quoi bon s'attarder au mal
sinon par mortification ou culpabilité...
Les arbres couchés ne se redresseront pas.
S'asseoir sur leurs souches, compter leurs cernes
seront repère et mémoire,
leurs miettes éparpillées humus
et feu intérieur.
Le temps est venu des jeunes pousses
et de l'effacement.
Tombe la neige,
souligner bleu insomnie
la nuit trop longue de l'hiver.

mais voir un arbre tomber est toujours cruel et douloureux...

le temps passe il est vrai et sa mort avec

Un amour pour la nature qui se lit dans chaque ligne de ton poème.

J'aime beaucoup les cernes de ces arbres.
On sens dans ton texte un amour de la nature qui me rappelle un peu les écrits de Christian Bobin. Un amour contemplatif et absolu.

"souligner bleu insomnie" est-ce volontaire ou s'agit-t-il d'un oubli de mot(s)?

c'est volontaire, Phil.
Merci de vos lectures.
Dans ce texte, j'ai parlé littéralement de nature arbustive, mais au second plan, j'ai pensé nature humaine...je croyais que cela vous sauterait aux yeux.

Si bien sûr Gého, on pense à la nature humaine : "les miettes éparpillées humus", les "jeunes pousses" et le titre !!!
Il y a longtemps, j'avais utilisé cette image des jeunes pousses. Si je le retrouve, je te le donnerai.
Bises !

J'aime. Et c'est bien ma seule compétence.

Merci.

J'aime aussi énormément... Je me pavane avec bonheur dans tes lignes !!!

(A Thierry : je m'insurge contre ton avis sur tes compétences, bien que ne te connaissant que bien peu, mais ayant lu quelques uns de tes textes. Enfin ce n'est que mon avis n'est-ce pas...)


Merci Geho

J'aime aussi et je vois ce que Thierry a voulu dire. Parfois, on est tellement saisi par un texte comme ici que les mots ne viennent pas forcément et que l'on a juste envie de dire que l'on a aimé.
D'une amoureuse des arbres à un amoureux des arbres.