La marche des soldats de plomb
Les vieux soldats de plomb marchent à la baguette,
Métallique unisson, avec leur baïonnette,
Un petit bout de rouille, et un très vieux canon,
Sur la moquette usée, au milieu du salon.
On ne leur a pas dit que la guerre est finie,
De Paris à Moscou, du Nord à la Bosnie.
Ils sont passés de mode, et se sont enfermés,
Bien au chaud dans la boite aux contre-vérités.
Le temps s'est écoulé sans aucune escarmouche,
L'enfant a préféré les laisser sur la touche.
Et dans le monde entier, le tonnerre s'est tu,
Les sages ont gagné contre les m'as-tu-vu.
Les vieux soldats de plomb avancent, mécaniques,
Arpentent les débris, cherchent des bolchéviques,
Les ennemis d'antan, trop faucille et marteau,
Ceux que le général veut jeter au poteau.
Aucun ordre ne vient arrêter cette marche,
Inventée avant eux par un pieux patriarche.
Des zéros et des uns, militaires fourmis,
Partis pour en baver, mais muets et soumis.
Le temps s'est arrêté sur ces vieilles images,
La photo noir et blanc de nos enfantillages.
Et dans le monde entier, les enfants sont couchés,
A l'abri dans leurs lits, loin des joujoux plombés.