A ta garde fébrile

Noir. Une main tendue entre les eaux stagnantes,
Un murmure effacé aux caresses fragiles,
Le souvenir confus d'une présence amante
Me remettent brisée à ta garde fébrile

Bercée par ton odeur, chaude immobilité,
L'apaisement muet en l'abri des bras nus,
Noyant dans la torpeur l'absence à mon côté,
Le courage défait par ce poids disparu

J'abandonne mon corps à tes soins vigilants,
Plongeant dans l'intérieur protégée par tes mains :
Dans le royaume mort ou ma fierté m'attend,
J'irai braver la peur pour mériter demain

Sur les sentiers errants perçant le bois opaque,
Des entrelacs d'honneurs en floraison macabre,
L'avènement sanglant d'une nouvelle pâques ;
Parfait par les horreurs, j'ai retrouvé mon sabre

A quelqu'un qui m'a sauvée sans le savoir

Je suis très touché par ces beaux alexandrins.
Le fond, la forme, l'émotion... tout me touche ici.

Compliments!
Tu ne postes pas assez ce genre de bijou.

le fond, la forme, "le souvenir confus d'une présence amante", j'aime!

Une grande maîtrise et une force indéniable.
Comme une guerrière!

J'aurais pu écrire une chose comme cela, plus jeune. Je crois même que j'avais fait, il y a bien longtemps, un texte sur l'amertume de l'orgueil et le sombre sentiment de fierté qu'il provoque, se sentir pleine de noirceur, d'un sang riche qui coule au secret de nos veines, la force de son bras, l'acuité d'un regard qui voit plus profond, la solitude qu'engendre cette perception...
Ton texte a tout, ma sombre Belette : et surtout une promesse de douceur, plus tard.

L'ensemble est très bon, mais j'ai aimé par dessus tout le tranchant du dernier vers

Je l'avais déjà commenté celui-ci sur un autre forum, je m'en souviens.
Et comme j'avais particulièrement aimé, pour le plaisir, je le fais remonter.
Mais aussi pour les rimes intérieures, pour la musicalité, pour ce mot isolé qui annonce la teneur, pour le titre et la profondeur du message.
J'espère que tu reviendras poster incessamment sous peu.

Bravo

Je trouve ce texte chargé d'émotion, de subtile ambiguïté, mélange de sensuel et de chagrin... Ce texte est magnifique et nous emporte dans ses sinuosités.
Et comme Memere, je trouve le dernier vers terrible, mais curieusement, il ouvre l'avenir.