Au cinéma cet après-midi, j'ai découvert un film plutôt étrange et complétement en dehors des sentiers battus.
Trois hommes, trois frères, ont rendez-vous pour un voyage en Inde à bord du train Darjeeling Limited, voyage dont on ne comprend pas ni la genèse, ni le but. Le début est assez lent, teinté d'un humour décalé, on ne sait pas pourquoi ces hommes paraissent si pitoyables et paumés. Le situations étranges et cocasses s'enchainent, puis peu à peu les choses passent sur un autre plan, et à la fin, on comprend, on comprend enfin le tout.
Ce film demande sans doute une certaine patience pour parvenir à une compréhension assez lumineuse de plein de choses. C'est très indien, ça !
Au milieu du film, les trois frères se retrouvent dans un village complétement perdu, au milieu de paysans. Ces images véhiculent une telle émotion, une telle vérité, qu'on se laisse gagner par cette atmosphère.
J'ai retrouvé un peu de ces sourires qui m'avaient tant marquée à Bénarès, une acceptation calme de la vie qui s'écoule, des coeurs absolument et simplement ouverts à l'autre, une générosité silencieuse. J'ai même retrouvé l'agacement que manifestent certains fonctionnaires ou employés devant nos impairs d'occidentaux...
Vers la fin aussi, toutes les personnes importantes défilent dans le train, comme des tableaux à la Magritte, des minuscules bouts de vie qui voyagent. Une dimension onirique qui m'a charmée.
Et puis les trois frères se débarassent de leur passé, des bagages qui encombraient leur vie, et ce vent de liberté ne peut que nous toucher, profondément.
Je ne conseillerais pas ce film à ceux qui ne jurent que par les succès américains planétaires, et qui ont juste envie de s'éclater quand ils vont au cinéma. C'est agréable, remarque, mais là, c'est un peu différent. Et une mention spéciale à Adrian Brody, prodigieux en espèce de clown triste encombré de son corps (il était déjà incroyable dans "Le pianiste").
Un voyage initiatique, pour tout le monde.