II) EXTENTION ET ANCRAGE
La moyenne bourgeoisie des nombreuse villes goûte dans le christianisme l’exaltation des vertus morales qu’elle aime revendiquer (ça n’a pas changé depuis) de même les garndes familles aristocratiques pour lesqueles la pratique d’une charité ostentoire sera moyen d’affirmer leur excellence et leur rayonnement. Une célèbre martyre, Perpétue, supllicié à Carthage avec son esclave Félicité, était une jeune patricienne.
Car, contrairement à une idée reçue, le christianisme, s’il en attire beaucoup, n’est pas d’abord une religion de déshérités. Il est essentiellement urbain là où vivent les élites. Sans leur soutien actif et leur position au plus prés des pouvoirs politiques et juridiques, il n’aurait pu s’affirmer avec autant de force. Ce sont ces élites qui le confortent par leur adhésion (plus ou moins interessée, surtout aprés la convertion de Constantin).
La vieille religion va résister longtemps dans les campagnes, d’où son nom de “Paganisme” (pagani en latin signifie paysan) qui seront longues et difficiles à convertir.
Elites et décideurs sont en ville, ce sont eux qui imposent, même en matière religieuse. Le christianisme du IVème siècle n’est plus anti civique, au contraire.
Ceux qui font du christianisme un mouvement de révolution sociale extrapolent, le royaume de Jésus n’est pas “de ce monde”. St Paul qui est aussi conservateur (et mysogine en plus) que grand prédicateur rappelle que les chrétiens doivent être soumis aux autorités et prier pour le basileus (roi en grec, donc l’Empereur). Et obéir aux fonctionnaires qui assument une mission voulue par Dieu.
Il conseille aux maîtres chrétiens d’aimer leurs esclaves, mais ordonne à ceux ci de rester déférents envers leur maître quoiqu’il fasse. Les chrétiens acceptent l’ordre établi sur terre et ne demanderons jamais l’abolition. S’ils s’élèvent contre les combats de gladiateurs, ce n’est pas par humanité mais parce qu’ils dénoncent tous les spectacles (ce qui les rend impopulaires vu leur importance dans l’Empire) comme distrayant l’esprit de la méditation religieuse.
St Augustin écrit que la poèsie est “Le Vin du Diable”; bienvenue dans le Cercle de l’Enfer lol!
Changer ce monde qui n’est pas destiné à durer est donc inutile.
Les chrétiens vivent dans l’attente de la Parousie: retour glorieux de Jésus et résurection des morts, qui pour eux est imminente. Modifier un ordre social et politique temporaire et supportable ,s’il ne contraint pas à sacrifier aux dieux, n’a aucun interêt.
On ignore ce que pensaient les adeptes de Mithra à ce sujet, comme les chrétiens ils se préoccupaient de leur salut individuel. Mais pour ce qu’on sait, le combat de Mithra se passe aussi dans ce monde, quel forme pouvait il prendre pour eux?
De même la thése que les chrétiens sont cause de l’effondrement de l’Empire ne tient pas. L’Empire du IVème siècle est trop vaste. Partagé entre Orient et Occident dont les empereurs se combattent souvent (c’est le cas de Constantin et Maxence), sous l’emprise des militaires qui font et défont les empereurs, menacé à ses frontières, il croule sous les problèmes. Economiquement Rome ; qui compte un million d’habitants (c’est énorme pour l’époque) draine toutes les forces de l’Empire. Le peuple travaille peu et vit des subsides des patriciens, c’est le clientélisme institutionnel.
Les gouverneurs, l’aristocratie provinciale font leur propre politique. Des légions entières sont composées de barbares, excellents combattants, mais qui ne résistent pas toujours avec ardeur à leurs peuples. L’installation de Constantin dans l’ancienne colonie grecque de Byzance en fait une rivale de Rome qui voit décliner son prestige.
La “décadence de l’Empire Romain” sur laquelle on a tant glosé, n’a pas de cause religieuse, elle est logique dans l’évolution des civilisations qui, toutes, aprés une apogée, déclinent.
La convertion de Constantin a joué un rôle décisif dans le triomphe du christianisme. Elle a fait couler beaucoup d’encre: sincérité, opportunisme, miracle? Avant la bataille victorieuse contre Maxence, il aurait fait un rêve: Une croix lumineuse dans le ciel et une voix disant” Par ce signe tu vaincras”, il l’a fait peindre sur les boucliers. Et, comme il était probablement meilleur stratège, il a gagné!
Historiquement, ce qui importe c’est le contexte religieux, politique, social et psychologique qui au cours des décennies précédentes a réuni les conditions la rendant possible: accélération des convertions dans les classes moyennes et supérieures, présence de plus importante des chrétiens dans l’armée (contrairement à une autre idée reçue ils se battaient avec autant d’ardeur que les autres, d’autant plus qu’ils avaient des païens face à eux; St Martin était officier.); l’administration, les magistratures.
Donc que Constantin ait agit par conviction ou en suivant l’air du temps ne compte guère. Mais sa conversion fut décisive pour l’avenir du christianisme qu’elle place au premier plan rélégant ainsi le paganisme, et ça, il ne l’avait sans doute pas prévu.