Hiver âme plongée

Hiver âme plongée
Sommeil décrépitude
Intemporalité
En sentiments perdus.

Bois assombris de pleurs
D’un bonheur révolu
En mots malentendus
Et perdition de cœur.

Bonheur enseveli
De feuilles assassines
Qui vert son jaune en rouge
D’un brun de cœur en mort.

Oubli de vie d’amour
D’un corps en soi d’autrui
Oubli d’un couple vie
Par des mots asséchés.

Mots en néant de sens
Dans un repli de peau
Qu’enfrichent les départs
D’un sous-bois lieu dual.

Ombre temps en lambeaux
A l’abri de tout corps
Par des mots silencieux
D’inutile présence.

Ombre temps suspendu
En flottaison de corps
Verticale sur noir
Libéré de soi même.

L'élision des articles et des verbes conjugués donne un ton étrange à ce poème, un sentiment d'incomplétude, de survol, ce qui pourrait coller au propos, mais aussi d'énumération, ce qui est peut-être moins opportun.
Les deux seules actions (verbes conjugués) sont dans la strophe 5, donc tard, et "enfrichent" passe encore (bravo au passage), mais "duale" qu'on peut sans danger qualifier de néologisme, même s'il me plaît énormément, est fragilisé par la juxtaposition "sous-bois lieu" qui précède et rend le tout peu clair.

On a l'impression que cet amoncellement de mots pas assez liés cache une subtilité, comme un acrostiche, un code...

L'ensemble m'évoque un croquis, mais pas au crayon gras : à la plume et à l'encre, une belle encre précise qui n'a pas peur de multiplier les petits traits avec du vide entre, car ceux-ci participent d'un tout finalement cohérent à l'ensemble de l'esquisse.
Oui, pas fan de la ligne continue, le Philistart... plutôt de l'impressionnisme verbal, au champ lexical particulièrement délectable.

En bref : Bien que regrettant les élisions excessives, je suis très impressionné, et je dis bravo.

Des sensations qui se suivent sans forcément que le lien entre elles soit évident, mais qui emportent à la lecture.
Elles se passent plutôt bien de verbes, sans que j'ai l'impression d'une énumération.
J'aurais pris "duale" pour un adjectif vu qu'il suit sous bois, mais le E serait de trop?

Merci pour vos commentaires si pertinents

Bien sûr dual sans E....

Une faute d'orthographe qui m'a échappée

Dual pour la dualité du monde et le passage d'un monde à un autre....

OK, ce qui rend ce vers beaucoup plus clair ! Merci.
Mais ce qui ne laisse plus qu'un verbe conjugué dans tout le poème, et ne change donc rien à mon commentaire.



Clin d'œil : J'ai posté ici un récit intitulé "L'Homme Dual"

oui juste un verbe dans mon poème placé près du sous-bois et donc du passage...


pour moi le verbe est l'action et les couleurs le monde....



je travaille même sur un poème sans aucun verbe.....


étant nouveau où puis-je lire ton récit?

Je me contenterai de parler du ressenti de ton poème qui m'a particulièrement touchée. Est-ce le moment présent, est-ce le contenu ? Un ensemble sans doute qui me parle particulièrement aujourd'hui.
Il est vrai que j'aime aussi parfois faire des poèmes sans verbe, plutôt une succession de sensations, que l'on subit parfois sans en être acteur.
Bref, j'aime bien !

J'apprécie tout particulièrement le rythme roulant de ce texte, ses respirations, les très belles trouvailles lexicales, et cette musicalité, très importante pour moi...
Très réussi, et surtout, plein d'une vie sombre qui montre une belle sensibilité.

Merci Constance pour ton message qui me touche d'autant que je te sais exigente.

Rythme et musicalité, j'avoue travailler ces aspects pour garder une fluidité dans la lecture sans pour autant affadir le sens.

C'est à coup sûr un encouragement à poursuivre...

Ca y est, me voilà nantie d'une réputation de mère fouettarde ! Manquait plus que cela...
Mais tu n'as pas tort, je suis un peu chiante sur les bords, et le rythme d'un poème représente beaucoup dans mon appréciation de l'ensemble.

bonjour et bienvenue, Philistart.
Je trouve comme Filo excessives les élisions d'articles, mais la musique de l'ensemble et le fait que les mots fassent ces noeuds donnent comme une torsion agréable à la lecture.

Chiante Constance? que nenni

Par exigente j'entendais : livrer des poèmes aboutis d'où l'on a tiré le meilleur de soi même....


quoique le fouet..... (rires)

J'ai ressenti comme une libération (élévation ?), de "bonheur enseveli" en "flottaison de corps". Beau rythme et beau travail sur les sonorités. "Impressionnisme" correspond bien je trouve.
Pourtant je reste un peu sur ma faim car je garde l'impression que le travail sur la forme embrouille un peu le sens. Un peu trop long peut-être ?
En même temps, "embrouillé", dans un bois, ça le fait.

Un rythme particulier, comme une succession de brèves recroquevillées sur elles-mêmes, comme si elles avaient froid.

Juste une remarque ; je mettrais en lambeaux (au pluriel) sinon ça fait bizarre, un seul lambeau. Sauf si cela était ton intention ?

Je crois que tu as raison Romane aussi j'ai corrigé le mot


Oui une élévation telle l'âme sortant d'un corps matière