J'ai renvoyé la lune

J'ai renvoyé la lune
Car elle pissait drue
Sur le banc des étoiles
Et se moquait du monde
Qui traînait un drap blanc
Tâché et déchiré.


Elle s'en est allée
Bouder à cloche pieds
Sur les monts sans cheveux
Déroulant la fraîcheur
De ses pleurs arborés
Par le vert de nos songes.


Elle a ri de mon trouble
De mon questionnement
Sur ma sévérité
Jaunissant les ornières
Des sombres réverbères
Pour que je la punisse.


Elle a lavé le ciel
De craies pointées de bleu
Par l'éponge des mots
Recouvrant d'un brouillard
Les chemins silencieux
Des tableaux de traverse.


Ainsi débarrassée
D'un tablier de temps
Elle est rentrée chez elle
Dans cet écrin ardent
Des devoirs immuables
Où chacun se fait homme.

Pauvre Lune ainsi renvoyée.
Quel visage nous offrira-t-elle ?
Est-ce sa clarté qui change nos mots ou nos maux qui peuvent changer sa face ?
Tu penses bien que j'aime ce poème, dans sa progression et jusqu'à la dernière strophe qui est superbe.

merci Garance,

juste pour info, la première strophe m'est venue quasiment entièrement après avoir regardé dimanche soir "La Guerre des boutons"

J'adore quand un poème ou partie de poème nous vient comme ça.
Le ton est souvent "particulier", et ne correspond pas à notre langage habituel, mais il nous bouscule juste assez pour stimuler l'imaginaire et renforcer le propos.

je suis tout à fait d'accord avec toi

d'ailleurs cela me vient assez souvent après un film ou en feuilletant un livre

On peut sentir que la première strophe est venue de cette manière, quand on compare avec les autres qui sont plus cherchées, plus denses ! Elle me plaît particulièrement.