L'HEURE DU CHATImperceptible et délicat, le soir mauve s'est posé
sur les ultimes lambeaux de cette journée.
Avec une résignation mélancolique,
la ville l'accueille,
comme une femme fatiguée
qui n'ose pas se refuser
à son amant entreprenant.
Ses moindres recoins se laissent pénétrer,
ensemencer
par l'ombre qui coule
et inocule irrésistiblement la nuit.
Tel un resplendissant cliché,
comme aboyé de dépit
par la cité consumériste,
le soleil ensanglante l'horizon
et découpe les toitures tranquilles
et le clocher arrogant.
C'est mon heure.
Celle où ma journée de contraintes prend fin
celle où mon esprit s'autorise à penser à toi,
celle où mon corps se débarasse des façades
dont la bienséance sociale l'affuble.
C'est aussi l'heure du chat.
Le moment où il s'installe sur le toit d'en face,
pour son inspection de chat.
Nos regards se croisent alors,
et chacun de nous deux sait que tout est en place.
Tout peut commencer.