22/04/08
HISTOIRES DE PONTS
Qu’ils soient en bois, en pierres (ceux que je préfère), en métal, à piles, suspendus ou levis, les ponts sont des ouvrages fascinants.
Ils représentent un passage, un lien entre les pays et les hommes et ils titillent fortement l’imaginaire.
Bifrost: le pont de glace qui relie le Wahalla au monde des hommes.
L’Arc en Ciel: pont formé par l’écharpe d’Iris, la messagère des dieux, qu’elle empruntait pour rejoindre la terre.
Le Pont de la Rivière Kwaï (film tiré du roman , mais histoire vraie)... Et j’en passe, la liste des ponts “légendaires” mais bien réels, du Pont des Soupirs au Golden Gate est interminable.
Contes et mythes se plaisent à les imaginer dans des matériaux comme le verre, l’ivoire, ou l’épée (Le Chevalier à la Charette). gardés par des monstres ou des chevaliers teigneux qui occisent volontiers l’impudent qui prétend passer.
Mais le héros triomphe des difficultés (sinon ce serait pas un héros) et se retrouve “de l’autre côté”, où l’attendent de nouvelles embûches.
Cependant, si le pont est avant tout un passage, il se passe des choses sur ou sous les ponts, et bien souvent leur construction a connu moult difficultés.
On ne compte plus en France (et sûrement ailleurs) les “Pont du Diable” et légendes affèrentes.
La trame est commune: un personnage, souvent pieux, saint ou evêque, souhaite construire un pont pour faciliter les communications, éviter aux braves chrétiens un fastidieux détour, et au passage les retenir sur place, ce qui présente un interêt économique indéniable...
En général, tout commence bien, mais au bout d’un moment, le pont s’écroule systématiquement. c’est le Diable qui s’en mêle parce qu’il aime bien mettre les bâtons dans les roues des saints!
Et quand celui deséspère, Satan, la bouche en coeur, vient lui proposer ses services, moyennant paiement bien sûr. Aprés maints tergiversations, le saint accepte les services du Diable qui annonce son prix: l’âme du premier être vivant qui franchira le pont... Et bien sûr, l’ouvrage achevé, superbe et solide, il se fait avoir parce que le saint lâche sur le pont un animal (chat noir ou bouc, deux de ses animaux de prédilection)...
Ce qui m’interessait c’était savoir d’où vient cette manie de danser sur les ponts, l’origine des chansons.
Mais je n’ai rien trouvé de précis, si quelqu’un a des infos, je suis preneur.
Le “Pont d’Avignon” s’est effondré en 1602 et il paraît que les avignonais allaient danser sur la partie restée intacte, pourquoi? Mystère...
On donne des bals sur le Pont de Nantes ou du Nord selon les versions (mais il y a un pont au Nord de Nantes) et c’est la désobéissante Adèle ou Hélène qui se noie quand il s’effondre, avec son frère pour faire bonne mesure...
Il est vrai que soumis à des pressions extrêmes, bien souvent chargés de maisons--- ce n’est interdit en France qu’’à partir de 1832--- les ponts s’effondrent souvent. ce qui est une catastrophe même sans victime car il faut reconstruire d’urgence, sinon les gens prennent l’habitude de passer ailleurs.
Et avoir un pont chez soi, ça rapporte!
Les “tonlieus” nos actuels péages, sont trés rentables, certaines seigneuries, pauvres en terres vivent des tonlieus, pont, passage d’une route, entrée de villes, tout est bon pour récolter des écus. Des seigneurs fieffés sur ces passages ont d’ailleurs poussés le bouchon un peu loin en rançonant littéralement les voyageurs obligés à emprunter ces routes.
Il fallait payer pour passer les ponts, ceux qui n’avaient pas les moyens allaient plus loin chercher un gué, où avaient pour certains métiers mis au point un mode de paiement original: s’ils étaient bateleurs ou montreurs de bêtes, ils faisaient excécuter un petit numéro à l’animal pour régler leur passage et celui de la bête, car tout être vivant payait!
“Le marchand qui apportera un singe paiera 4 deniers; si le singe appartient à un jocalutateur cet homme en le faisant jouer et danser devant le péager sera quitte dudit péage tant dudit singe que de tout ce qu’il aura apporté pour son usage” car bien sûr on payait aussi pour toute marchandise transportée.
lIl s’agit d’un édit de Louis IX concernant le Petit Pont à Paris (qui relie la rive gauche à la Cité), et la pratique qui s’étendra à tous les ponts payants donnera naissance à l’expression “Payer en monnaie de singe.”
Puisque nous sommes à Paris, le “Pont Neuf” en est le plus ancien intact. Premier pont en pierre sans maison, sa construction a été décidée en 1577, commencé en 1578 il sera terminé en 1607 (retard du aux guerres de religion). Premier pont à traverser la Seine dans toute sa largeur, muni de trottoirs et orné d’une statue equestre d’Henri IV (le Vert Galant).
Je savais qu’il avait été emballé par Christo en 1985, mais pas que Kenzo l’avait fleuri en 1994, comme quoi les ponts inspirent vraiment (tout et n’importe quoi).
Le Pont de Cheviré est un pont routier qui franchit la Loire à l'Ouest de Nantes (1563m de long et 52 de hauteur). Pont suspendu, sa hauteur est due à ce que les gros navires peuvent passer dessous. Il doit être particulièrement sensible au vent parce qu'on le ferme à la circulation dés que ça souffle un peu fort. Il n'a rien d'exceptionnel dans sa construction. Seulement je l'ai vu sous un angle nouveau, et comme j'ai toujours une chanson dans la tête, j'ai pensé à "Sur le Pont de Nantes et du Pont de nantes aux Ponts où l'ont danse comme Avignon, et de là au Diable...
Les ponts sont des passages, des passerelles, des liens même d'idée et d'imaginaire.
[size=12] Le pont Valentré à Cahors dont la construction a commencé en 1308 est un pont fortifié qui a conservé toute son architecture médiévale, il figure sur le blason de la ville. On y payait son passage à l’entrée et à la sortie!!! Et il bien sûr son diable:
L’architecte deséspéré de la lenteur des travaux pactise avec le diable qui lui demande son âme en échange (sa manie à Satan la collection d’âmes), le pont est vite terminé, mais l’architecte pas franchement décidé à céder son âme demande au diable d’aller lui chercher de l’eau dans un crible, ce que tout malin qu’il est l’autre ne parvient pas à faire... Furieux d’avoir été dupé, il s’acharne contre une des pierres de la tour du milieu qui tombe à chaque fois qu’elle est remplacée. On n’en vient à bout qu’en scellant la pierre. En rappel de la légende lors de la restrucration du pont en 1879, on sculpta un petit diable faisant des efforts pour arracher la pierre.
Pont de Buis existe, c’est dans le Finistère, prés de Chateaulin. Son nom complet est “Pont de Buis lez Quimerc’h”. Traduction du breton, l’ethymologie signifie non “pont fait avec du buis” mais pont qui est prés du lieudit “Ar Veuzenn” qui signifie “étendue de buis”. Quimerc’h vient de “kein”: dos ou échine et de “ merch”: chevaux: donc “Pont de Buis” ça veut dire en clair: le pont qui est prés du lieu planté de buis en forme d’échine de chevaux..
L’honorable commune de Pont à Mousson vous est bien connu par les plaques d’égouts (même si c’est St Gobain aujourd’hui).
Située en Meurthe et Moselle, à mi chemin entre Nancy et Metz, la ville doit non seulement son nom mais son existence même à un pont.
Au début du Xème siècle, les seigneurs de Mousson , comtes de Bar, font construire un pont sur la Moselle au pied de la butte de Mousson. Ce lieu de passage, un des rares entre Nancy et Metz voit rapidement se dévellopper une ville qui prend le nom de la colline. Sa position a souvent exposé Pont à Mousson aux rigueurs des guerres. La Ville a reçu deux Croix de guerre en 1921 et 1945, la Ville et pas ses habitants... je savais pas qu’on décorait aussi les villes!
Le blason porte le pont “argent sur ondes de sinople, sur fond de gueule”.
Comme presque toutes les villes de Lorraine Pont à Mousson s’est développée avec la sidérurgie
Je ne connais pas Pont à Mousson, mais il me fallait une rime en On et une ville de pont, lol!
Sous les ponts logent souvent des créatures pas franchement sympas comme les trolls ou les basilics. D’où l’habitude de se signer pour les conjurer avant de franchir un pont. En Guadeloupe, quand on passe sous un pont, il faut mettre les mains sur sa tête et faire un voeu!
Je vous le disait en ouverture, ce sont des lieux fascinants qui enflamment l’imaginaire.