Chroniques de la montée Desambrois. (Histoires vraies.)

1 / Mr Zebbi.

Mr Zebbi était un émigré italien vivant au troisième étage du plan courant où nous habitions avec mes parents. Retraité depuis plusieurs années, il passait ses journées en promenades. D‘une douceur extrême, souriant, parlant bas, il avait toujours sur lui une boîte de bonbons au miel pour nous… les enfants.

Nous habitions le lieu des grands arbres et des fleurs et, telles des furies déboulant dans l’espace coloré du jardin, on pouvait nous apercevoir, gambader dans le jour, entre les plantes grasses et les mimosas.

Monsieur Zebbi vivait quant à lui et ce depuis toujours, avec sa femme, Mme Zebbi. C’est deux là, n’avaient pas eu d’enfant. Une fausse-couche, qui leur avaient été fatale.

Personne corpulente, volubile et d’un humour à tout crin, cette italienne à la personnalité sonore et généreuse, écrasait l’homme mince.

Un jour, on entendit dans l’immeuble, des hurlements épouvantés. Mon père, en bon voisin, se précipita dans le couloir.
Mr Zebbi, après s’être muni d’un chausse-pied, vociférant tel un démon, s’était soudainement jeté sur sa femme, lui crachant au visage les pires insanités, dans la très nette intention de lui défoncer le crâne.
Celle-ci eut cependant la présence d’esprit d’ouvrir la porte et de se jeter à corps perdu dans l’escalier. Elle atterrit ainsi, couverte de sang, dans les bras éberlués de mon père.

Puis vint le temps de la police et des pompiers. L’hôpital et les points de suture pour elle, l’internement pour lui. Monsieur Zebbi sombra dès lors dans le plus profond mutisme. Définitivement. Jusqu’à sa fin.

Je l’aperçus un jour, perclus, l’œil vide, la démarche cassée. Il avait laissé au vestiaire, le doux personnage au sourire calme qui distribuait des bonbons aux enfants à l’ombre bienfaitrice des grands arbres.

Ton histoire, poignante, fait écho à une des nouvelles de mon recueil (Assiette anglaise)
La part d'ombre de Monsieur Zebbi a mangé sa lumière, comme ça, en une fois, pour toujours...

Une belle histoire, en effet, bien écrite, juste à la bonne longueur pour à la fois développer ton argument et ne pas lasser ton auditoire.
Le commentaire de Farouche est très intéressant, d'ailleurs. Je crois que ça peut arriver, un truc pareil : tout à coup, un fusible saute. Etrange et inquiétant.
Seul très léger bémol : tu as les virgules baladeuses !
Encore, les nhistoires, Mâme Margo...

C'est vrai qu'en relisant j'ai remarqué qu'il y en avait beaucoup, des virgules! Mais bon, je les laissent, tant pis pour elles!
Tu dis, "je crois que ça peut arriver" mais c'est arrivé, exactement comme ça, cette histoire est totalement vraie, les bonbons au miel et le reste.
Quand j'aurais le temps, je vous raconterai l'histoire de "Loulou Battaglini ", surnommé: l'indien...
Mais ça, c'est une autre histoire...