D’un trait doré, Phébus, l’orient ensanglante ;
Sous la goutte de l’eau que tarit l’aube lente,
L’insecte embellit le gazon.
La lune qui fut reine en la voûte nocturne,
Abdique, en un clin d’œil blafard et taciturne,
Là-bas, au bout de l’horizon.
Dans la chambre aux murs nus, immaculés, sommeille,
Sur le cœur maternel, un être à peau vermeille,
Protégé des ans à venir.
Tout neuf et sans souci des lendemains, il happe,
De ses premiers matins, le souffle qui s’échappe :
Le sein sera son souvenir…
Au midi de l’itinéraire,
Le soleil du ciel est vainqueur.
À l’autan, près du cinéraire,
Les grillons répondent en chœur.
La lune entend-elle la fête,
Depuis l’ailleurs, de sa défaite ?
À son zénith, l’homme connaît
L’été du fécond attelage ;
Pourtant, la force de son âge,
Il la laisse à celui qui naît…
Dans le septentrion, le norois s’est levé,
Taisant du noir cri-cri, le chant inachevé.
À l’ouest, vient notre soleil ;
Il n’est plus qu’un faisceau que l’horizon avale ;
En costume de miel, la lune, sa rivale,
Sonne des ourses le réveil.
Les lustres du séjour, au fond de ses yeux, garde
L’homme devenu vieux. Puis « Anchise » regarde
Ses jeunes « Énée » et « Thétis »,
Comme de primes fleurs délaissant son parterre…
Il est pris de langueur, lorsque pointe par terre,
Chrysanthème ou myosotis…
Si soleil d’or et lune blanche
Savent bien se faire oublier,
L’oublieux du jour que déclenche
Le « Phébus », est fol à lier !
Éternellement, se succèdent
L’aube et l’étoile, et nous obsèdent
La céleste voûte et sa nuit.
Ô, noirs grillons, ô, frêles hommes,
Goûtez les éveils de vos sommes :
Un jour ne viendra plus minuit…
gepetto
** Divisée en deux parties, l’ode est composée de deux sixains (deux fois deux alexandrins et un octosyllabe) suivis d’un dizain (dix octosyllabes à rimes alternées ou embrassées, une féminine et une masculine)... Elle peut comporter plusieurs fois cette disposition.