L'arbre n°8 ( LA PERCEE.) SUITE ET FIN

Un jour que Gatsby était en train de montrer à Petit Pierre et Marguerite comment danser le french-cancan, Volte-Plume accourut toute effrayée .

Volte-Plume : « Alerte ! les mouettes ! Vous êtes sous écoute !

Gatsby : Qu’est - ce qui t’arrives , ma poule, remets - toi ! Tu nous trouves en pleine conversation sérieuse .

Volte-Plume: Remettez ça à plus tard ! Les « nettoyeurs » sont au coin de la rue ! Macon la corneille a alerté le Comité !Ils sont toute une armée !

_ Où? Où? s’écria Tatou le hibou.

_ Là ! Là ! lui répondit Simone , l’oie bleu.

Au même moment, déboule à l’angle de la rue, un escadron d’agents de sécurité, boucliers en avant, pelles , râteaux et grenades en main, prêts à bondir, racler, reboucher, arracher, engloutir, détruire, catapulter, exploser tout ce qui n’est pas sur la liste grise du comité de salut public.

_ Mes amis , il va falloir se serrer les coudes !foi de Gats !

_Ca va chauffer ! enchaîn Dédé le pavé .

_ J’boirais bien un p’tit coup ! gémit Volte-Plume.

_ N’aie pas peur mon cœur, je suis là ! lui susurre Robert le ver de terre .

_ Bien !Quelle stratégie allons-nous adopter, capitaine Gatsby? entonne André le pou.

_ Et bien…

_ J’ai une idée ! propose soudain Marguerite.

_ Ma fille, la situation étant grave, je te prie de nous faire part de tes lumières !

_ Et bien voilà. Le comité de salut public nous dit qu’il est interdit de chanter afin de préserver le monde de la disparition !Vrai ?

Tous : Propagande ! A bas les lois grises !A bas les lois grises !

_ Chut ! intervint Gatsby. Laissez-la poursuivre.

_ Regardez en face de vous… Que voyez-vous ?

Tous : _ Une rue grise !

_ Quoi encore ?

Tous : _ Des agents de sécurité… gris !

VoltePlume _ Qui avancent ! ! !

_ Bien , ma fille dit Gats , poursuis donc !

_ Supposons que quelqu’un chante à présent.

Tous : _ Oui…

_ Supposons aussi que par son chant le gris du monde gris disparaisse !

_ Hum, hum …

_ Et bien une chose est sûre, vous tous ici réunis serez les seuls à demeurer !

Tous :_ Juste ! trois fois juste ! ! !

Pierre :_ Mais toi, Marguerite, toi, je ne veux pas que tu disparaisses !

_ Si tu me donnes la main , je suis sûre que ni toi, ni moi ne disparaîtrons jamais dans le gris du temps qui passe !

Pierre : _ Tu crois ?

Marguerite _ Le seul problème, c’est que je ne connais pas de chanson !

_ Moi si ! » s’écria Petit Pierre ; « moi, j’en connais une ! »

Alors du fond gris de la rue grise, une petite voix se fit entendre ; une voix d’enfant qui disait:

« UN DEUX TROIS, NOUS ALLONS AU BOIS !

Les nettoyeurs s’étaient rapprochés et arpentaient à présent la rue en arc de cercle.

_ SILENCE ! entendit-on soudain.

_ QUATRE CINQ SIX, CUEILLIR DES CERISES !

_ Tu veux effacer la dernière couleur du monde !

SEPT HUIT NEUF DANS UN PANIER NEUF !

_ Au nom de la loi !

_DIX ONZE DOUZE , ELLE SERONT TOUTES ROUGES ! ! ! ! !

_ Ca y est ! J’ai chanté ! J’ai chanté !

_ Bravo, p’tit gars ! Allez les enfants, on enchaîne !

Dédé: _SI JE FUS UN TRISTE PAVE GRIS

_Vous êtes cernés !

Henriette :_SI JE FUS POUR TOI MELANCOLIE,

_ Pas de quartier !

Dédé : _ SI CONTRE MON VENTRE DUR TU T’ES BLESSE,

Simone : _ UN JOUR DE PLUIE !

_ Une deux, une deux !

Robert : ENFANT DE LA TERRE, ENFANT PETITE MISERE,

_Rendez-vous !

Dédé : _JE SERAI PAVE DE COULEUR !

_Au non de la loi !

André : _TE FERAI DANSER DE BONHEUR !

_ Je vous somme d’arrêter de transgresser l’ordre public !

Dédé : _SERRE-TOI CONTRE MON CŒUR, SI J’EN AI UN SI TU VEUX BIEN

Tatoo : _DONNE –MOI LA MAIN ,

Tous : _ENSEMBLE NOUS CHANGERONS LA COULEUR DU GRIS !

Dédé : _POUR LE MOMENT, UNE ECLAIRCIE,

Robert : _UN PAVE BLEU, JE SUIS HEUREUX !… »



A ces mots les « nettoyeurs » s’immobilisèrent. Pelles, râteaux, fusils, casques, boucliers, pioches, armes de toutes sortes tombaient à présent une à une sur le sol.

Un agent de sécurité voulut prendre la parole mais sa tentative fut vaine : aucun mot ne sortit de sa bouche et son visage tomba lui aussi.

Ensuite…ils virent les silhouettes grises qui commencaient à basculer lentement, d’abord vers l’avant, puis en arrière, puis sur les côtés, puis encore en avant puis en arrière puis sur les côtés tels des pantins désarticulés exécutant avec désarroi une dernière danse. Pendant quelques instants encore les formes blêmes esquissèrent quelques gestes incertains et dérisoires puis, dans un ultime soupir à nouveau se figèrent avant de se dissoudre définitivement dans le gris du temps qui passe.

« Youpi ! » S’écrièrent alors les amis de couleur . « On a réussi ! On a réussi ! »

[Au même moment on entendit dans le ciel comme un craquement sourd.[color:1648=white:1648]48]
[color=white]« J’ai peur ! » dit Petit Pierre.

« Planquez-vous les potes ! » dit Gatsby, « ça va déménager ! »

Tout à coup les nuages furent emportés dans le tourbillon d’une ronde infernale tandis que des éclairs de lumière transperçaient la couche grisâtre.Une pluie torrentielle telle qu’on n’en avait encore jamais vu auparavant, commença de s’abattre sur le trottoir, frappant l’asphalte. Les passants qui passaient par là, surpris, tentaient désespérément de se protéger du flot incessant à l’aide de leurs parapluies , mais bien sûr rien n’y faisait. En quelques secondes les malheureux se retrouvaient mouillés jusqu’aux os, leurs parapluies arrachés par la violente tornade qui avait brusquement paralysé tout le pays. Et la pluie frappait, frappait le pavé gris, sans relâche.
Dans la rue grise, il y avait un arbre. Un arbre que personne hormis un tout petit garçon, n’avait encore aperçu. Il était là , tout droit, bousculé violemment par les rafales soudaines.

« Accroche-toi, mon vieux » se disait-il .

Il résisterait, oui il le fallait ! au vent furieux qui de son souffle terrible l’obligeait à présent à plier son corps maigre et transi par la pluie glaciale.

« Oh, Terre, donne-moi la force de résister aux attaques des vents mauvais et des pleurs du ciel ».

C’est alors qu’il entendit à ses pieds comme un craquement, un énorme craquement, comme si la terre était en train de s’ouvrir, elle aussi.

« Est-ce la fin de ce monde ? » pensa-t-il ?

Au même moment, il se sentit comme soulevé du sol , comme transporté à toute vitesse dans un ascenseur ou une fusée , il ne savait plus quoi.

« Tiens bon mon vieux se dit-il, cramponne-toi » .

Et de toute la force de toutes ses racines puissantes, il lutta , lutta pour ne pas être arraché du sol qui semblait à présent se dérober sous ses pieds. Il montait, montait , montait de la Terre jusqu’au Ciel , au lieu des oiseaux et des nuages rieurs !
Soudain tout cessa. La pluie s’arrêta de tomber ; les vents s’évanouirent comme des fantômes surpris par le jour qui se lève . Pendant quelques instants il resta là, sans bouger, abasourdi par le silence.Certes, la rue grise était toujours à sa place mais elle était devenue si petite. Et l’immeuble, l’immeuble au pied duquel il avait grandi jours après jours, l’immeuble dont il se faisait une joie, hier encore, de dépasser en tirant sur ses branches la fenêtre du premier étage était devenu minuscule.
Alors il comprit.
Non, il n’avait pas été transporté, arraché dans les airs par les vents, projeté dans l’espace immense. Il sentait bien que ses racines puissantes le maintenaient à présent là, bien ancré sur le sol généreux de la terre. Non, il avait tout simplement grandi. Il regarda alors à ses pieds. Le trottoir de la rue grise avait été dévasté, ses pavés arrachés comme une vilaine peau par les coups incessants des flots du ciel .
Dessous, se laissait entrevoir, la Terre.
C’est alors qu’il sentit, juste au-dessus de sa tête comme une chaleur. Il leva les yeux vers le ciel et, à l’endroit où la couche grisâtre commençait comme à s’étirer, il vit apparaître, transperçant le ciel de sa lumière, un rayon du soleil dans un coin de ciel bleu.



EPILOGUE


… Il est quelquepart une ville où grandit un arbre immense .Une brise légère à l’orée d’un printemps, l’a déposé là ; petite graine dans le creux d’un pavé gris. A toutes les saisons, cet arbre arbore vigoureusement les couleurs du temps : rouge des fruits rouges des saisons printanières, vert de tous les verts les plus verts de l’été , jaune du plus beau jaune des feuilles dorées de l’automne, noir bleuté , gris-bleu, gris-vert, gris perle de ses branches frêles en hiver quand il dort …et pendant que je vous parle, c’est l’automne, la saison des arbres fous qui dansent dans le vent , des arbres aux mille couleurs, arbres enchanteurs !
On dit que cet arbre est magique. On vient le voir du monde entier. C’est le plus vieil arbre de la région et le seul de son espèce. D’ailleurs personne ne sait vraiment d’où il vient et c‘est dommage de perdre ainsi le secret des choses…Au fait, je ne me suis pas encore présenté, mon nom est Pierre, je suis jardinier et je vais vous confier un secret, à vous les enfants !Vous connaissez les arbres bien sûr, mais peut-être ne savez-vous pas qu’on peut leur parler ; peut-être ne savez- vous pas qu’on peut aussi les écouter ; peut-être ne savez-vous pas qu’on peut apprendre à les aimer. Car pour chacun de nous , quelque part, il existe un arbre et, chut !, le mien, mon arbre, il s’appelle Gatsby ! Gats pour les intimes… »

J'ai pleuré.
Mais j'ai pas honte.
Merci Margo.

Alors moi aussi, je vais pleurer.

Margo.

Non Sauge, ce n'est pas du spontané mais beaucoup d'énergie et de travail... le plus difficile aura été les dialogues et surtout de garder le rytme d'autant qu'il ne il se passe pratiquement rien!
En fait, c'est un conte que j'ai écrit au départ avec une amie. Nous nous sommes d'abord beaucoup amusé et ensuite, j'ai beaucoup travaillé...
Il a été publié par une petite maison d'édition mais n'a pas eu le même succés qu'Harry Potter! Comme je le disais à filo, mon projet était d'en faire en spectacle chanté mais bon... et puis qui sait?
Un film d'animation, j'en rêverais! Il est dèjà dans ma tête!
Quoi qu'il en soit, je voulais vous dire que je suis vraiment contente de partager ça avec vous!

Et tiens , je vous embrasse tous!

BISOUOUOUS!!!

Marguerite.

C'est merveilleux, j'en suis toute émue...
Il est évident que cela ferait une magnifique comédie musicale, je ne comprends même pas comment tous ces producteurs à la manque ont pu passer à côté.
Ah oui, ils étaient trop occupés avec la nouvelle star ou autre programme prémâché...
Merci de partager tant de beauté, d'humour et de douceur avec nous.