Lecture du soir...

Ah, j'ai fini par trouver le fil ! miam !
Zweig ! (j'ai la fâcheuse habitude de lui coller un S, moi aussi...) Un que j'ai hâte de découvrir, et oui, je suis contaminée, d'autant que deux autres personnes de confiance littéraire m'en avaient aussi parlé. Voilà pas que j'espère que ton pote Gibert dégotera le clone de celui que tu avais lorsque tu l'as commencé chez moi.

Je suis sur "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur", de Harper Lee (son seul livre, qui a fait un tabac). Formidablement écrit, je n'en suis qu'au début mais l'histoire captive et le ton employé tilte bien. L'auteur s'est mis dans la peau d'une petite fille, l'exercice peut se rater facilement si l'auteur ne prend garde à garder le cap.

Entre deux Zweig , j'ai lu un bouquin, de Chitra Banerjee Divakaruni (ben oui Filo, encore une auteur indienne), "La liane du désir".
Evidemment, le titre est cucul la praline, mais moins qu'on le pense, puisqu'il est tiré d'une ancienne légende : quand on trouve cette fameuse liane, elle nous permet de réaliser tous nos désirs. Engendrant bien entendu de terribles catastrophes.
Deux cousines indiennes, soeurs de sang et d'âme, se retrouvent. Anju est en train de sombrer dans la dépression après avoir fait une fausse couche. Sudha subit l'opprobe pour avoir refusé d'avorter d'un bébé fille, et fuit son mari. La première, installée aux Etats-Unis, invite la seconde pour la sauver, mais le piège se referme sur elles en un huis-cls étouffant car l'époux, Sunil, s'il a épousé Anju par devoir filial, est resté amoureux de Sudha.
Non non, ce n'est pas du tout collection harlequin, la réflexion est bien menée, et l'étouffement par le respect des traditions bien étudié.

Dans la queue interminable pour m'inscrire au vide-grenier de ma rue dimanche, j'ai eu le temps de lire un Christian Bobin.
Ce qu'il y a de bien, c'est que le format très réduit de ses livres permet de les trimballer partout.
Ce qu'il y a d'encore mieux, c'est que Bobin, ma foi... ça me tourneboule.
"Prisonnier au berceau", un de ses meilleurs à mon sens (oui je sais, je dis ça tout le temps). Il explique comment sa répugnance instinctive à quitter sa chambre, depuis qu'il est né, l'a incité à rester dans la ville sinistrée du Creusot, qu'il décrit avec une lucidité et un émerveillement naïf à la fois, à regarder les choses modestes et essentielles qui l'entourent, et à voyager en lui-même.
C'est d'une rare beauté.

Alors spécialement pour Morgane :
La sorcière de Locronan de Nathalie Broc

Au XVIIème siècle, l'âge d'or de la Bretagne. Grâce à Mahaut, qui l'a
accueillie enfant, Maëlig connaît à seize ans, l'art précieux de guérir
par les plantes. Ensemble, elles soignent les bourgeois de Locronan,
riche cité de tisserands. Mais les notables oublient bien vite leurs
bienfaits, même Foulques Bertrand, dont Maëlig a sauvé l'épouse pendant
le grande Peste.
Bientôt, tout Locronan s'enflamme contre la jeune fille : avec sa tâche
de naissance en forme d'étoile, sa chevelure rousse, son don
exceptionnel pour le violon, instrument maléfique par excellence,
n'est-elle pas fille de Satan ? De là à évoquer la sorcellerie, il n'y
a qu'un pas que Foulques Bertrand, dont la vie éternelle est à ce prix,
franchit sans état d'âme car seule Maëlig connaît son terrible secret...

Ca devrait plaire à Morgane aussi...

Merci Vestale, je note, bien sûr que ça me plaît d'avance!

Tu peux donner les réfèrences de l'éditeur?

Presses de La Cité Morgane

J'ai terminé un livre qui te plairait infiniment, Vestale : "La dame blanche" de Christian Bobin.
Oui, je sais : encore lui. Mais je n'ai pas (encore) tout lu, donc je fais cela petit à petit, au gré de mes découvertes.
Ce livre-ci parle d'Emily Dickinson. Plus qu'un biographie, une vie rêvée, une poésie à ciel ouvert, une plongée profonde dans l'âme. Du Bobin, quoi.
C'est magnifique.

Je viens d'achever un roman magnifiquement écrit, Une éducation libertine, par Jean-Baptiste Del Amo, un montpelliérain de 26 ans.
J'ai été surpris d'apprendre son âge tant son écriture est mature. Je me suis cru replongé dans Le parfum de Süskind, mais avec -j'ose le dire- un plus au niveau du style.

L'action se passe sous Louis XV, une ou deux générations avant la Révolution. Gaspard, un jeune gueux qui a grandi dans la fange à Quimper, monte à Paris et découvre la capitale comme un cloaque grouillant de vices et de saleté. Le style nous plonge en effet entièrement dans ce sentiment.
Mais peu à peu, après un parcours dans la pire lie de la fourmilière, et à force d'arrivisme, il va découvrir le beau monde et s'y insérer sans scrupule.
Malgré le titre, le sexe apparaît peu (deux ou trois scènes), l'intérêt de cet ouvrage paru chez Gallimard est ailleurs : en premier lieu l'écriture mais aussi pour sa description hautement référencée des coulisses méconnues du Paris du XVIIIe.
Je le recommande sérieusement.

constance a écrit:

J'ai terminé un livre qui te plairait infiniment, Vestale : "La dame blanche" de Christian Bobin.
Oui, je sais : encore lui. Mais je n'ai pas (encore) tout lu, donc je fais cela petit à petit, au gré de mes découvertes.
Ce livre-ci parle d'Emily Dickinson. Plus qu'un biographie, une vie rêvée, une poésie à ciel ouvert, une plongée profonde dans l'âme. Du Bobin, quoi.
C'est magnifique.

Hmm, alors c'est noté, j'irai faire un tour à l'Armittière grande librairie à Rouen et celui conseillé par Filo me tenterait bien aussi.

Tu sais quoi Constance, je l'ai acheté la Dame blanche et je l'ai commencé.
Quelle narration ce Bobin, je ne saurais décrire mais il sait éveiller les sens du lecteur, j'ai l'impression de sentir les fleurs citées et puis cette atmopshère un peu sombre et romantique telle le veut l'époque.
Merci pour ce conseil.
Je l'avais déjà dit, mais je m'inspire de cette rubrique pour faire certains de mes achats à la galerne (librairie au Havre) pour mes élèves.
Et Barrico fait succès !

Barrico, Bobin, deux auteurs que j'aime particulièrement. J'entre dans les pages de leurs livres comme on rentre chez un ami cher.
C'est à peu près ce que j'ai lu de plus magnifique en prose poétique.

J'ai acheté deux livres aujourd'hui,
Brûlant secret de Stefan Zweig que j'ai commencé à lire et j'adore car je retrouve toujours l'auteur qui pénètre les sentiments les plus troubles, analyse les ressentis, les soubresauts de l'âme avec une finesse qui n'appartient qu'à lui.
Dans ces quatre récits, Zweig décortique la passion et le désir qui animent et révèlent les êtres à eux-mêmes.

Puis je me suis procurée les nouvelles histoires extraordinaires d'Edgar Allan Poe, j'ai commencé par le chat noir tout à l'heure dans le train. Et je n'aurais pas du... La description des tortures infligées au chat, à sa femme...J'ai eu du mal à terminer. Je ne sais même pas si on peut parler de sadisme de cet homme pétri de haine, je m'interroge. J'y trouve une certaine perversité sur la fin à narguer la police ainsi. Cette fin qui trouve grâce à mes yeux, même jubilatoire, merci le chat. Je suis perplexe, je m'interroge, à relire, l'univers me paraît fascinant.

les nouvelles histoires extraordinaires de Poe, c'est tout simplement... extraordinaire. Evidemment, pour une amoureuse des chats, cette nouvelle est un peu rude...
Quant à Zweig, évidemment.
Bien que ce soit un peu différent (le style est moins fascinant), je te recommande Arthur Schnitzler, un ami de Zweig et de Freud, encore plus fin psychologue des passions humaines. Mention spéciale pour "Vienne au crépuscule".