Lecture du soir...

En ce moment je lis "Demande à la poussière" de John Fante, et c'est d'un cynisme jouissif.

Mais au fait Filo, tu es redescendu de ton plateau ???

Ca a l'air sérieux, ton bouquin, Lulu... j'en connais comme ça, il faut s'accrocher, mais ça vaut la peine.
Sinon Filo, il y a super longtemps, j'avais un pote qui était fan de Fante, j'ai lu quelques uns de ces bouquins pour ne pas rester ignare : une écriture éminemment masculine, trop presque pour moi. Cynique, certes. Je ne suis pas accro.

Une semaine au Larzac, enchainée avec une autre dans la garrigue autour de Sommières. Là je suis de retour, mais je vais encore bouger.

Ca bouge, ça bouge, les webguru... j'espère que ces lieux tranquilles, proches de la nature, te donneront l'inspiration.

J'ai déniché, d'occaz toujours, un roman très méconnu de Jane Austen, "Sanditon".
J'adore l'univers de cette romancière, cette lucidité acide appliquée à la société coincée de son époque, une étude mordante des vices et pitoyables travers de ses contemporains, mais aussi la tendresse qu'elle développe envers certains de ses personnages.
Elle n'a pu terminer ce roman avant sa mort, une romancière anglaise qui a désiré garder l'anonymat l'a achevé pour elle, avec une grande fidélité de style et de manière, je dois l'avouer.
C'est délicieux, mais beaucoup moins léger qu'il y parait, avec une critique très aigue du sort réservé au femmes de son époque, contraintes à des mariages avantageux pour assurer leur sécurité matérielle. Critique aussi des coquettes, des écervelées, des intrigantes, des froides calculatrices, toujours défaites dans ses oeuvres. Critique toujours des hommes, faibles ou vaniteux, ridicules prétentieux en fait manipulés par la gent féminine.
J'ai vu quelques adaptations cinéma ou feuilletons très réussies.

J'avais adoré "Orgueil et préjugés" et "Raison et sentiments", dont je n'ai jamais retrouvé le souffle, la lucidité et l'ironie dans les adaptations ciné, malgré le beau "Raison et sentiments" d'Ang Lee, avec la divine Emma Thomson.

"La ronde et autres faits divers", des nouvelles de LE CLEZIO.
Il écrit bien, c'est incontestable. Certaines de ces nouvelles sont de vrais bijoux, certaines moins intéressantes, mais l'ensemble reste original et prenant. Il fait énormément avec pas grand chose au départ, et quel style.

J'ai découvert une nouvelle série policière plutôt sympathique : les aventures du brahmane Doc, de Sarah DARS.
Dans l'Inde moderne, avec toutes ses contradictions, ses beautés somptueuses et ses problèmes, les aventures d'un médecin brahmane, adepte de kalaripayatt et d'énigmes policières.
Une analyse assez fine de la société indienne et de son évolution, des castes, de la corruption, du cinéma, de la mafia...etc, le tout passé à la moulinette d'un personnage plein de sagesse et de malice.
Pas mal. J'en ai trouvé deux tomes d'occaz, j'en chercherai d'autres.

Un bouquin très marrant que m'a prêté ma soeur : "Maudit karma" de David Safier (je ne peux pas échapper à l'Inde, il faut croire !).
Une présentatrice TV arriviste et détestable, mauvaise mère, mauvaise épouse et encore plus mauvaise collègue, meurt prématurémement et se réincarne en ... fourmi, histoire de retrouver un karma plus favorable. De cette position fort inconfortable, elle voit avec horreur une femme prendre sa place auprès de sa famille, d'où l'urgence pour elle de grimper dans l'échelle des réincarnations pour lui barrer la route. Elle est heureusement aidée par Casanova, lui aussi réincarné en fourmi pour le punir de sa vie dissolue.
C'est léger et distrayant, en tous cas je me suis bien amusée. J'avais lu une nouvelle dont je ne rappelle plus le titre ni l'auteur, où l'on voyait Hitler réincarné en bonsai : l'horreur absolue, puisqu'on ne nourrit pas ces arbustes pour qu'ils ne poussent pas trop, on ne les arrose pas, et on les coupe tout le temps...

Et kesse t'as contre les fourmis ???

Ben rien ma Lulu, c'est même un monde fascinant que celui des fourmis.
N'empêche, leur vie ne doit pas être particulièrement folichonne, avouons le...

Le dernier Mary Higgins Clarck, "Je t'ai donné mon coeur".
Je n'en lisais plus depuis un moment, je trouve que l'auteur ne se renouvelait pas et que ses intrigues étaient par trop cousues de fil blanc.
Celui-ci m'a paru un peu plus original, bien ficelé et agréable à lire. Evidemment, j'ai deviné qui était le coupable bien avant la fin , mais le roman n'est pas mal quand même.

J'ai fini "Mythes et légendes extraits des Brâhamana". C'est une vieille édition Gallimard de 1967 qu'on m'a offerte, la traduction n'est pas des plus moderne mais les notes sont passionnantes.

Avec tout ce que j'ai lu, je me rends compte que je ne connaissais Herman Hesse que de nom. Sacrée lacune !
Une couverture, et un titre, m'ont tiré l'oeil chez mon bouquiniste : "Siddharta".
Sur la couverture, on voir un adolescent indien, dans une position hiératique, et au dos, le même, devenu vieillard.
Un roman initiatique, d'une simplicité et d'une profondeur extraordinaires, une limpidité qui permet de le mettre entre toutes les mains.
Un jeune adorerait ce livre, j'en suis sûre, et même un gourmet littéraire se délecterait d'une telle lecture.
Si j'en trouve d'autres exemplaires, je les distribuerai.
Car nous sommes tous concernés par les questions essentielles, par la recherche de la vérité, de sa vérité, de son âme, de son unité. En dehors de toute doctrine, évidemment.

Sinon, j'ai fait une descente chez Gibert samedi. Heureusement, vu les prix des bouquins d'occaz, ça ne fait pas une grosse dépense.
J'ai trouvé plein de choses bien, y compris deux Bobin.
Cool, ma réserve est pleine à nouveau...

constance a écrit:

Un jeune adorerait ce livre, j'en suis sûre

Ha, Siddharta ! Oui, je l'ai adoré, quand j'étais jeune justement.

Ah ! Herman est bien attachant !
Constance;, je te conseille ses "lettres". Une façon de découvrir l'homme de manière plus intime qui m'a beaucoup touchée.

Ce serait intéressant, webguru, de le relire après ces quelques années de vie et toutes ces expériences. Je suis sûre que tu y trouverais largement ton compte, et de nouvelles inspirations.

Et merci Farouche de ton conseil, je vais le suivre. En fait, dès qu'un auteur me plait, j'attaque dans le dur

Bouleversée par un livre.
Et pourtant, j'en ai lu, des monceaux... et pourtant, j'en ai découverts, surtout ces dernières années, de magnifiques. Mais celui-ci restera à part.
"Loin de Chandigarh", de Tarun J. TEJPAL.
Oui, je sais, le titre n'est pas terrible. Le titre anglais "the alchemy of desire", est plus explicite, mais laisse supposer qu'il s'agit d'une histoire à l'eau de rose, ce qui n'est pas le cas, ah lala, pas du tout, bien qu'on y parle d'amour, de désir fou, d'attraction charnelle et de désamour.
Sachez déjà que l'auteur est visiblement très admiré en Inde, pour avoir fondé un journal d'investigation engagé, "Tehelka", qui dénonce la corruption et les trucages divers.
Son premier roman est un mélange entre analyse fine, critique, presque surréaliste de l'inde moderne (mais aussi de l'Inde colonisée), et une histoire de passion qui couvre toute la vie du narrateur.
Il a l'extrême finesse de commencer par la fin, c'est à dire par la dissolution de son couple. Puis il remonte dans le temps, émaillant son récit de digressions, d'autres récits emboités, avec une subtilité absolument envoûtante.
Le style est à la fois truculent et raffiné, mais d'une limpidité confondante. Je me suis surprise sur certains passages à rire tout haut...
Voilà le résumé qu'en fait le Livre de Poche : "L'inde du Nord à la fin des années 1990. Un journaliste et sa femme, Fizz, partagent depuis 15 ans une intense passion, très sensuelle, très charnelle. Jusqu'au jour où, dans leur maison accrochée aux contreforts de l'Himalaya, le narrateur découvre 64 épais carnets, le journal intime et impudique d'une Américaine, Catherine -ancienne propriétaire des lieux-, dont la lecture va peu à peu détruire son couple."
Cela ne donne qu'une faible idée de la formidable psychologie de ce livre, de l'intelligence de sa progression (chaque passage s'emboite dans le suivant, la construction en est pour moi quasi parfaite), de la magnifique analyse des rapports hommes-femmes, d'une lucidité et d'une crudité rares, bref, de la valeur humaine de ce bouquin.
Personnellement, j'en ai été bouleversée. Simplement un roman, certes, mais un univers qui nous aspire, qui nous bouscule, qui nous fait réfléchir, qui nous distrait.
Envoûtant est le mot : impossible de le lâcher. Et pourtant, 700 pages bien tassées. Mais 700 pages d'humanité somptueuses.

Ha, c'est tentant ! Si seulement j'avais un peu plus de temps. Même plus celui de lire un bon bouquin...

Dis-donc, en ce moment tu fais une monomanie sur l'Inde, en plus de celle sur la danse ?
Tu vas en savoir bientôt plus que moi sur ce pays et cette culture !

Pôv' chou à la crème débordé ! C'est bon signe remarque : cela signifie que tu as des tas d'activités (point trop s'en faut quand même).

Sinon, en comptant ma monomanie sur la danse et celle sur l'Inde, ça fait deux monomanies, est-ce possible ? (une bimanie, alors)...
On dirait que tu ne me connais pas : quand j'aime, je fais les choses à fond. Donc je lis beaucoup sur l'Inde, parce que ça m'intéresse tout simplement.
Mais avant d'en savoir autant que toi sur le sujet, y'a du boulot !
Ah sinon, je suis contente : j'ai trouvé un disque de Remember Shakti que je n'avais pas : "Saturday night in Bombay". C'est biennnnnn !

Dernier livre : "La démangeaison" de Lorette Nobécourt. Fort et dérangeant, mais si j'en conseille la lecture, je n'en ferai pas tout un flan.

Un policier écrit par Ellis Peters, celle qui a déjà produit la série des "frère Cadfael".
Là, c'est une série avec le personnage de l'inspecteur Felse.
Heu, celui-là se passe en Inde, "Raga mortel", quelle coincidence !
Ben sinon j'ai lu mon Femme Actuelle.

Entre deux siestes ces derniers jours, j'ai lu deux bouquins très distrayants de Peter MAYLE.
C'est un best-seller depuis longtemps : "Une année en Provence", les tribulations d'un Anglais dans la cambrouse provençale, mais justement je ne suis pas très friande de best-sellers, je m'en méfie.
Mais bon, l'occasion faisant le larron, je l'ai trouvé pour pas cher avec une suite, "Le bonheur en Provence".
Hé bien, je dois dire que je me suis privée d'un délicieux bouquin, très typiquement dans la lignée de l'humour anglais que j'affectionne.
Je le conseille pour ceux qui ont envie d'une agréable moment en compagnie d'un Candide britannique à l'oeil acéré et à l'humour pince sans rire.

Je suis allé prendre le thé avec un monsieur très charmant et distingué. En discutant de nos livres préférés, il me parle de sa passion pour Stefan Sweig. Et là je m'aperçois que je n'ai rien lu de cet auteur. Ben ça alors
Après consultation de ma soeur, la seule personne de ma connaissance qui ait lu plus que moi, elle m'assure que c'est tout simplement fabuleux.
Bon, je sais ce qu'il me reste à faire lors de ma prochaine visite chez Gibert Jeune (un pote à moi, Gibert).

De Zweig (avec un Z stp), je te conseille en premier lieu Le joueur d'échecs, que j'avais beaucoup aimé, et Amok.
Il paraît que son autobiographie est pas mal du tout aussi. Sinon il a écrit pas mal de poésie et a été l'un des principaux traducteurs de Baudelaire en allemand.

Heu oui, avec un Z... je ne sais pas pourquoi je m'obstine, d'ailleurs je l'ai cherché partout à Gibert à la lettre S, avant de demander à un vendeur. Hum.
Mais bon, j'ai pris le premier tome des nouvelles et romans en collection Pochothèque. D'occasion, ça va, ce n'est pas trop cher pour tous ces livres réunis. Il y a entre autre "le joueur d'échec".
J'ai trouvé aussi le premier tome de Kipling en Bouquins. J'avais déjà le tome 2, déniché chez mon bouquiniste, et même si j'ai déjà lu tous les titres du 1 ("Kim", "Le livre de la jungle"...etc), j'apprécie de les avoir chez moi.

Lu sinon "Le prochain amour" d'Yves Simon. J'apprécie beaucoup cette écriture poétique, cette profonde lucidité des relations humaines.

Ah, et j'ai enfin commencé "L'élégance du hérisson", prêté par ma soeur. C'est fabuleux, j'adore (il ne va pas faire long feu, ce livre...) !

Finis le premier tome en Pochothèque des oeuvres de Zweig.
Cela comprend : "Conte crépusculaire", "Brûlant secret", "La peur", "Amok", "La femme et le paysage", "La nuit fantastique", "Lettre d'une inconnue", "La ruelle au clair de lune", "24 heures de la vie d'une femme", "La confusion des sentiments", "La collection invisible", "Leporella", "Le bouquiniste Mendel", "Révélation inattendue d'un métier", "Virata", "Rachel contre Dieu", "Le chandelier enterré", "Les deux jumelles", "La pitié dangereuse", "Le joueur d'échec".

Que dire, sinon que c'est tout simplement prodigieux. Il est d'ailleurs à mon avis préférable de faire une cure et d'en lire beaucoup à la fois, pour se plonger dans l'univers de cet auteur.
Impossible de résumer son style. Rappelons que Zweig fut un grand ami de Freud, et que celui-ci l'admirait beaucoup , il y a eu par ailleurs une longue correspondance entre eux.
Dans chaque nouvelle, l'auteur entre véritablement dans l'esprit de ses personnages, il disséque les passions humaines avec une subtiilité tortueuse. Et pourtant on a l'impression d'une mécanique parfaitement huilée.
Je suis absolument conquise, et j'ai "contaminé" Romane, qui du coup est très curieuse de le lire à son tour.