La feuille est dune d’une plage ;
Les mots s’y ancrent à l’envi,
Sortis grain par grain de l’ouvrage
Du poète qui la gravit...
Alors, la main est coquillage ;
Un vers en naît, ciselé d’or,
Lorsque s’épand sur le rivage,
Nacrée, une ode et puis s’endort…
La plume rigide est cordage
D’un vieux galion disparu ;
Mais, sous la fournaise, un mirage,
Au lointain lui est apparu...
Si la poésie est naufrage
De l’aède, elle vient du cœur,
Quand de ses voiles sans ancrage,
Riment les flots avec liqueur...
Les vers boivent l’eau d’un nuage
En perles d’un léger félin,
Lorsque la muse, d’un autre âge,
Dicte le sonnet au vélin.
Mon parchemin est un cottage ;
Le mot y revêt sa livrée,
Lorsqu’il a des plis du gaufrage,
La césure enfin délivrée...
De l’encre sourdent les jambages
De consonnes enluminées,
Lorsque, de ses lointains voyages,
Les vers poussent en graminées...
La main est un vert pâturage
Où pointent les pieds sous l’azur ;
Un hymne fera, d’un gerbage,
Des rimes en blés du futur...
Si, la poésie est fauchage
Du rêveur, elle est passion,
Quand, ivre de la blanche page,
Lui vient la révélation...
Les vers croissent en des alpages
Aux inaltérables couleurs.
Érato, alors, sans ambages,
Cueille sur le vélin ses fleurs...