Message à mon défunt amour

MESSAGE A MON DEFUNT AMOUR

Je ne dormirai plus

Plus cette nuit

Plus cette vie

Puisque je suis percluse

De douleurs de couleurs

Puisque mon cœur vomit en volutes assassines

Tout l’amour inutile qu’il ne cesse de donner

Je ne dormirai plus

A quoi bon se coucher

Et ne plus faire l’amour

Mon corps livre bataille

A mon cœur refroidi

Qui murmure encore

Des mots d’amours sanglants

Je m’habille d’aubépine

De ronce de noyée

De phrases sibyllines

De tendresse déployée

Mais tu ne le vois pas.

Je crois que tu ne vois que mes coutures

Ma chair molle, mes absences au creux de chaque nuit

Où je m’applique à oublier pourquoi

Comment font tous ces gens

Qui s’endorment en même temps

Ainsi donc la nuit serait faite pour dormir

Moi je la rêve, je la dévore

Je l’explore

Je l’inspire

J’y transpire

Ou j’y expire

Je la dévore

Plus rarement je la dors

Très rarement je l’adore

Quelquefois j’y dépose mes mots

Vous y lisez mes maux

Et je lis ceux des autres

Je me laisse absorber

Je m’échappe de ce corps

Je suis celle que tu aimes encore

Celle que je supporte

Quelquefois je m’endors

Ou bien je crois que je m’endors

Ou bien je crois que je m’en sors

Je saute d’un rêve à l’autre

Je sursaute et m’éveille

Si déçue

D’avoir laissé échapper le rêve

La trêve

D’avoir imaginé l’oubli

Je ne dormirai plus

Sauf pour faire semblant

Sauf à en mourir

Sauf si je pouvais pendre ce corps à un crochet de boucher

Sauf à pouvoir te plaire au détour d’une nuit

Si ta main caressante retrouvait ma peau douce

Faisant frémir mon cœur jeune d’espérance

Et quelque diapason vibrant toute ma passion

Mais tu ne le frôleras plus

Parce que tu ne l’aimes plus

Et que tu ne sais même pas

Que tu ne l’aimes vraiment plus

Alors je ne dormirai plus

Amère vous dîtes que je suis

Amère j’y suis seulement la nuit

Chaque nuit

Toutes mes nuits

Cathecrit, 13 juin 2010

Gardien de la foi Nombre de messages : 211 Date d'inscription : 29/11/2009

Renaîtront de beaux printemps
sur mon visage, là bas, caché
où les ombres se moquant du vent
sur mes yeux se seront posées.

Je serai un bienheureux
jaloux de ce lieu de ma mort.
Avant toi j’aurais fermé les yeux
pour que tu vives encore.

Délivré du temps, de son étreinte
que mon dernier souffle aura chassé,
je pourrai t’attendre sans plainte
mon amour, une éternité.

Profondément émouvant, écriture sensible et belle. J’ai aimé lire ce beau texte.

Thierry.

Prophète Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007

Ce n'est plus un poème, c'est un fleuve qui nous entraine. Et je me laisse emporter par cette tristesse ravageuse, ce cri, cette révolte presque hallucinée.
J'aime bien les "ronces de noyée".
Par contre, tu as voulu dire "ma chair molle" et "je suis percluse" ? et puis "accrocher... à un crochet", ça fait beaucoup.
Mais l'ensemble est très au dessus de toute critique.

Non non, pas du tout au-dessus de toute critique.
Si je viens poster ici, c'est précisément pour avoir ce genre d'avis, très précis et très sûr la plupart du temps.
Ce sont ces avis qui m'ont tant fait progresser et ce n'est pas fini.
Merci à vous deux, merci Thierry pour ce texte porteur d'espoir

Guide Nombre de messages : 600 Age : 61 Date d'inscription : 23/11/2009

Un texte très émouvant Cath. J'ai par (mauvaise) habitude de lâcher prise sur les textes un peu long que je lis à l'écran, mais le tien m'a portée jusqu'au bout, sans aucune halte, comme entrainée dans une spirale infernale que je (ni toi non plus) ne saurais chasser.
Merci pour cette page d'émotion et bon courage à toi ...

(sinon : Dans "Faisant frémir d’espoir mon
cœur jeune d’espérance", la répétition d'un mot de la même famille est-elle voulu ?
Et, sauf erreur de ma part, dans "Ainsi dont la nuit serait
faite pour dormir", n'est-ce pas "Ainsi donC" que tu voulais mettre ?
Bises)

Voui, t'as raison, je vais de ce pas faire les corrections idoines. Ainsi que celles proposées par ma chère Constance.

En fait, étant sous le coup de l'émotion de l'écriture, j'ai commis quelques erreurs que j'ai oublié de corriger ensuite...

Merci de m'avoir lu Nighty. Je comprends que tu abandonnes les textes longs, je fais souvent pareil. Je suis touchée et ravie que tu ai terminé ce texte...

Voilà les filles, c'est mieux ainsi.
Mille merci donc !

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