Cette vie ne vaut rien Et je lui donne un prix,
Rayant à l'encre bleue Toute désillusion,
En refusant ta main Sans forme de mépris,
Je préserve tes vœux En brûlant ma raison.
Dans ce monde en furie Où la méprise est reine,
Ignorant le bonheur Sans larme et sans caresse,
Enfin je vis le cri Tout en buvant ta peine,
Rassuré par ton cœur Et sa fausse paresse.
Depuis que je t'ai vue, Indolente au chagrin,
Sans bien me l'avouer Ces mots n'ont plus de sens,
Rongés par les abus Et les rimes de rien,
Tous mes cris sont usés, Entachés d'inconscience.
Toute la vie durant, Ne te retourne pas
Et ne néglige rien Pour apaiser ton cœur,
Aussi vrai que je mens Sans oser le trépas,
Tu auras le chagrin Et j'aurai la douleur.
Dans le creux de mes mains, Inscrite en filigrane,
Restera ton absence Et sa vasque d'espoir,
Jouissant de ces parfums En bouquets qui se fanent,
Tu seras le silence Au regret péremptoire.
Ici, le mot est mort, Mais il reste le point
En suspens dans les airs Pour y dompter le temps,
Utile à mes remords Il exulte avec soin
Sous les flammes d'enfer Que tu méprises tant.
Un jour tu comprendras Et tout sera limpide,
Tout sera transparent Où le vers prend sa source,
Usé de mille éclats, Tout sera moins aride
Dans le cri du présent Où s'achève ta course.
Inspiration déchue, Tu devras me guider,
Relisant une à une, En omettant le vers,
Sans ôter le début, Tu seras moins cachée
En ce jeu d'infortune Résistant à l'enfer.
Sotte modernité En décor négligent,
Ces vers se sont perdus, Rayés à l'encre bleue,
Et si l'humanité Te berce doucement,
Je resterai reclus En marge de tes yeux.
Luttant pour assouvir, En feignant l'air de rien,
Ce désir insolent, Absurde et légitime,
Comme un cri de plaisir Hostile au lendemain,
En aimant le présent Dans ses replis intimes.
Alors je serai fier, Nous n'existerons plus,
Seule ton innocence Usée d'incertitudes
Nourrira cet enfer Pour le garder à vue
Où toute connivence Enfuira l'habitude.
Mais je délire enfin
Et tu ne comprends rien.