Orpailleur de corps
En orpailleur inlassable il cherche le trait pur au tamis de ses yeux
Dans le flot des courbes, au creux des interstices, à la jonction des membres où s'infiltrent les plis,
dans la rivière chevelue d'où jaillit la nuque, l'ondulation du dos, la saillie des hanches et les ressauts du ventre jusqu'à l'intime aux algues fines.
Le corps est un fleuve tumultueux ou apaisé, inépuisable de rives et de modulations, d'ombres enchevêtrées, d'incandescences mouvantes, de rebonds ou d'étendues qui s'enchaînent et se dissimulent, se creusent ou jaillissent.
Le corps s'écartèle ou s'accroupit, se tend, se prostre ou s'alanguit lascif. Il s'élance ou se tasse, s'extase, s'étire ou s'emmêle en nœuds, corde d'arc ou prière.
Inlassable orpailleur du trésor polyforme, le peinte souffre et souffle en un combat de mort à soi où l'oeil tendu se donne à la main, fouillant le mystère de corps offerts, à l'infini.