Une voile au loin glisse sur l'onde.
Tel un poisson ivre et heureux.
Et mon esprit avec elle vagabonde,
Entre toutes ces nuances de bleu.
De tous côtés des oiseaux l'abordent.
Sous un soleil des plus radieux.
Filant solitaire des lieues à la ronde.
Je la suis un long moment des yeux.
Elle s'en va à la conquête du monde.
De mon perchoir, moi, je suis envieux.
Du capitaine qui à ses commandes.
Est seul maître à bord après Dieu.
Scrutant la mer et l'horizon qu'il sonde,
Bouillonne comme un chaudron sur le feu.
Il s'en va glissant sur la mappemonde .
En bravant tour à tour les cimes et les creux.
Elle n'aura cure du tonnerre qui gronde
Ni des éclairs lacérant les cieux
Qui en une fraction de seconde
Pourraient mettre la nef en feu
Mais les cieux font des feux qu'ils inondent
De tous temps et par la grâce de Dieu
La nuit elle croisera des formes oblongues.
Comme sorties de ces contes fabuleux.
Qui effraient nos chères têtes blondes.
Imaginant les monstres les plus hideux.
Quand en l'espace d'une seconde
De peur ils en deviennent bleus .
Et moi toujours rivé à terre
Fiché au sol comme un pieu
J'ai à la bouche le goût amer
Des gens boudés des dieux
Mais comme la terre restera ronde
Je ne désespère pas le moins du monde
De l'avoir encore une fois sous les yeux.
Attendant patiemment ce jour,
Je lui souhaite bon vent,
Et lui dis adieu !