Voies sans issues

VOIES SANS ISSUES

Pirate intellectuel
je suis sur le pont
mais je ne suis pas le timonier

je suis sur le pont
je compte les cadavres
les dégats collatéraux des machinismes politiques

une ado aux veines tranchées
un homme d'affaires qui s'est gazé dans son garage
une fillette violée et mutilée
les clandestins de la misère au fond de la mer
un SDF qui se jette du haut d'un viaduc
sur le TGV qui déboule
histoire d'être certain de ne pas se louper

" Faudra nettoyer la motrice, chef... "

je suis sur le pont
je ne vois plus grand'chose
parfois mes mains
parfois vos yeux

mais tout est si silencieux
si terne
tellement convenu

ce n'est même plus le nombril du monde
ni même le nombril du nombre
non juste le nombril du monstre

je suis sur le pont
le flingue de la modernité
pointé sur ma nuque

j'écoute

les plaines agonisent
les cavaliers se meurent
l'esprit retors de la nuance borgne
a dévoré la terre...

Tu es sur le pont, tu es donc privilégié.
La plupart de ceux qui sont dans la merde sont dans les cales, entassés, à se bouffer entre eux...

Quel bilan terrible que tu nous livres, Jim.
J'adore la dernière strophe.

"Le nombril du monstre"...
C'est effectivement un bilan horrifiant que tu nous montres du doigt, d'autant plus terrible qu'il est réaliste. Hélas.
Je trouve une très grande force dans ce poème, il ne hurle pas, il constate, et sa portée en est d'autant plus importante.

"misère ah...c'est toujours sur les pauvres gens que tu t'acharnent obstinément !" disait Coluche, ô, comme c'est juste !