A la garde des chemins cathares
Les rochers se dressent tels des murailles
Et les châteaux comme des pics défiant le ciel.
Mal leur en prit quand il parlait l’épée
Et le bûcher
Sous des règnes sectaires et cruels.
La tramontane geint glaciale aux fentes des archères
Et hurle aux meurtrissures des donjons désemparés,
La sève grise des calcaires a repris possession des bastions infidèles
Et les confond aux paysages échancrés
Installant dans leurs ruines érables de Montpellier
Et rosiers de chien
Que l’automne enflamme…
Autre époque, autres dangers,
La pierre craint le vent et l’eau
Et le passage incessant de pèlerins sans foi
Qui polissent marches et chemins comme les marbres des églises,
Et jettent en pâture aux choucas
Leurs plastiques et ferrailles souillées,
Chacun une insulte à l’Histoire et à la Nature…
Autre époque, pauvre époque.
Au filtre des nuées qui galopent,
Le soleil revisite tous les points de vue des Corbières,
Sauf l’horizon des Pyrénées noires d’orages.
Peyrepertuse, Quéribus, Tautavel,
Puyvert et Auriac,
Les châteaux de poussières et de cendres
Se dispersent vers la mer
Avec l’âme de leurs bâtisseurs audacieux.
La montagne, ogresse rude, reprend pied sur son domaine,
Quand l’homme s’abandonne aux vallées aguicheuses
Et aux villes bétonnées de faux-semblants.
Solitude pour solitude, pourtant,
Celle de ces grands espaces ouverts à la contemplation
Ne vaut-elle pas celle de la foule abêtie d’apparences trompeuses ?
Je revendique le choix du cal aux mains plutôt qu’à la tête
Même avec ce vent qui m’insomnise, incessant,
Dans la bastide offerte au feu roulant de ses bourrasques.
La Bastide, le 9 novembre 2007