Carte postale de Lizio : le musée du poète ferrailleur, bricoleur de lune et chercheur en décharges…
Le rêve a commencé enfant
Le nez levé aux guirlandes étoilées de la fête foraine
Et l’oreille enchantée d’une valse musette
Puis est venue l’envie
De la magie d’un manège recréé…
Et vive l’avion papillon et la motocyclette à conserves,
La vie est redonnée
A des objets jetés pour morts :
Un guidon, une ampoule, une selle, un boulon,
Le lit de la grand-mère
Et le bidon à huile
Deviennent hélicoptère et magicien du vent,
La ferraille rit, clignote et batifole,
L’eau s’élève en chantant sur sa roue à godets
Et les billes promènent
Au pas millimétré…
L’envie première s’est démultipliée
En un royaume féerique, mécanique, électrique,
Où le beau s’anime en pied de nez au gâchis
En clin d’œil à l’humain,
Sans prétention, sans concession,
Dans un écrin de verdure
Où l’âme reste pure…
C’est du Prévert où les mots se déguisent en fer-blanc,
En chaînes et balles, entonnoirs et grilles,
Les casques de la guerre sont sonnés carillon
Et les bois naufragés sont bateau d’aventures
Un détournement systématique de matières délaissées,
De leur usage éphémère vers un esprit durable,
Une poésie métallique et sensée
Qui pallie aux mécaniques implacables, dérisoires et morbides
De l’activité humaine,
Un regard faux naïf et vrai tendre
Qui ouvre le livre des choses et invite à le relire avec intelligence.
Un musée ? Non vraiment, un livre d’expériences.