je ne suis pas d’ici

je ne suis pas d’ici




le parc est couvert des regrets côté est
il a l’odeur de la camomille sauvage
ici on sent une tisane de matricaire dorée
je foule les instants passés
d’amours au parfum coupable

je ne sais pas
ou je ne devrais pas savoir
si les moments arrachés à l’improviste
mentent en nous
et pointent du doigt

j’emporte tout

sur la table noire
on a pas encore eu le temps d’inscrire
ni l’odeur du sapin ni le prélude d’après
que nous connaîtrions
avec le temps

Mélancolie, mélancolie...
Ce texte me parle énormément.
Je m'attendais à une suite de l'expression "et pointent du doigt", car en général on pointe du doigt quelque chose.

des odeurs et des sensations, un beau bouquet.

C'est magnifique, et triste je trouve, mais dépourvu de regret...
"Le parc est couvert des regrets côté est" : un début splendide, mais tu vois, je crois que j'aurais exploité la chose à fond, en essayant d'écrire sur les quatre côtés cardinaux, peut être un début de strophe pour chaque direction.
Ce texte m'a beaucoup touchée, il trouve une étrange résonnance en moi.

J'ai toujours cette impression étrange...comme si le temps se déroulait.

Merci.

L'Amour n'est coupable qu'aux yeux des autres et ces instants arrachés sont autant de pierres précieuses parsemant un chemin jonché de pierres noires et coupantes comme l'obsidienne. Ces moments n'ont pas le goût de la trahison et ne s'abreuvent que de vérité pure et sublimée. Reste la table noire, elle n'est pas encore releguée au rang de pierre funéraire...Très vifs compliments. LOUP.

Très très beau texte qui me plonge dans une mélancolie et des songes intenses sur ce que j'ai fais de ma vie et ce que je vais en faire après m'être remise du mal qui me terrasse encore ces temps-ci.
Moi aussi il m'a un peu manqué le quelque chose que tu pointais du doigt.
Mais tout sonnait si bien que c'en fut un bonheur de le lire et le relire.
Et à dire vrai, moi qui fait du théatre, je me suis vue le lire en intermède entre 2 scènes, un soir de spectacle.
Voilà, Merci bien Solweig.

Le temps, les souvenirs, la perte et l'après... Quatre thématiques essentielles abordées avec grâce et surtout, une grande simplicité.
Ce tiraillement doux et douloureux qu'on ressent lorsqu'on prends du recul, en étranger.
Le titre, "j'emporte tout", et "je ne sais pas... Ou ne devrait pas savoir" sont tout simplement éclatants de vérité.

"things damaged and lost" -Elizabeth Bishop-