Métisse arc-en-ciel

METISSE ARC-EN-CIEL

L'autre continent m'attire
l'autre continent m'aspire

mon amour
par une aurore flamboyante
j'aimerais emprunter
la voie secrète des clandestins
des réfugiés
des exilés
des naufragés
à rebours

un jour
après avoir prononcé
sur l'estran fortifié contre mon gré
" Adieu vieille Europe! Que le diable t'emporte! "
j'aimerais poser mes pas à l'envers
à contre migration
de la Palestine au Mali
vers le vaste désert inspiré

mon amour
toi qui ne fais même plus que passer
pour m'insuffler les salvatrices évidences salutaires de la vraie vie
toi dont je ne peux même plus embrasser les lèvres
par accident
toi la femme à la peau mate
la métisse
la fleur fragile des deux mondes
la désentravée
l'émancipée
j'aimerais que tu m'accompagnes
dans cette tentative de libération excentrée

mon amour
toi que j'ai si longtemps cherchée
parmi les trompeuses ombres égoïstes
et les égocentriques éblouissements vaniteux
accepte de venir avec moi

j'écouterai ce que ta voix
acceptera de me confier

je me nourrirai de ton chant
lorsque enfin en paix
l'un vis-à-vis de l'autre
ainsi qu'avec nous-mêmes
emportés par les révélations de nos souffles jumeaux
nous jouirons simultanément
comme autrefois
sur les flots
dans les vents de sable
au creux des niches de roches
au bord des lacs de savane
dans la poésie matricielle des oasis

oui
un jour
mon amour
je voudrais que nos pas rendent justice
redonnent la parole
à ceux des mères et enfants abandonnés
à ceux des réfugiés spoliés
par ces veules
qui firent jadis partie de cette race
à laquelle aujourd'hui je n'appartiens plus
ces exploiteurs
aux doctes excuses murmurées par la croix

mon amour
en un temps
encore à convenir
je voudrais emprunter
la voie secrète des clandestins
des réfugiés
des exilés
des naufragés
à rebours
encordé et éclairé
par l'intelligence et la clairvoyance
de ton amour...

pour sophie...

Déjà le début m’attire, m’aspire, m’interpelle. Et puis tu m’emportes au
dessus

des
vents de sable
des creux des
niches de roches
du bord des lacs
de savane
de la poésie
matricielle des oasis

Un message personnel mais poignant, brûlant
et inquiétant.
J’ai lu en retenant mon souffle une
poésie avec un P majuscule.

Bonne fête Jim – Solweig

Que de beautés dans ce chant d'amour. Peut-on y résister?

Une mélopée poignante, l'amour d'un continent mêlé à l'amour d'une femme, des mots qui s'écoulent, aussi inexorables que le déplacement des dunes dans le désert au gré des vents chauds, une ode libérée et sauvage. C'est magnifique et exaltant.

Fougue + talent = Jim !

merci à vous!
sophie ne lira jamais ce texte ( c'est son choix et sa liberté de ne pas me lire ) mais grâce à vous, je sais qu'il l'aurait touché.
merci et bonnes fêtes de fin d'année. je reviendrai bientôt plus souvent parmi vous...

Je retrouve là du grand Jim, celui qui évoquait "Yemenja", celui qui a écrit Sophie.
Ton côté pirate et celui de poète trouvent une belle cohérence dans les textes que tu postent, finalement. J'aimerais te voir venir plus souvent ici !


EDIT : je n'avais pas lu ton post ci-dessus au moment où j'ai rédigé celui-ci, mais ok alors!