12/02/08
I) DES LUPERCALES À SAINT VALENTIN
Ca y est, votre petit coeur rouge bien astiqué fait “Boum/ Boum” sur carte postale? Installez vous et prenez un chocolat, vous allez tout savoir sur la Fête des Amoureux...
Et d’abord, Saint Valentin, c’était qui ce mec?
A) Saint Valentin, Martyr
Là, petit problème vu qu’il n’existe pas moins de 7 Valentin canonisés et qu’aucun n’ayant ne fusse qu’approché les prouesses de Casanova, il n’est pas évident de se prononcer. D’autant que la Légende Dorée (la réfèrence hagiographique écrite par jacques de Voragine à la fin du XIIIème) ne fait aucune allusion aux amoureux dans le chapitre consacré à Valentin (lequel est probablement une compilation des différents Valentin connus à cette date).
L’histoire la plus courament admise est celle de Valentin prêtre, martyrisé en 268 sur ordre de l’empereur Claude II dit le Gothique ou le Cruel.
Celui ci avait interdit le mariage des militaires parce qu’il craignait qu’inquiets de leur famille, ils mettent moins d’ardeur au combat et préfèrent même rester à la maison. Le “Service Militaire” n’étant pas obligatoire, à certaines périodes les volontaires ne se bousculaient pas.
Valentin bénissait en secret les unions interdites et prêchait l’amour de Jésus.
Claude remet Valentin au juge Astérius pour être examiné et châtié comme sacrilège. Lorsqu’il entre dans la maison du juge Valentin prie dieu qu’il éclaire ceux qui marchent dans les ténèbres en leur faisant connaître en Jésus la vraie lumière du monde.
Astérius l’interroge sur cette lumière et Valentin répond: “ La vraie et unique lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde”.
Sur ce, Astérius lui dit: “ J’ai une petite fille aveugle depuis deux ans, si tu peux la guérir, je croirais que Jésus est la lumière qui est Dieu et je ferais tout ce que tu voudras”.
La jeune fille guérie, toute la famille (46 personnes) se convertit ce qui rend Claude furieux. Astérius et tous les nouveaux baptisés sont exécutés et Valentin jeté en prison. Le 14 Février 268, il est décapité sur la Voie Flaminienne.
On dit qu’il s’était lié d’amitié avec la fille de son geôlier et qu’avant d’aller au martyre, il lui aurait laissé un message sur des feuilles en forme de coeur signé: “Ton Valentin”. Ce qui ressemble fort à une justification sur le tard des fameux “Mots Doux” qu’on échange à cette date.
En 495, le pape Gélase Ier choisit Valentin comme patron des fiancés et fixe le 14 Février jour de sa fête.
B) LES LUPERCALES
Ce choix, comme celui de toutes les fêtes chrétiennes n’a rien d’anodin.
A Rome, le printemps débutait le 5 Février, moment de purification et d’expiation de toutes les offenses qu’ils avaient commises envers leurs dieux.
Pratique que l’on retrouve dans toutes les religions, besoin de faire une pause, de pratiquer une coupure pour se préparer au renouveau. Le Carême en est un exemple.
Les maisons étaient nettoyées, on balayait les piéces et on les aspergeait de sel qui passe pour avoir des vertus apothropaïques, et de blé (pour la fertilité). C’est le rite de la purification (februa) qui a donné son nom à Février.
Le 15, les romains rendaient un culte à la louve qui avait allaité Rémus et Romulus dans la grotte de la “Lupercal”.
Les Lupercalia, trés populaires, étaient un hommage à Faunus, dieu de la nature et de la fertilité, aussi appelé Lupercalus. Un des rares dieux typiquement latins du panthéon romain.
Cette fête se déroulait sur le Palatin en souvenir de Romulus qui avait tracé l’enceinte de la ville future en creusant un sillon autour de ce mont ( et tué son frère qui par dérision l’avait franchi d’un petit saut, charmant garçon...)
Les Lupercales comprenaient 3 temps forts:
1) Le Sacrifice
Le collége des Luperques était constitué de 5 fils des anciennes familles aristocratiques descendant des fondateurs. La cérémonie avait lieu dans la grotte de la Lupercal.
Aprés avoir immolé deux chévres, deux boucs et un chien, on conduisait deux jeunes gens devant l’autel. Le prêtre touchait leur front avec un couteau sanglant et l’essuyait avec un tampon de laine trempé dans du lait. Aprés quoi les jeunes gens devaient éclater de rire.
La signification du rite est complexe (comme tous les rites dont on a perdu une partie du sens).:
Purification (le sang) des bergers. Chèvres et boucs? Le bouc est symbole de virilité, et les faune ont des pieds de chèvre, le chien, je ne vois pas, la fidélité, le gardien, l’amitié? Sans avoir jamais le 1er rôle, il est trés présent, notament dans les rites de Mithra...
Le rire est libérateur de l’angoisse de la mort et du sang.
2) La Course des Luperques
Les jeunes gens, seulement vêtus de la peau des boucs sacrifiés se lançaient dans une course à travers la ville, en buvant et riant. ils frappaient les spectateurs avec des lanières de peau des chèvres sacrifiées.
Les femmes souhaitant des enfants, les femmes enceintes voulant éviter les douleurs de l’enfantement s’offraient aux coups. Les hommes aussi (fouetter stimule la virilité paraît il).
3) Le Banquet Final
Les romains aimaient les jeux de hasard.
Avant le banquet, chaque jeune fille inscrivait son nom sur un parchemin qu’elle plaçait dans une jarre, chaque garçon tirait au sort le nom de celle qui devait lui tenir compagnie pendant tout le banquet. des couples solides se formaient à cette ocasion et concluaient par un mariage.
Cette tradition était dédiée à junon, déesse des mariages et protectrice des femmes enceintes.
Bien sûr, l’Eglise détestait cette fête païenne de la fertilité qu’elle jugeait licencieuse et l’étalage impudique de nudité des Luperques.
Les papes successifs ayant lutté contre en vain, Gélase 1er décide de fêter en grandes pompes Saint Valentin, le 14, la veille des Lupercales.
C’est ainsi que le chaste Valentin, qui n’en peut mais, se trouve promu patron des amoureux.
L’Eglise a (comme d’hab) récupéré cette tradition qu’elle n’a pu éradiquer, ce qui montre la force des traditions liées à la nature et la puissance des croyances qui s’y rattachent. Une nature que perso je trouve singulièrement absente des cultes et même de la pensée monothéiste alors qu’elle est prégnante dans tous les “paganismes”.