04/ 12/ 08
LE MYTHE DU PERE NOEL
Vous êtes grands, vous savez qu’il n’existe pas, pourtant, il a la peau dure le vieux bonhomme, il dure malgré le matérialisme et la perte du sacré qui marquent notre société.
Le Père Noël en houppelande rouge bordée de blanc tel qu’on le voit aujourd’hui, ne date que de 1931, c’était une pub de Coca Cola, né du pinceau d’un certain Haldon Sundblom, lequel s’était inspiré d’un poème de Clément Clarke Moore écrit en 1822, qui mettait en scène un Père Noël rondouillard chargé d’un gros sac de jouets et se déplaçant dans un traîneau tiré par huit rennes.
Le titre original « A visit from Saint Nicolas » a été très vite remplacé par le premier vers « Twas the nigth before Chrismas » tant le poème, publié dans un journal de l’état de New York a eu du succès.
Dans les pays anglo saxons, le Père Noël est « Santa Klaus » du nom de son prédécesseur dans la distribution des cadeaux aux enfants : St Nicolas, qui œuvre toujours dans l’Est de la France.
I) LES ANCETRES « Le merveilleux, comme le sacré dont il semble le domaine mineur, appartient au Tout Autre, à un monde parfois consolant et parfois terrible, mais d’abord différent du réel »
André Malraux.
Bien sûr, le Père Noël est chez nous, dans l’Autre Monde… Et l’Autre monde est réel !
Les prédécesseurs du Père Noël viennent de la mythologie païenne et du fantastique.
Le Père Noël a sans doute hérité des premières offrandes adressées aux dieux par les hommes, car aussi loin que l’on peut remonter dans la connaissance de l’humanité, sans extrapolation , c’est aux dieux qu’étaient adressées les offrandes, puis, historiquement on sait que les cadeaux étaient d’abord offerts aux chefs, lesquels se devaient de montrer leur magnificence en offrant à leur tour des cadeaux somptueux, en fonction quand même du rang du bénéficiaire.
Un rituel que les indiens de la côte Ouest de l’Amérique nommaient « Polatch » et qu’on retrouve dans le légendaire celte, ainsi que dans les récits arthuriens. Quand le héros arrive dans un château, même s’il a perdu cheval et armes, dés que son rang est reconnu, on le vêt et on l’arme à son départ.
En fonction de quoi, il reviendra si nécessaire aider son bienfaiteur.
L’originalité du Père Noël et de ses prédécesseurs, c’est que le don est gratuit (sans attente de retour) et qu’il est destiné uniquement aux enfants.
A) LES DIEUX[i]1) MithraFranchement, lui, je ne m’attendais pas à le trouver parmi les ancêtres du vieux bonhomme !
Dieu souverain, il a mission de récompenser les bienfaits, du haut de son char et par ses mille oreilles et mille yeux, il entend et voit tout !
La fête de Mithra se situait d’ailleurs le 25 décembre, raison pour laquelle l’Eglise a placé à cette date la fête de la Nativité.
CF « Mithra » dans cette même rubrique.
2) PerunLe dieu suprême slave, d’apparence humaine mais avec une tête d’argent et des moustaches d’or. Dieu bienfaisant, il distribue la pluie, fertilise la terre, chasse les nuages et fait briller le soleil. Des cadeaux non immédiatement matériels mais qui permettent aux hommes de vivre.
Il est néanmoins capable de détruire par la grêle les champs des méchants.
Au début de la christianisation, il fut confondu avec le prophète Elie, maître des éléments.
Car les dieux bienveillants ne le sont que pour les hommes bons et n’hésitent pas à sanctionner les méchants.
Cette sanction était incarnée par un personnage qui a disparu du folklore actuel : le Père Fouettard qui châtiait les enfants désobéissants.
3) StreniaVénérée à Rome du Vème avt JC au IVème cette déesse n’offrait pas elle-même de cadeaux mais patronnait ceux (bougies, miel, objets d’or) que s’offraient les romains en son nom pendant les fêtes du solstice d’hiver. On se trouve toujours à la même période de l’année !
4) OdinDieu suprême des scandinaves et des germains, il est représenté comme un vieillard vêtu d’un chapeau à larges bords et d’un capuchon.
Il envoyait régulièrement sur terre ses corbeaux Hugin et Munin pour qu’ils lui montrent du bec les enfants sages.
Durant les fêtes de Jul, au solstice d’hiver (tiens, tiens ?) il descendait sur terre et leur offrait des cadeaux.
Il tirait derrière lui au bout d’une chaîne son esclave diabolique et sombre : Eckhart ancêtre du Père Fouettard.
Il possédait non huit rennes mais un cheval à huit pattes qui galopait aussi bien dns l’air que sur terre.
Il est associé à Yggdrasil, l’Arbre monde dans lequel on peut voir le grand frère du Sapin de Noël.
Tous ces dieux ont en commun de dispenser des bienfaits ou de récompenser ceux accomplis par les humains.
J’avoue que j’ignorais jusqu’au nom de Perun (j’en ai vu des représentations) et Strenia, et que je m’attendais nullement à rencontrer Odin et Mithra dans la nombreuse ascendance du Père Noël, mais ça n’a rien de surprenant finalement.
B) LES CREATURES FANTASTIQUES Il existe une multitude de personnages donateurs magiques, dont l’origine se perd dans la nuit des temps, toutes les régions d’Europe ont le leur.
1) Le JultomteTous ceux qui ont lu « Nils Hogerson » connaissent les tomtes, ces lutins qui comme tous les lutins sont volontiers frondeurs et peuvent distribuer les bienfaits, mais sont capables de jouer de mauvais tours si on les oublie ou les maltraite.
Dans « Jul »tomte on retrouve Jul, fête du solstice d’hiver. Son nom signifie litéralement « Petit bonhomme de Noël ». Lutin à longue barbe blanche et caractère difficile il peut jeter de mauvais sorts, mais distribue friandise et cadeaux aux enfants méritants.
En Norvège c’est le Julnissen qui rempli cet office, son nom vient du lutin « Nisse ».
2) Le Weihnachtsmann Distribue-lui les cadeaux en Allemagne, muni d’une longue barbe, il porte un grand manteau de fourrure et passe l’année au creux d’une montagne parmi le petit peuple dont il fait partie.
Chaque nuit, un nain monte la garde devant l’entrée, à la 360ème garde, le nain entre en criant « C’est bientôt Noël ».
Le Weihnachtsmann et sa cour vont dans la forêt couper des sapins qu’ils décorent de bougies, de pommes d’or, de noix et de bonbons. La nuit de Noël, il parcourt en traîneau les villages voisins. Si les enfants sont sages, il laisse dans les maisons un sapin couvert de présents.
3) Tante ArieElle, exerce en Franche Comté.
Fée bienfaisante favorable aux jeunes bergères, chargée aux fêtes de Noël d’apporter des présents, elle est aussi armée de verges pour les enfants paresseux et désobéissants.
On place un sabot destiné à recevoir les cadeaux sur la fenêtre ou prés de l’âtre, et une poignée de foin car tante Arie voyage avec son âne.
Une figure ambiguë, on la décrit comme une vieille femme au visage doux mais aux dents de fer et aux pattes d’oiseau. On lui offrait lait, pain et une branche de gui.
En Allemagne , on rencontre aussi deux vieilles femmes : la Berchta, une sorcière qui accompagnait Wotan dans sa chevauché fantastique à la tête de l’Armée des morts, revêtue d’une peau de vache avec de longues cornes, elle terrorisait les petits enfants. Pourtant le 6 Janvier, elle quittait Wotan pour aller distribuer des cadeaux, sa seule nuit bienfaitrice qui coïncide avec la tournée de St Nicolas (ce qui ne doit rien au hasard).
Frau Holle (elle je la connais) ,nom populaire de Holda, déesse germanique de la fécondité.
Elle devient la patronne des enfants en bas âge et plus spécialement de ceux morts peu après leur naissance.
Elle aussi entre soit par la cheminée soit par la fenêtre avec des cadeaux pour les sages et des verges pour les vilains.
4) Le StopanLui exerce dans les pays d’Europe de l’Est.
Vieillard à longue barbe blanche (ils sont tous vieux…) vêtu de blanc, il veille sur la famille et la maison. Tous les noms qu’il porte signifient « Vieux père » et servent pour désigner le Père Noël. Il porte une hotte rouge et distribue les cadeaux aux enfants qui lui laissent de la bouillie et du pain (doit plus avoir faim après la nuit)…
5) La BefanaElle aussi, je la connais.
Elle exerce en Italie. Son nom signifie à la fois la Fête de l’Epiphanie et sa personnification.
Vêtue de noir, elle porte des souliers troués, et vole de toit en toit à cheval sur un balai (ça vous rappelle quelque chose ?)
Elle appartient au mythe de l’errance. Vivant autrefois à Bethléem, elle rencontra dans la forêt le cortège des Rois Mages qui cherchaient l’Enfant Dieu, pressée de rentrer son bois, elle eles laisse partir mais ne pu jamais les rejoindre. Les cherchant de par le monde, elle finit par se fixer en Italie.
Depuis, chaque année, chargée d’un gros sac rempli de jouets, elle les distribue aux enfants des hommes miroirs de l’Enfant Roi.
Tous ces personnages ont disparus aujourd’hui, mais chacun a laissé un peu de lui dans notre Père Noël.
A ce détail prés qu’ils avaient tous double fonction de récompenser et châtier, alors que le Père Noël ne fait que récompenser et que le Père Fouettard a disparu.
Le christianisme est bien sûr passé là dessus et les anciens ont laissé place au bonhomme rouge.
Lequel a quelque peu perdu sa dimension chrétienne au profit du commerce !
Il a été précédé par un certain nombre de saints lesquels, en bons saints, ont pris sans vergogne la place de nos vieux gâteurs/châtieurs.
Trouvé tout ça dans un excellent petit bouquin: Le Mythe du Père Noël: Origine et Evolution . Viara Timtcheva. Qui m'a été conseilé par un conteur breton lors d'une confèrence sur les fantômes.
et bien sûr, y'a une suite, avec tous les saints...