Elle a rêvé cette nuit

Je passe, vraiment sur la pointe des pieds, parce que j'ai l'impression que tu nous livres là quelque chose de très intime, et je me sens presque de trop.
Une immense mélancolie, quelque chose de doux et plaintif comme une mélodie au violon jouée dans la nuit, tout bas, pour ne pas réveiller...
Je ne relèverai pas les quelques (rares) tournures qui ont ralenti ma lecture, pas tout de suite, parce que ce poème induit une émotion que je vais d'abord mettre de côté, avant de revenir.

Merci Constance

La plupart de mes écrits sont trés intimes, peut-être plus mystérieux que celui-ci.
C'est incroyable le pouvoir des rêves qui peuvent raviver bien des souvenirs, des émotions que l'on croyait à jamais enfouis dans les méandres du passé.
J'ai corrigé des petites choses qui ne me plaisaient pas trop, mais si vous avez d'autres suggestions, elles sont les bienvenues.


Elle a rêvé cette nuit

De cette mer brûlée par les étoiles,
de ce coquillage spolié de son aube.

Tu la portais si bien cette mélancolie ;
elle en habillait son corps masqué.
Les mots de neiges exangues
fleurissaient sous les yeux fermés
tout comme les silences
cherchant ta voix
sous le naufrage des saisons.

Les poèmes d’autrefois
trébuchaient sur les notes.
Le piano boisé au coeur
te dédiait ses mains
tremblantes
jusqu’au jour où…

Elle cessa de rêver
de ce coquillage où tu vivais,
de cette mer dont tu créais
les vagues du cœur
balbutiant.

Loin. Presque.
Elle avait oublié
les années où la flamme
revêtait sa plus belle robe.
Rutilante, vivante, chancelante
puis éteinte par la larme.

Elle avait oublié

Mais cette nuit elle a rêvé ;
peut-être éveillée,
recouverte par cette mer
brûlée par les étoiles
et ce coquillage vermeil
où est apparu
celui
qu’elle a nommé
longtemps
le doux visage.

Trés intime certes, mais une intimité qui me touche, un écho profond...
"Elle avait oublié
les années où la flamme
revêtait sa plus belle robe..."
Pas oublié vraiment puisqu'un rêve peut réveiller ces années...
"Le doux visage", les "Etres Beaux" nous marquent à jamais.
merci de partager ton rêve, Vestale.

Comme promis, au creux de la nuit, après m'être régalé du très long début de bouquin de Filo... et les yeux quelque peu embués d'un brin de fatigue... Mais quand même j'apprécie cette lecture et je préfère la deuxième version, mieux aboutie car le rythme y est plus agréable.
Oui c'est intime, mais ça ne me gène pas, je fais de même, c'est comme ça que l'on fonctionne , nous les poètes, enfin beaucoup d'entre nous... Non ?
C'est une belle rêverie mélancolique où l'on aime, où j'aime à flâner, se plaisant à croiser tes rêveries et les miennes...
Eh bien merci Chère Vestale !

Chère Cathecrit, j'amerais bien que tu m'expliques ce que tu entends par :"c'est comme ça que l'on fonctionne, nous les poètes..."
Est-ce que je suis danseuse parce que je prends des cours de salsa trois fois par semaine?

Personnellement en tous cas, je ne me permettrais pas de me qualifier moi-même, en plus, de poète.
Est-ce qu'on est poète parce qu'on fait partie d'un club de gens qui écrivent ... des poèmes?
Il serait peut-être intéressant d'ouvrir un fil de discussion sur ce thème.

Pour illustrer mon propos, voici deux scènes de ce trés beau film:"Tous les Matins du Monde" qui symbolisent très bien, il me semble, le passage entre le ""faire " et l¨être".

http://fr.youtube.com/watch?v=MoXrMOsnRVo&feature=related

http://fr.youtube.com/watch?v=CdSNv0OEGV0

En ce qui concerne le poème de Vestale, j'ai une petite préférence pour les mots de neige exangues"de la première version.

Heu, Vestale, je n'arrive pas à me prononcer sur la version que je préfère, elles ont toutes les deux des accords magnifiques et des spécificités séduisantes...
Je laisserai Cath répondre à Margo, c'est une grande fille, non ? Mon idée, c'est qu'à moins d'aligner mécaniquement des mots selon des formes prédéfinies, une personne qui écrit ce qui pourrait s'assimiler à de la poésie se dévoile de façon quasiment impudique. Elle nous fait entrer dans une intimité de son esprit et de son ressenti.
Quant à savoir si nous sommes des poètes, ou des danseuses, ou tout autre chose artistique, ciel, c'est compliqué...
Je crois que quand on ressent quelque chose, ou qu'on est témoin de quelque chose, et qu'on le traduit instinctivement en mots, en mélodie, en mouvement, hé bien on est poète, ou musicien, ou danseur, profondément. Même si cela reste dans l'obscurité ou le silence de son esprit.
Les extraits sont magnifiques, Margo, cette musique est bouleversante.