Je rêve

Je rêve
d'une solidarité indulgente
entre tous les partenaires
de l'aventure-Vie sur Terre
Mes souhaits sont des flocons
ils fondent en mon âme
brûlante___et mes mots
passent, traînent l'heure
indigente dans le caniveau
des paroles trop basses
qui nous enchaînent.
Mon âme brûle
plus encore
.
Je rêve
d’une solidarité d’alpinistes
de l’extrême sur une paroi
de neige éternelle où les caprices
de la parole cramponnent l’homme
à la réalité de la faille
Une amitié qui se balance
des risques mais avance
pas à pas sans se soucier
de la fragilité des chevilles
Une amitié qui pousse sa botte
dans les retranchements
de la conscience
mais
je suis seule
en zone muse
.
Elle arme mon bras
d’une masse et attend
la destruction des excroissances
de toutes les structures de glace
Aucune branche ne coupera
à la nécessité de l’élagage
et c’est dans mes chairs
de reptilienne du verbe
un saccage de trop
.
« La matière ne s’allège
qu’en ciel, sur Terre
elle est encore liesse »
interroge le poème
qui tombe inachevé
- missive foulée aux  pieds
des pas sans scrupules -
mais que les ailes
de l’éternité pourront
reprendre à torrents
en espace multivers
.
Quel mystère !
.
J’en appelle à la lumière !
.
Mes pensées ne s’accorderont
que lorsque la nuit expiatoire
consentira à la délivrance
des étoiles, même mortes
.
J’amplifie mon champ
afin que ma bulle
repousse les limites
de son individualité
et pulse mes prières
jusqu’à la voie lactée
ramenant poussières
en spirales sur la piste
sauvage que prépare
le souffle des chamois

.

Ton Verbe est créateur. En ces temps si difficiles, nous en avons tellement besoin !

Je trouve que la manière dont tu manies les mots a encore beaucoup évolué sur le chemin poétique qui est le tien. Comme un arbre qui pousse et se transforme lentement au fil du temps. En te lisant, j'ai eu cette sensation de voir bouger la poésie. Et danser.
C'est avec plaisir que je retrouve ton verbe !

Mili
Puiser en nous la parole, celle qui ne frémit pas, même quand les épreuves insistent...
Je me dis que tout poème est une passerelle, sans doute fragile, mais passage possible vers un foyer où nous attend la douceur.
Merci pour tes mots.

Romane,
Les premiers mots en écriture c'est auprès de toi que je les ai partagés. J'ai poursuivi, glanant les images belles, les pensées fugaces, ou me lançant dans le projet fou d'écrire sur une photographe. Fou parce que je suis peu lue, mais qu'importe ce détail quand on a la passion ! Les mots sont fluides comme un vol d'étourneaux, en vol serré ou déployé, ils nous montrent des figures variées. J'ai eu une période où ma poésie s'allégeait, se limitait à quelques vers et là, elle retourne vers plus de lyrisme, se déploie à nouveau. Je crois que c'est moi qui la suit plus que je ne la crée... et je ne sais pas où je vais, ni si je vais cesser d'écrire.

Rebienvenue Garance !
J'avoue que je suis un peu mitigé sur ce texte. En fait je le trouve bon et audacieux, avec du lâcher-prise à foison qui sent bon la liberté. Mais mon bémol sera pour la forme sur les retours à la ligne systématiques, pour "faire" poème, alors que je l'aurais si bien reçu tout simplement pour ce qu'il me semble être : de la prose, et de la bonne.

—> Attention à l'article "la nuit expiatoire", et non "le".

Merci d'avoir relevé cette faute résiduelle, Filo. Ce poème est tout frais, je l'avais pourtant relu mais sans la remarquer.
La forme de la poésie m'interroge beaucoup. Il me faut sentir à quel moment la présentation en prose est nécessaire pour un écrit. Là, les retours à la ligne participent du souffle, du rythme que je souhaite donner. J'aimerais écrire une poésie sans ponctuation - et même sans majuscules (ce serait idéal) - mais je n'y parviens pas encore. Revenir à la prose serait me lier à la ponctuation et ne me demanderait aucun effort. Je n'écris pas ainsi pour "faire" poème (la prose est tout autant poésie) mais ta remarque est pertinente dans la mesure où tu as vu ce qui dans mon écriture demeure " work in process"... même si j'ignore aujourd'hui si je parviendrai à faire évoluer les choses. Je risque encore d'écrire bien d'autres poèmes ainsi construits.

J'ai toujours suivi avec beaucoup de plaisir ton cheminement poétique, effectivement aux rythmes changeants mais ne sommes-nous pas nous aussi des êtres fluctuants en fonction de l'instant, des événements, de l'environnement intérieur qui lui aussi est en mouvement perpétuel.
L'important est de trouver du plaisir dans l'acte d'exprimer un trait d'éternité, et surtout en essayant de ne pas le trahir et pour cela de trouver le mot juste.
Longue route à toi, sur et entre les lignes !

PS : Filo, tu as l'oeil, je n'avais pas non plus remarqué !!