Le Rêve

Nombre de messages : 4 Date d'inscription : 11/12/2008

...

Entre des seins
des noms de rues
cette larme perdue dans le regard, gorge au bord de laquelle on commence à deviner l’ombre
et la beauté du monde...

"Il faut courir, ne pas être effrayé par ces couloirs sans murs, ce frisson transperçant le dormeur.
Comme un angelot qui cauchemarde, une lyre sur son cœur, par effroi du jour qui passe, tirer les cordes du temps afin d’en faire sonner les plus lourdes cloches.
Par l’écriture, consumer toutes les dépouilles."

En dispersant les flammes qui ont brûlé mon père, j’ai ensemencé le ciel.
Plus bas, les réverbères ressemblent aux âmes errantes, alignés comme sur un chemin voulant emprunter au secret des nues.

Alors, très tard le soir, nous rentrons à l’Hôtel de la Chute des Soleils, sous l'empire de cette torpeur qui sait étreindre les corps, de cette voix cultivant un silence niché dans le changement des saisons.
(Elle passe certainement d’un été à l’automne, quand les ruelles se pavent d’or, de grenat, et que le laurier pris en ses douves n’a pas quitté son port.)

Des grelots, des pièces de bois s’entrechoquent.
C’est une voix cristalline qui, dans ses moindres mots parlés, est toujours proche de rompre, par infirmité de redescendre ; un démon derrière des fûts, qui demande à ses propres lanternes « Montrez-moi le chemin de la maison, mais ne me dites pas où nous allons »…

Brasier,
Des brandons virevoltent puis s’endorment sur un baiser.
Il n’est plus de différence entre le ciel d’avant
et l’infinité de nos visages.

Prophète Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007

Je confirme : un univers enclos dans tes mots, et d'une richesse qui me pousse à lire plusieurs fois ce texte.
J'apprécie particulièrement le passage : "Comme un angelot qui cauchemarde..."
Une fin magnifique et émouvante.
Il y a presque dix ans, mon père s'éteignait. Et pourtant, une petite lumière demeure, peut être ces brandons dont tu parles et qui restent à répandre leur chaleur, tout doux dans l'obscurité.

Maître Nombre de messages : 1790 Date d'inscription : 08/07/2007

"Par l’écriture, consumer toutes les dépouilles."

C'est ça!

Je suis heureuse que tu sois parmi nous.

Maître Nombre de messages : 1339 Age : 59 Date d'inscription : 11/12/2008

Encore un texte magnifique, qui souffle le froid, le chaud.
"Il faut courir, ne pas être effrayé par ces couloirs sans murs"... Phrase bien douloureuse, terrifiante !
Et "l'hôtel de la Chute des Soleils" , où peut-on le trouver, cela me turlupine ?
Je me demandais à quoi me faisaient penser tes textes (je suis très "visuelle"), et j'ai trouver un début, début parce que forcément réducteur : un mélange de Bilal et de Jeunet/Caro à leurs débuts. Une imagination débordante, sombre mais rayée de lumière et d'absurde intelligent.

Maître Nombre de messages : 1290 Date d'inscription : 11/07/2007

j'ai aimé la course labyrinthe des mots dans leur voyage onirique.

Prêcheur Nombre de messages : 937 Date d'inscription : 28/09/2007

Il y a tout ce que j'aime dans ce poème, cette atmosphère étrange, onirique avec des images délicates et surréalistes.
J'aime autant la forme que le fond.

"« Montrez-moi le chemin vers la maison, mais ne me dites pas où nous allons »…"

et puis tirer les cordes du temps afin d’en faire sonner les plus lourdes cloches."

Trés belle image mais j'aurais inversé
tirer les cordes du temps afin de faire sonner les cloches plus lourdes."

ah et puis cette dernière strophe sans parler du nom de l'hôtel, magnifique

"Brasier,
Des brandons virevoltent puis s’endorment sur un baiser.
Il n’est plus de différence entre le ciel d’avant
et l’infinité de nos visages."

Bienvenue Jadis

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